Accueil Economie Rencontre avec M. Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des finances : «Avoir une bonne capacité de négociation»

Rencontre avec M. Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des finances : «Avoir une bonne capacité de négociation»

Le taux d’endettement de la Tunisie a connu au cours des dernières années une envolée sans précédent, ce qui alourdit les charges de l’Etat pour les générations actuelles et futures. M. Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre des Finances, nous donne plus de détails à ce sujet. Interview.

Que pensez-vous du taux d’endettement en Tunisie?

Le taux d’endettement est très élevé. Il faut impérativement maîtriser ce taux pour ne pas atteindre la dérive. Une gestion plus rigoureuse des crédits est nécessaire pour assurer les équilibres financiers macroéconomiques et du budget de l’Etat.

La Tunisie peut-elle se passer des crédits octroyés par le FMI?

La coopération avec le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et le Fonds islamique de développement est nécessaire pour les pays émergents comme la Tunisie. Cependant, il est nécessaire d’avoir une bonne capacité de négociation pour pouvoir relever les défis qui se présentent et défendre nos intérêts à ce niveau. Pour améliorer cette capacité, trois conditions sont exigées :

1 – Avoir une force politique au niveau du gouvernement ainsi qu’un soutien politique pour pouvoir mener à bien les négociations avec les bailleurs de fonds qui vont octroyer à la Tunisie le crédit dont elle a besoin.

2 – Avoir une clarté de vision du gouvernement pour savoir où il va exactement et les objectifs qu’il veut atteindre dans le cadre de sa politique et les finances qu’il compte obtenir.

3 – Avoir une bonne capacité technique de négociation avec ces bailleurs de fonds pour obtenir les financements nécessaires en défendant les intérêts de la Tunisie à tous les niveaux.

Selon vous, les crédits obtenus depuis 2011, où ont-ils été dépensés?

Il existe des difficultés au niveau du financement. Les crédits contractés sont souvent orientés vers le soutien du budget. C’est un soutien du budget qui est, en effet, fourni grâce à ces crédits octroyés par les bailleurs de fonds mondiaux. Des projet d’envergure ont été également financés par ces crédits comme, à titre d’exemple, le pont de Bizerte. Un audit peut toujours être fait pour connaître les différents projets financés.

L’essentiel est que le budget trouve l’appui nécessaire à travers lesdits financements et que le déficit soit réduit. Telles sont les dépenses consenties depuis 2011. Je plaide pour la réduction de l’appui budgétaire et de s’orienter plutôt vers les investissements dans l’infrastructure et les projets d’envergure pour consolider le climat des affaires tout en créant de nouveaux postes d’emploi et en stimulant l’économie nationale.

Comment peut-on réduire le taux d’endettement au cours des années à venir?

Il faut réduire le taux d’endettement et maîtriser la gestion de celui-ci pour assurer l’équilibre des finances publiques. Il n’est pas acceptable que le pays réalise une croissance de 1% actuellement, alors que le volume du budget avance à un rythme de 5%! Il faut que la croissance du budget soit de zéro en termes réels.

La relance de l’économie et de la croissance ne peut se faire sans une amélioration réelle des revenus de l’Etat. D’où la nécessité d’augmenter la productivité, les exportations tout en évitant la dérive vers un recours effréné à l’endettement

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