Tunisie Valeurs, intermédiaire en Bourse, a publié, récemment, une analyse sur la conjoncture économique mondiale et nationale avant de tirer des conclusions sur la situation de notre économie.
Pour ce qui est de la conjoncture économique nationale, la situation est mitigée. Malgré le ralentissement des perspectives de croissance en 2019, les indicateurs économiques de la Tunisie affichent un certain redressement, l’année écoulée, avec la décélération de l’inflation, le repli du déficit budgétaire, la reprise graduelle du tourisme et l’amélioration relative des équilibres extérieurs, reflétée dans la consolidation des réserves en devises et dans l’appréciation du dinar.
Sur le plan des finances publiques, la situation reste délicate malgré la tendance baissière du déficit budgétaire. L’affaiblissement de la croissance économique rend l’objectif de convergence vers un déficit de -3% en 2020 difficile à atteindre.
On a constaté, cependant, un ralentissement de la croissance économique. L’activité économique a nettement ralenti en 2019. La croissance s’est établie à 1% au terme de l’année (contre 2,7% en 2018) soit un niveau en deçà des attentes du gouvernement (un taux de 1,4%) et du FMI (1,5%).
Contreperformances des industries manufacturières
Cette faible évolution trouve son origine dans les contreperformances des industries manufacturières, notamment des secteurs textiles et des industries mécaniques et électriques et non manufacturières, notamment les activités d’extraction du pétrole et du gaz naturel. En 2020, le gouvernement espère réaliser une croissance de 2,7% contre des projections de 2,4% pour le FMI grâce à une amélioration prévue de l’activité agricole avec une bonne récolte d’huile d’olive en 2020 et à la reprise des industries non manufacturières (augmentation de la production du phosphate et entrée en exploitation du champ Nawara et Halk El Menzel). Le démarrage tant attendu du champ Nawara devrait générer 1% de croissance au niveau du PIB et couvrir 50% du déficit énergétique de la Tunisie selon les estimations gouvernementales.
Tunisie Valeurs estime qu’il est difficile de se prononcer d’une manière chiffrée sur les conséquences économiques de la propagation de l’épidémie du coronavirus dans le monde sur la Tunisie. Mais, vu les prémices de tassement de la demande mondiale, les conséquences de cette épidémie seront globalement néfastes.
Aussi, l’inflation a connu une tendance résolument baissière en 2019, s’établissant à 6,7% en moyenne, contre un niveau moyen de 7,3% en 2018. Cette baisse résulte du resserrement de la politique monétaire (relèvement du taux directeur de 100 points de base, en février 2019) et de l’appréciation du dinar face aux principales devises.
Prix en augmentation
En dépit de la décélération des prix, la BCT considère que l’inflation sous-jacente reste à des niveaux élevés. L’institut d’émission reste vigilant quant à l’évolution des prix au cours de la période à venir. Les dernières prévisions de l’autorité monétaire laissent entrevoir une poursuite de cette graduelle détente du rythme de progression des prix à la consommation dans les années à venir. Elles tablent sur un taux d’inflation moyen de 5,3% en 2020 et 2021.
Sur un autre plan, les échanges extérieurs ont dégagé, en 2019, un déficit commercial de 19,4 milliards de dinars après 19 milliards en 2018. Le déficit de la balance énergétique, s’est accentué en 2019 à environ 7,8 milliards de dinars, ce qui représente 40% du déficit commercial. Hors énergie, le déficit de la balance commerciale s’est rétréci légèrement, en s’établissant à 11,7 milliards de dinars contre 12,9 milliards de dinars en 2018.
Selon l’avis de Tunisie Valeurs, l’analyse de l’évolution des exportations et des importations soulève deux constats inquiétants dont un essoufflement des exportations. En effet, les recettes d’exportation se sont élevées, en 2019, à 43,9 milliards de dinars contre 41 milliards de dinars en 2018. Cette légère amélioration s’explique essentiellement par la hausse des prix à l’export. En termes réels, les exportations ont accusé, en 2019, une baisse marquante de -5%.
La ventilation sectorielle des exportations en volume fait apparaître une baisse quasi généralisée quoiqu’à des degrés différents. Le premier secteur exportateur, à savoir les industries des industries mécaniques et électriques (IME), qui représentent 44% du total des exportations en 2019, a enregistré une baisse du volume de ses exportations de -2,4%. Cette contreperformance s’explique, notamment, par les retombées du ralentissement du secteur automobile dans la Zone Euro depuis mi-2018.
Régression de la production
Le secteur des industries du textile, qui représente 20,5% du total des exportations, n’a pas été épargné par les répercussions de la régression de la production dans la Zone Euro. Il a affiché, un net repli du volume de ses exportations, en 2019, de -6,2% après une hausse de 2,5% en 2018. Compte tenu de ces contreperformances, la montée dans les chaînes de valeurs s’érige comme une nécessité absolue pour l’économie tunisienne.
La baisse des importations des matières premières et intrants a été également mise en exergue. Les dépenses d’importation ont franchi la barre des 63 milliards de dinars en 2019, en progression de 5,4% par rapport aux réalisations de 2018, soutenues par la hausse des prix à l’import (15,8% après 18,8% en 2018). Hors effet prix, les importations en volume se sont contractées de -9% contre une hausse de 1% en 2018. Mis à part le secteur de l’énergie, tous les secteurs d’activités économiques ont affiché, en 2019, des baisses du volume de leurs importations.
La BCT signale que la baisse des importations de matières premières et d’intrants pour le secteur productif est inquiétante et ne présage pas d’une reprise rapide de l’activité. Un constat corroboré par l’indice de la production industrielle publié par l’INS. Selon l’institut, la production industrielle en Tunisie a enregistré une quasi-stagnation en 2019, et ce, pour la deuxième année consécutive.
Du côté de la balance courante, l’amélioration des recettes du tourisme (1,8 milliard d’euros, en 2019, soit le montant le plus élevé depuis 2010) et la hausse des revenus du travail (+14% à 1,5 milliard d’euros) ont compensé, partiellement, l’impact du creusement du déficit commercial sur le solde des opérations courantes et sur les réserves de change.
Ainsi, le solde courant s’est établi à -10 milliards de dinars (ou -8,8% du PIB) après avoir atteint un record historique de -11,7 milliards (ou -11,1% du PIB) en 2018. Hors énergie, le solde courant s’est mieux comporté comparativement aux années antérieures avec seulement -2% du PIB, contre une moyenne de -5,3% pour la période comprise entre 2011-2018.
Quant aux réserves de change, elles se sont significativement consolidées en 2019, effleurant 7 milliards de dollars américains (ou 111 jours d’importation), et ce, après trois ans de baisses continues. Depuis mars 2019, le marché des changes a fonctionné dans des conditions relativement apaisées qui ont permis au dinar de gagner en résilience, s’appréciant de 8% face à l’euro et de 7% par rapport à la devise américaine, sur toute l’année 2019.