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Les couloirs de l’espoir

C’est désormais un fait établi. Avec des aéroports qui tournent à vide, un transport aérien qui n’est pas au top de son rendement et des ports désertés, la Tunisie a plus que jamais besoin de revoir sa politique de transport routier intermaghrébin. Alors que l’espace européen a décidé de fermer ses frontières non européennes pour une durée indéterminée, la crise doit être un moment à saisir pour lorgner d’autres marchés économiques qui forment un prolongement naturel de nos frontières terrestres.

Certes, on a accusé beaucoup de retard dans la mise en valeur de nos couloirs terrestres frontaliers, mais pour prendre le virage vert et bien se positionner sur l’échiquier des entités régionales, la Tunisie s’est dotée d’un office des postes frontaliers. Avec dix postes frontaliers avec l’Algérie et deux autres avec la Libye, nous ne pouvons nous permettre le luxe de camper sur des stratégies éculées en termes d’accueil de nos voisins ou de commerce avec eux. En effet, depuis longtemps, des millions de voyageurs tunisiens et maghrébins transitent par nos frontières terrestres. Au grand dam de ces voyageurs et commerçants, les conditions d’accueil sont déplorables. Elles ont été maintes fois pointées du doigt. C’est pourquoi les députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont adopté hier le projet de loi relatif au transfert des propriétés, des droits et des engagements de l’Etat relatifs aux postes frontaliers terrestres à l’Office national des postes frontaliers terrestres (Onpft). Cette décision dotera l’Onpft  du feu sacré pour relever les défis des mutations qui s’imposent. En effet, il n’est plus acceptable d’évoluer constamment dans le chaos. Il est aussi temps de se mettre au parfum des destinations performantes, de mettre en avant les atouts de notre pays pour bien gérer ces postes et réaliser des investissements comme la création de zones de commerce et de services qui vont profiter aux régions situées aux frontières terrestres. 

Reste à savoir aller vite en besogne pour réaliser les objectifs escomptés rapidement. Car après le déconfinement et la fin de la pandémie, les flux en provenance des pays maghrébins reprendront naturellement et compenseront en partie le déficit enregistré par la Tunisie au plan européen. Sans ces millions de visiteurs maghrébins, le tassement signalé au niveau des marchés européens fera caler notre industrie touristique et nos échanges commerciaux. En effet, bon an mal an, la Tunisie reçoit près de 4 millions de visiteurs maghrébins, ce qui offre à notre économie une bouffée d’oxygène. Si la Tunisie parvient à tirer parti de ce potentiel exceptionnel et développer de nouvelles formes d’accueil avec une offre plus séduisante et une nouvelle redéfinition du confort et des arguments solides de vente à même d’opérer un repositionnement de la destination sur les principaux pays émetteurs, à savoir l’Algérie et la Libye, l’embellie sera titanesque, outre le fait qu’elle va améliorer les indicateurs et ratios économiques. Elle permettra de réaffirmer également la considération et le rayonnement de notre pays dans l’espace maghrébin.

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