Angela Merkel a décidé dimanche de « se placer immédiatement en quarantaine » à son domicile, d’où elle poursuivra ses activités, après avoir été en contact avec un médecin testé positif au nouveau coronavirus.
La chancelière allemande a fait cette annonce juste après avoir présenté de nouvelles restrictions visant à endiguer l’épidémie de Covid-19, dont l’interdiction de rassemblements de plus de deux personnes.
Mme Merkel a été « informée qu’un médecin qui lui avait administré un vaccin contre des infections à pneumocoque vendredi après-midi était positif » au nouveau coronavirus, a expliqué son porte-parole Steffen Seibert.
La dirigeante allemande, âgée de 65 ans, « fera l’objet d’un test au cours des prochains jours » pour savoir si elle est infectée, a ajouté le porte-parole, pour qui un « test à ce stade ne serait pas concluant » en raison de la période minimum d’incubation.
‘Plus grand défi’
La chancelière, au pouvoir depuis novembre 2005 et qui a prévu de quitter le pouvoir fin 2021 lors des prochaines élections législatives, « poursuivra ses activités officielles en quarantaine à domicile », à Berlin, selon M. Seibert.
Il n’a pas précisé si elle suivrait cette quarantaine dans son appartement privé à la chancellerie ou dans son appartement personnel dans la capitale allemande, près de l’Ile des Musées,
Mme Merkel venait de décider, en visioconférence avec les dirigeants des 16 Etats régionaux allemands, de nouvelles mesures contre l’épidémie de Covid-19, dont l’interdiction des rassemblements de plus de deux personnes et la fermeture de tous les restaurants pour au moins deux semaines dans tout le pays.
Mme Merkel, qui n’a montré aucun symptôme de maladie particulier en se présentant à la presse, a aussi décrit son quotidien depuis la propagation du virus.
« Moi-même, ma vie a changé et consiste principalement en des conférences téléphoniques et des visioconférences », a-t-elle détaillé.
La veille, elle avait été photographiée dans un supermarché berlinois, poussant son caddie qui contenait des bouteilles de vin et du papier-toilette.
L’Allemagne n’a pas décidé pour l’instant de confinement à l’échelon fédéral mais certaines régions, comme la Bavière, l’ont pour leur part adopté.
Dans les espaces publics, une distance minimale de 1,5 mètre devra toutefois être respectée. « Il est très important que la règle de la distance soit respectée, le risque d’infection est réduit dans ce cas-là à presque zéro », a fait valoir Mme Merkel lors de sa conférence de presse.
« C’est comme ça que nous pouvons sauver des vies », a-t-elle souligné.
Tremblements
L’Allemagne comptait dimanche quelque 18.610 cas de contamination et 55 décès, selon l’Institut Robert Koch, chargé de la veille épidémiologique.
Mme Merkel, dans une adresse inédite aux allemands, a jugé mercredi que le nouveau coronavirus constituait pour l’Allemagne « le plus grand défi depuis la Seconde guerre mondiale ».
L’état de santé de Mme Merkel avait suscité en 2019 l’inquiétude après une série de crises de tremblements lors de cérémonies officielles.
Elle était jusque là reconnue pour son endurance et sa force de travail. Victime d’une fracture de l’anneau pelvien en 2013 après une chute à ski de fond, elle avait caché durant des semaines la douleur avant finalement de consulter sous un fausse identité dans un hôpital berlinois.
En cas d’empêchement, elle serait remplacée par le social-démocrate Olaf Scholz, ministre des Finances qui dispose du titre de vice-chancelier de l’actuel gouvernement de coalition avec les conservateurs.
Il serait chargé, selon l’article 69 de la Loi fondamentale, d’expédier les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau chef du gouvernement par le parlement.
Grippé jeudi dernier, il s’était lui-même placé en quarantaine mais a depuis été testé négatif au nouveau coronavirus.
Après les nouvelles restrictions de déplacement dimanche, le gouvernement doit adopter lundi en conseil des ministres un gigantesque plan de soutien économique pour tenter d’atténuer l’impact de l’épidémie.
Il permettra de mobiliser jusqu’à 822 milliards d’euros, avec notamment un Fonds de secours autorisant l’Etat à nationaliser partiellement de grosses entreprises menacées de faillite. Pour cela Berlin, va faire sauter tous ses verrous budgétaires et s’endetter pour la première fois depuis 2013.