FINALEMENT, il a fallu que les terroristes reviennent à la charge et accomplissent leur lâche attentat aux Berges du Lac qui s’est soldé par le martyre du lieutenant Taoufik Missaoui et la blessure de quatre agents de sécurité et d’une citoyenne pour que le projet de loi sur la protection des agents de sécurité dormant depuis 2015 dans les tiroirs du Parlement revienne au-devant de l’actualité et pour que le gouvernement actuel demande aux députés son examen en urgence. Et au-delà de la polémique suscitée en 2015 à propos de l’appellation officielle du projet de loi et des différentes positions exprimées par les organisations de la société civile dénonçant, à l’époque, le caractère répressif de plusieurs articles composant le projet de loi en question ainsi que la crainte de voir les libertés individuelles et les droits de l’Homme bafoués dans la foulée de la lutte contre le terroristes, l’essentiel est, aujourd’hui, de penser ensemble — comme l’ont révélé, hier, les interventions devant la commission parlementaire de législation générale — les meilleurs moyens de combler les lacunes contenues dans le projet de loi initial et de concevoir un texte qui concilie, à la fois, préservation de la sécurité publique, protection juridique des agents de sécurité lors de l’accomplissement de leurs fonctions sur le terrain, sauvegarde des intérêts de leurs familles au cas où ils consentiraient le sacrifice suprême et aussi préservation des libertés individuelles et respect scrupuleux des droits de l’Homme, loin de toute propension ou tendance à considérer que les attentats terroristes autorisent les dérives ou les dépassements à l’encontre de leurs auteurs, dont les crimes sont jugés uniquement et exclusivement par une justice libre et indépendante.
Hier, les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense ont eu le courage de reconnaître qu’il existe effectivement certaines lacunes dans la version initiale du projet de loi, estimant, en effet, que «le contexte dudit projet de loi a changé et que les lacunes y figurant doivent être réexaminées».
Le ton général qui a caractérisé les observations introduites par Mme Thouraya Jeribi et MM. Hichem Mechichi et Imed Hazgui a révélé une volonté commune d’écouter attentivement les apports des représentants de la société civile et de leur accorder la considération qu’ils méritent, la finalité étant de parvenir à «la meilleure adéquation possible entre la protection des droits et des libertés et la répression des atteintes dont sont victimes les forces porteuses d’armes».
La ministre de la Justice exprime clairement sa conviction intime qu’un tel objectif est réalisable en soulignant explicitement : «Il n’est pas impossible de le faire».