“Ces changements brusques et de grande envergure, dus à la crise sanitaire du coronavirus, indiquent un début d’inversion de tendance au niveau des chaînes d’approvisionnement mondiales même si son amplitude est faible. Les Européens pensent à remodeler les leurs”, a précisé l’universitaire Lotfi Ben Alaya.
Repenser le secteur de la logistique et les chaînes d’approvisionnement était l’objet de la 2ème séance Afterwork organisée, récemment, par Conect International. Lors d’un séminaire qui a réuni des professionnels du transport des marchandises et des experts de la logistique, il était question de mettre à plat le modèle des chaînes d’approvisionnement en Tunisie.
Dans son intervention, l’enseignant universitaire à l’Ihec de Carthage, Lotfi Ben Alaya, a essayé en premier lieu d’étaler les problématiques mais aussi les opportunités que peut offrir le secteur de l’approvisionnement en Tunisie.
Un risque de rupture de l’approvisionnement
Tout d’abord, l’intervenant a commencé par donner un aperçu sur l’impact de la crise sanitaire du coronavirus sur le secteur du transport et de la logistique à l’échelle mondiale. Une enquête réalisée, au mois de février 2020, par l’institution Bank of America, auprès de 3000 entreprises américaines, a révélé qu’un grand risque de rupture d’approvisionnement plane sur le marché international. Cette étude — souligne l’universitaire — met en relief l’émergence d’un “mouvement tectonique des chaînes d’approvisionnement mondiales”.
La Tunisie n’est pas épargnée, elle aussi, de ce séisme et risque d’observer une interruption d’approvisionnement. “Ces changements brusques et de grande envergure indiquent un début d’inversion de tendance au niveau des chaînes mondiales même si son amplitude est faible. Les Européens pensent à remodeler leurs chaînes d’approvisionnement”, a précisé, dans ce sens, Lotfi Ben Alaya.
Pour la Tunisie, cette conjoncture doit être un point de départ vers un véritable changement des modèles d’approvisionnement. Pourquoi faut-il revoir les chaînes logistiques en Tunisie? Le professeur universitaire évoque deux raisons. La première c’est que le coût logistique est élevé pour les entreprises tunisiennes et constitue 20% du PIB national alors qu’il est de 10% seulement en Europe.
Remodeler les chaînes d’approvisionnement
De plus, le supply management est un secteur pourvoyeur d’emplois qui peut créer plus de 200 mille emplois. Passer, ainsi, d’un modèle désuet à un modèle d’intégration dans la chaîne logistique à travers les logiciels informatiques serait une entreprise salvatrice qui transforme le secteur en l’alignant sur les standards internationaux. “On n’est plus compétitif par rapport à l’ancien modèle qui repose sur la loi 72 et qui mise sur la compétitivité des coûts. Maintenant, c’est les petites séries qui sont en train de gagner du terrain. Les indicateurs sur lesquels on doit travailler, ce n’est plus les coûts mais plutôt le temps: le lead time. Le marché est très volatil. Il faut être réactif”, a-t-il fait savoir.
A cet égard, il a expliqué que le remodelage des chaînes logistiques doit être effectué avec deux objectifs en point de mire, à savoir minimiser les gaspillages dans les chaînes d’approvisionnement et miser sur la valeur ajoutée. “Pour ce faire, il faut analyser l’activité logistique à travers le prisme du lead time. C’est à ce moment-là qu’on peut déceler les activités à valeur ajoutée”, a-t-il souligné. La refonte du secteur nécessite également un développement des infrastructures logistiques, comme les infrastructures d’entreposage, de stockage et post manufacturing. “L’objectif est de passer à un modèle logistique qui peut accrocher les IDE”, a-t-il conclu.