Durant les deux premiers mois de l’année 2020, le déficit commercial de la Tunisie a atteint 2319 MD, contre 2462,4 MD enregistrés au cours de la même période de l’année 2019.
Du travail reste encore à faire par les structures d’appui, l’administration et les exportateurs pour prospecter de nouveaux marchés et exporter plus de produits vers les diverses destinations, et ce, dans le but de réduire le déficit de la balance commerciale qui ne cesse de s’aggraver. En effet, la récession de la demande mondiale a eu un effet négatif sur les échanges commerciaux de la Tunisie qui importe aussi une grande partie de ses besoins de l’étranger. Il est nécessaire également de rationaliser les importations en évitant d’importer des produits dits de luxe ou superflus, et ce, pour économiser un tant soit peu nos devises dont le volume est limité.
Selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (INS), les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants ont baissé à l’export de 1,5% contre une hausse de 16,7% durant les deux mois de l’année 2019 et de 2,5% à l’import contre une hausse de 15,4% au cours de la même période de l’année dernière. Les exportations ont atteint le niveau de 7606,8 MD contre 7719,4 MD durant la même période de l’année 2019. En valeur, les importations ont atteint 9925,8 MD, contre 10181,8 MD durant la même période de l’année 2019.
Des problèmes à résoudre
Les faiblesses souvent annoncées par les exportateurs pour la prospection de nouveaux marchés ont trait notamment au transport et à la logistique. Certaines destinations ne sont pas, en effet, desservies par le transport aérien ni maritime tunisiens. En outre, le coût du transport est élevé, ce qui pénalise les exportateurs avant même d’embarquer la marchandise vers le pays ciblé. Le marché africain, qui est sous-exploité, n’est pas bien desservi par les moyens de transports nationaux. Malgré cette situation fragile, l’Assemblée des représentants du peuple n’a pas jugé utile d’approuver la convention de la zone de libre échange continentale avec l’Afrique (Zleca). Une source parlementaire nous apprend que le projet de loi relatif à cette convention pourrait être présenté de nouveau à la séance plénière.
En attendant, l’évolution enregistrée au niveau des exportations (-1,5%) et des importations (- 2,5%) a causé un déficit commercial de 2319 MD contre 2462,4 MD, durant les deux mois de l’année 2019. Le taux de couverture a gagné 0,8 point par rapport à la même période de l’année 2019 pour s’établir à 76,6% contre 75,8% une année auparavant. On a constaté que les exportations tunisiennes ne sont pas assez diversifiées se limitant, par exemple, pour ce qui est des produits alimentaires à l’huile d’olive. Si la campagne est modeste, elle se répercutera sur les exportations du secteur et, partant, sur la balance commerciale. D’où la nécessité de diversifier les produits exportables en misant sur ceux qui ont une valeur ajoutée élevée dans le secteur de l’industrie. Pour ce faire, l’encouragement des activités recherche-développement est indispensable en améliorant l’aspect matériel des chercheurs et en mettant les résultats de la recherche à la disposition du système productif. Les partenariats entre les industriels tunisiens et leurs homologues étrangers peuvent être bénéfiques aussi pour l’économie tunisienne et les exportations.
Régime off-shore : baisse inquiétante
Par ailleurs, la répartition des échanges par régime montre que les exportations sous le régime offshore ont enregistré une baisse de 1,6%, contre +17,6% durant les deux mois de l’année 2019. Les importations ont enregistré sous ce régime une baisse de 2,2%, contre +11,9% durant la même période en 2019. Sous le régime général, les exportations ont enregistré une baisse de 1,1 %, contre +14,6% durant les deux mois de l’année 2019. De même, les importations enregistrent une baisse de 2,6%, contre +17,2% durant la même période en 2019, souligne l’INS. La diminution observée au niveau de l’exportation (-1,5%) durant les deux mois de l’année 2020 concerne plusieurs secteurs.
L’énergie a enregistré une baisse de -26,1%, celui du textile/ habillement et cuirs de -4,1%, celui des mines, phosphates et dérivés de -1,1%. En revanche, le secteur de l’agriculture et des industries agro-alimentaires a enregistré des exportations en hausse de +16,2%, suite à l’augmentation de nos ventes d’huile d’olive (371,9 MD contre 288,6 MD). De même, les exportations des industries mécaniques et électriques sont en légère hausse de 0,6%.
L’Union européenne accapare, à elle seule, une bonne partie de nos exportations et de nos importations. Ce partenaire avec qui nos relations commerciales datent depuis l’indépendance offre encore plusieurs opportunités aux exportateurs tunisiens. Mais en cas de récession européenne, la balance commerciale connaîtrait un déficit flagrant. C’est pour cela qu’il est recommandé de prospecter de nouveaux marchés en Afrique, en Asie et en Amérique. La baisse des importations de 2,5%, l’INS l’explique essentiellement par la baisse enregistrée au niveau des importations des biens d’équipement de -11,5%, des matières premières et demi-produits de -6,3% et des biens de consommation de -3,6% constituent de bons indicateurs à confirmer au cours des mois à venir. Les importations du secteur de l’énergie ont enregistré, quant à elles, une hausse de 20,3% sous l’effet de la hausse de nos achats des produits raffinés d’une valeur de 283,7MD.
Les exportations tunisiennes vers l’Union européenne (71,8% du total des exportations) ont diminué de 5,1%, et ce, suite à la baisse de nos exportations vers certains partenaires européens, tels que la France de 18,2% et l’Allemagne de 4,9%, d’une part et par la hausse de nos ventes vers d’autres pays notamment avec l’Espagne de 37,9 % et l’Italie de 3,4%, d’autre part. Avec les pays arabes, les exportations ont augmenté avec la Libye de 12,6% et avec l’Algérie de 11,2%. En revanche les exportations ont diminué avec l’Egypte de 22,9% et avec le Maroc de 6,3%.