Accueil Culture Portrait Chahrazed Fekih, artiste visuelle : Un univers graphique subtil et poétique

Portrait Chahrazed Fekih, artiste visuelle : Un univers graphique subtil et poétique


«Mon rapport à la création fonctionne en vase communicant: avec une partie très intuitive et une partie structurante de la pensée. Cette structure va me permettre de créer mon protocole de travail dans le but d’exprimer mes intuitions et mes idées créatives».


Elle a présenté, récemment, une série d’œuvres dans l’exposition de groupe «Silhouettes» à la galerie Alexandre Roubtzoff et continue d’exposer, jusqu’à demain 15 mars, dans le cadre de l’exposition caritative Solid’art 2020. Chahrazed Fekih s’impose et en impose avec un univers graphique unique, subtil et poétique. Pour elle, l’art est un moyen de «s’exprimer à travers des médiums différents, c’est un mode d’expression, un langage, une nécessité intérieure».Portrait

Née à Bekalta en 1979, Chahrazed Fekih vit et travaille à Tunis. Elle a entamé des études d’arts plastiques à Sfax et les a poursuivies à Tunis, pour finir par les enseigner en 2002 dans un lycée puis à partir de 2006 à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis et après dans celui de Sousse.
En parallèle, elle a, progressivement, investi le champ de la pratique artistique en s’essayant à l’acrylique, à l’aquarelle mais surtout le dessin. Elle commence à exposer en 2002 et depuis ne cesse de prendre part à des expositions collectives et autres manifestations en Tunisie et ailleurs.
Le dessin qu’elle a su explorer et appliquer sous différents angles et autres manières est l’élément principal de sa démarche. «Je suis attirée par le dessin depuis mon enfance. Je dessinais énormément, je pouvais passer des heures devant une pile de feuilles de papier à reproduire des portraits», note-t-elle.

L’artiste dit s’inspirer de la nature, des plantes, des insectes. D’ailleurs le papillon est très présent dans son œuvre.
Ses coups de crayon (et autres) et ses jeux de valeurs à l’encre noire donnent naissance à des traits subtilement entremêlés et confondus qui viennent constituer ou agrémenter des figures humaines (ou anthropomorphes) et autres fragments anatomiques et vasculaires nourris par des liaisons et autres agencements de lignes. Il se dégage une douce mélancolie de ses œuvres aux jeux de symétries et autres parallélismes, de ses figures et de ses corps «étranges» tout droit sortis d’un film de science-fiction. D’ailleurs l’artiste dit se passionner pour ce genre cinématographique.

Les thématiques du portrait et du corps humain ont émergé chez Chahrazed Fekih dès qu’elle a commencé à dessiner. Et cela continue à abreuver son œuvre.
«En 2017, j’ai travaillé sur une série de portraits intitulée «fake faces» où je m’interrogeais sur la notion de symétrie/asymétrie. Dans la symétrie il y a quelque chose d’hypnotique. Voir deux images semblables et inversées éveille une résonance très intime», note-t-elle et d’ajouter : «Au-delà de la simple symétrie de l’image on peut trouver aussi une réflexion sur les questions du double (double sens/double lecture/double vision), de la contemplation, de l’éternel recommencement ou encore de l’infini».
L’artiste s’interroge aussi sur les questions de l’identité, du soi, de la personnalité… «Le dogme de l’excellence, de l’autonomie ou de la consommation sont autant d’éléments perturbateurs qui ont conduit l’individu à développer un profond narcissisme.», souligne-t-elle dans ce sens.
«En 2019, j’ai réalisé un projet intitulé “chrysalide” où j’aborde le concept de métamorphose et de la transformation.

Dans ce projet, je mets en question ce que l’art peut dissimuler du réel et ce qu’il peut simuler, ce qu’il peut dévoiler, permettre de comprendre, d’éclaircir ou au contraire recouvrir ou obscurcir, enfin ce qu’il peut révéler comme potentiel poétique dans des dispositifs techniques».
Techniquement, Chahrazed travaille avec un fil et toujours avec l’encre noire.»Je ne sais pas pourquoi, peut-être que c’est une nécessité intérieure et aussi par rapport à la sensibilité de la ligne qui m’intéresse beaucoup», explique-t-elle.

Fuyant la monotonie et les habitudes dans son travail, elle affirme que son rapport à la création fonctionne en vase communicant: «Une partie très intuitive et une partie structurante de la pensée. Cette structure va me permettre de créer mon protocole de travail dans le but d’exprimer mes intuitions et mes idées créatives. Ainsi, à chaque idée, mes habitudes changent, pour ainsi dire ! En revanche, j’ai un rituel : j’écoute toujours de la musique en travaillant».
Ses inspirations outre la nature, elle les puise dans la littérature et la poésie entre autres dans l’univers de Gibran Khalil Gibran et la poésie arabe classique qui, comme elle le note, l’influence beaucoup. Elle admire le travail de Jérôme Bosch, Bruegel, Greuze, Le Brun et Rembrandt. Pour ce qui est de la période contemporaine, elle s’intéresse aux dessins d’Ernest Pignon-Ernest et se sent très proche de l’univers de Tomas Saraceno. Bon vent l’artiste!

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