L’étude est intitulée «Impact du Covid-19 sur les entreprises tunisiennes» et elle a été réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace).
Suite à la propagation du coronavirus qui a impacté amplement l’activité économique de la Tunisie et a paralysé un important nombre d’entreprises, l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) vient de réaliser une enquête pour mesurer l’impact de cette crise sanitaire sur les entreprises. Suite au confinement qui a été précédé par des mesures préventives, l’activité économique a été impactée à travers des multiples canaux de transmissions, principalement l’arrêt de la production, la fermeture des points de vente, l’arrêt de recouvrement interentreprises, ainsi que la suspension des opérations du commerce international. Cette enquête a donc pour principal objectif de mesurer l’impact sur l’évolution du chiffre d’affaires des entreprises, de déterminer les différentes retombées de cette crise sur la gestion interne des employés (licenciement, gestion des salaires…). Elle vise également à définir les différentes mesures économiques jugées indispensables par les chefs d’entreprise et à relever les nouvelles méthodes de travail adoptées par les entreprises. Cette enquête sert aussi à mesurer la perception des chefs d’entreprise vis-à-vis la durée de la pandémie, et de leur secteur d’activité. Pour ce qui est de l’impact de l’épidémie sur l’activité économique, plus de trois quarts des chefs d’entreprise interrogés ont jugés leurs activités impactées. Ainsi 81 % de sondés considèrent leurs activités touchées. Par secteur d’activité ; 85,11% des entreprises industrielles, 69,23% du secteur du bâtiment, 76% des entreprises de commerce, 78,79% des services rattachés aux entreprises et 90,9% des services liés aux particuliers se trouvent touchés par la crise sanitaire.
Chiffre d’affaires impacté
Pour ce qui est de l’impact du «Covid-19» sur le chiffre d’affaires des entreprises, et selon les réponses des chefs d’entreprise, la crise sanitaire impactera négativement le chiffre d’affaires des 96% des entreprises interrogées. Pour ce qui est de l’impact du «Covid-19» sur les prix et pour mieux comprendre l’impact de la pandémie sur l’activité de chaque entreprise, l’enquête de l’Iace a mesuré trois volets, à savoir l’évolution des prix des produits et des services durant la période de la crise, la demande et l’approvisionnement. Les résultats montrent que la perception des chefs d’entreprise quant à l’évolution des prix diffère d’un secteur à un autre. 40,43% des industriels estiment que les prix ont augmenté, alors que 61,54% des opérateurs dans le secteur du bâtiment trouvent que les prix ont diminué. Pour les opérateurs du secteur du commerce, 56% estiment que les prix en cette période de crise ont augmenté. Au niveau de la demande, la plupart des chefs d’entreprise, quel que soit leur secteur d’activité, s’attendent à une diminution de la demande suite à la crise sanitaire (80,9% pour les services, 84,6% pour le bâtiment, 76% pour le commerce, 90,9% pour les services liés aux entreprises, 81,8% pour les services liés aux particuliers). Du côté de l’approvisionnement, il a été demandé aux chefs d’entreprise, dans le cadre de cette enquête, s’ils peuvent estimer l’impact du coronavirus sur l’approvisionnement auprès des fournisseurs.
Les résultats ont montré que, tout comme pour la demande, une diminution de l’approvisionnement est prévue par la plupart des chefs d’entreprise, tous secteurs confondus (services aux particuliers et services aux entreprises -81,8%, industrie -78,7%, commerce -68%, bâtiment -61,5%). Cette enquête s’est également intéressée à l’impact du «Covid-19» sur la gestion interne de l’entreprise, et ce, aussi bien pour la gestion des employés que pour l’impact sur la productivité.
Des tensions sur la trésorerie
Comme partout dans le monde, les entreprises sont confrontées à plusieurs défis, afin de surmonter cette crise pandémique, ou du moins limiter les dégâts résultant de la propagation du virus. C’est dans ce contexte que l’Iace a demandé aux chefs d’entreprise de classer les principales conséquences outre que la diminution du chiffres d’affaires selon l’ordre d’importance. Les résultats sont comme suit : la première crainte des chefs d’entreprise était la tension sur la trésorerie, ensuite le chômage partiel, puis le risque de fermeture, suivi par le report des investissements. Plusieurs autres répercussions ont été citées par les chefs d’entreprise, telles que le retard, voire l’incapacité de la réalisation des objectifs, l’incapacité de couvrir les crédits et autres charges, les difficultés à honorer tous les engagements, la réduction du nombre de salariés, l’arrêt total de l’activité. Cette même enquête a fait ressortir que plusieurs autres entreprises ont opté pour d’autres méthodes de travail afin de minimiser les risques causés par le Covid-19. 67,51% ont opté pour des nouvelles méthodes de travail, 38,46% pour le travail partiel, 26,91% pour le télétravail, alors que 32,06% n’ont pas trouvé de nouvelles méthodes.
Malgré que plus que la moitié des chefs d’entreprise interrogés aient opté pour des nouvelles méthodes de travail, tel que le travail partiel et le télétravail, la plupart de ces derniers, 55,12%, pensent que cette nouvelle mesure prise aura un impact négatif sur la productivité des employés. Dans ce même contexte, il a été demandé aux chefs d’entreprise le pourcentage de postes d’emploi impactés par la crise (chômage technique ou suppression) et les réponses sont comme suit : plus que la moitié des chefs d’entreprise (61%) interrogés déclarent qu’il est probable ou fort probable de passer au chômage technique, voire à la suppression de postes d’emploi.
44,44% ont prévu un salaire intégral
Du côté de la gestion des salaires, il a été demandé aux chefs d’entreprise s’ils ont prévu une gestion des salaires, et les réponses étaient réparties comme suit : pour les petites entreprises 44,44% ont prévu un salaire intégral, 86% des moyennes entreprises et 93,33% pour les grandes entreprises.
Aussi, et pour mieux comprendre le déroulement de la vie économique durant ces temps de crise sanitaire et la situation actuelle des entreprises, il a été demandé aux chefs d’entreprise s’ils sont confrontés à des difficultés financières et des perturbations d’approvisionnement, et s’ils ont annulé des commandes d’exportation au cours du mois du mars. Les résultats montrent que 66,67% ont des difficultés financières et 80,12% vivent des perturbations de leurs chaînes d’approvisionnement. Ce sont les entreprises opérant dans le secteur de l’industrie, viennent ensuite celles opérant dans le domaine du commerce qui sont les plus touchées relativement par la perturbation des chaînes d’approvisionnement, 44,23% des entreprises ont annulé des commandes pour l’exportation.
Pour ce qui est des solutions d’accompagnement à mettre en place par le gouvernement, plusieurs suggestions ont été faites. Il s’agit de la flexibilité des autorités fiscales et financières, l’étalement de dettes bancaires, la réduction des cotisations patronales et indemnités de maladies, l’étalement des charges…
Pour ce qui est de la perception des chefs d’entreprise vis-à-vis de l’impact de la crise du Covid-19 dans les prochains mois, 78% des chefs d’entreprise interrogés estiment que la propagation du virus en Tunisie durera entre 3 et 6 mois, 96,7% d’entre eux craignent un impact négatif plus important de l’épidémie sur leur activité dans les six mois à venir et 88,8% des chefs d’entreprise interrogés craignent un impact négatif plus important de l’épidémie sur leur activité dans les douze mois à venir.