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Les autorités algériennes, tunisiennes et marocaines ont annoncé ce week-end la prolongation des mesures de confinement mises en place pour freiner la propagation de l’épidémie du nouveau coronavirus, respectivement jusqu’au 29 avril, jusqu’au 3 mai et jusqu’au 20 mai.
Ainsi, avec seulement 7 cas positifs, dont 6 guéris et un mort (d’après les statistiques officielles), la Mauritanie envisage un début de déconfinement la semaine prochaine, coïncidant avec l’entrée du mois du Ramadan.
Et à l’autre bout du Grand Maghreb, dans une Libye déchirée par une guerre civile, la situation de la pandémie demeure un peu floue avec seulement 51 cas de contamination, dont 11 rémissions et un mort, selon les chiffres officiels du 20/04/2020.
Si dans les zones contrôlées par le Gouvernement d’union nationale (GNA), dont la capitale Tripoli, les habitants de l’Ouest du pays vivent au rythme d’un confinement général de dix jours, depuis le vendredi 17 avril; dans l’Est, sous contrôle des forces du maréchal Haftar, la vie poursuit son rythme normalement.
Mais tout porte à croire qu’à l’image de Nouakchott, avec l’arrivée du mois du jeûne et de la piété, les mesures de confinement ne seront probablement pas renouvelés au delà du 26 avril.
En s’appuyant sur les chiffres officiels, certes la situation pandémique en Libye et en Mauritanie ne sont guère alarmants et ne justifient pas le recours au confinement, mais pour ce qui est de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, ça se discute.
En effet, avec 2.718 personnes testées positives, dont 384 décès et 1.099 guérisons, selon le site worldometers.info (WM), l’Algérie est le pays d’Afrique qui déplore le plus grand nombre de décès devant l’Egypte, le Maroc et l’Afrique du Sud.
Et l’idée d’un déconfinement lent ou partiel à partir du 30 avril semble surréaliste voire même à hauts risques.
Il faut dire que le pays n’a pas encore entrevu la lumière au bout du tunnel et la propagation du virus poursuit son rythmé effréné.
Pis encore, à l’image de la Tunisie, le pays de l’Emir Abdelkader essaye tant bien que mal à mettre en place un stock masques de protection capable d’assurer la protection de ses 44 millions d’habitants.
Selon, le ministre algérien de la Santé, Abdelghani Benbouzid, le nombre de masques (disponibles au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) ou des hôpitaux) est estimé actuellement à 25 millions en plus de 900.000 autres pour les professionnels de la santé. Et l’Algérie attend, avant le 10 mai prochain, l’arrivée d’autres quantités, commandées à des fournisseurs étrangers.
Et qui dit déconfinement, dit aussi tests de dépistage. Or, toujours, d’après M. Benbouzid, les autorités algériennes disposent actuellement de 215.000 tests PCR ainsi que 36.000 tests PCR rapides. Insuffisant !
En revanche, dans le royaume chérifien, malgré 2.990 cas, dont 143 morts et 340 rémissions, toujours selon les données publiées hier par WM, les autorités marocaines donnent l’impression de gérer la crise mieux que ses voisins.
Après avoir sécurisé une production locale de masques de protection, le royaume rend son port obligatoire pour tout déplacement. Et le pays prévoit d’augmenter la production quotidienne de masques faciaux « aux normes internationales et certifiés auprès de l’Institut marocain de normalisation (IMANOR)» en passant de 3 millions actuellement à près de 6 millions la semaine prochaine, a déclaré Taoufiq Moucharraf le porte-parole du ministère de l’industrie à l’agence Reuters.
Vendus dans les commerces de proximité (pas moins de 70.000 points de vente) par paquet de 10 au prix modique d’environ 0,07 euros, grâce à des subventions du Fonds spécial d’urgence (3 milliards d’euros) initié par le roi S.M Mohamed VI, abondé par l’Etat et par des donations, selon le ministère de l’Industrie.
Mieux encore, l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) affirme qu’ « une fois le besoin du Maroc couvert », l’industrie locale devrait orienter « une partie de ses capacités de production à l’export ».
D’autre part, outre l’effort titanesque des usines de textile reconvertis pour la confection de masques, « pas moins de 500 respirateurs artificiels, 100 % « Made in Morocco », sont en cours de fabrication sur les chaînes de la Société d’étude et de réalisation mécanique de précision (SERMP, filiale du groupe « Le Piston » français, qui fabrique depuis 2005 des ensembles mécaniques aéronautiques-Ndlr). », lit-on chez nos confrères de Jeune Afrique. « La conception de ce respirateur est totalement marocaine, de la fabrication du moteur réducteur, aux cartes électroniques, en passant par les autres pièces mécaniques jusqu’à l’assemblage », souligne le jeune directeur de la SERMP, Badre Jaâfar, lors du lancement de la production, en présence du ministre de l’Industrie.
Enfin, à part le dispositif classique des tests PCR, Rabat va orienter sa stratégie de dépistage vers des tests massifs du Covid-19. C’est en tout cas ce que laisse penser la cargaison «d’environ 200.000 testeurs rapides» acheminée par trois avions et importée depuis la Corée du Sud. Il s’agit de «tests rapides et fiables par biocapteurs numériques» livrés, le vendredi 3 avril, au ministère marocain de la Santé, affirme une source gouvernementale au site d’information marocain « Le360 ».
Manifestement, entre une Mauritanie pratiquement épargnée par la pandémie, une Libye dont les bilans sèment beaucoup de doutes sur leur fiabilité, une Tunisie à la traîne en termes de disponibilité de masques de protection et de tests de dépistage et une Algérie durement touchée par le SARS-CoV-2, seul le Maroc semble être le plus armé pour sortir du « lockdown ».