Accueil A la une Les sièges des délégations et les bureaux de poste pris d’assaut: On brave les consignes à cause des aides

Les sièges des délégations et les bureaux de poste pris d’assaut: On brave les consignes à cause des aides

Les interminables queues désordonnées  devant les sièges des délégations et les bureaux de poste et des copies de carte d’identité jonchant  le sol et marquant le  dédain imprégné d’indifférence de certains décideurs à l’égard de la misère des autres,  sont venus stigmatiser des décisions à la va-vite sur fond de crise entre les deux pouvoirs – central et local – et une  coordination interinstitutionnelle grippée et toujours mise à rude épreuve. Mais ce qui est encore plus grave  et ne manquera pas d’avoir des incidences négatives, c’est le non-respect des mesures de confinement sanitaire obligatoire et le grand risque de faire saper les efforts entrepris pour faire face comme il se doit à la propagation rapide du coronavirus dans le pays durant cette étape cruciale .

Attention à la grogne sociale !

Trois délégués ont déjà payé cash le prix  et ont été démis de leurs fonctions, selon un communiqué rendu public ce vendredi 3 avril par le ministère de l’Intérieur. C’est que le risque de basculer dans une grave situation marquée par la déstabilisation en raison de la grogne sociale qui ne cesse de monter dans les milieux des démunis est à prendre avec le plus grand sérieux d’autant plus que la pauvreté touche 1.7 million de Tunisiens selon les statistiques publiées par l’INS en 2018.

Trois cent mille vivent sous le seuil de pauvreté, ajoute la même source. Mais quand les citoyens issus des  quartiers populaires, notamment dans le Grand Tunis  où le coronavirus a frappé le plus (238 contaminations à ce jour) et où la densité par habitant est la plus élevée, se mettent à crier famine pour se plaindre du manque non seulement de nourriture, c’est que rien ne va plus. Le temps n’est pas  à une gestion de crise à la hâte ni aux querelles et conflits politiques et cela risque d’affaiblir la lutte contre le coronavirus.

A Douar Hicher (La Manouba), comme à Makthar (Siliana) ou encore au Kef, les délégués limogés n’ont pas été à la hauteur de l’événement et n’ont pu faire face comme il le faut  à la crise. Il est sûr qu’ils ne peuvent endosser toute la responsabilité de l’échec  mais ils  ont servi de fusible qui doit sauter comme c’est toujours le cas en pareilles occasions.

La vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux relative aux copies de carte d’identité nationale appartenant à des personnes en situation de précarité  découvertes  à proximité du local de Douar Hicher à La Manouba a précipité le limogeage du délégué, Mokthar Gharbi,  en dépit des déclarations de ce dernier qui nie catégoriquement  ces faits et explique que les copies de CIN ont été sciemment dérobées et jetées  dans ce lieu. Le premier délégué au Kef, Aymen Bouhleli, ainsi que le délégué de Makthar, Jalel Jbira, viennent de payer les pots cassés de la gestion des aides.

L’aide financière accordée par le ministère des Affaires sociales suite aux mesures annoncées par le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh ou plutôt les modalités de distribution de ces aides  aux personnes nécessiteuses  nous renvoient aussi à un conflit d’autorité qui traîne depuis l’adoption de la loi organique se rapportant aux collectivités locales et les élections des conseils municipaux.

Repenser les modalités de distribution

On ne peut pas dire que les citoyens sont indisciplinés mais ce sont les modalités de distribution des aides octroyées par l’Etat susceptibles d’éviter aux bénéficiaires les rassemblements devant les sièges des délégations et des bureaux de poste  et donc une éventuelle contamination au coronavirus qui ont fait défaut. Du coup, on voyait ce spectacle accablant et affligeant de personnes entassées les unes sur les autres au moment où le président de la République et le chef du gouvernement appelaient les  citoyens à se conformer au confinement sanitaire obligatoire.

Il va sans dire que le discours du chef du gouvernement annonçant les mesures d’aide sociale a constitué une éclaircie dans la grisaille pour les personnes  nécessiteuses et qui se sont ruées sur les bureaux de poste et les locaux de délégations dans certains gouvernorats, sans une protection aucune, dans l’espoir de retourner avec une somme d’argent.  Ne fallait-il pas œuvrer pour faire baisser d’un cran toutes ces tensions et éviter surtout des moyens de distribution inappropriés et inadaptés à ces classes sociales ? L’aide sociale ne doit aucunement encourager les gens à faire fi de l’état d’urgence, des mesures relatives au confinement sanitaire obligatoire. Attention au retour de manivelle.

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