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C’est quoi ce délire ?

Malgré les consignes du confinement général et les effets insoupçonnés d’une récession économique qui pousse bien des consommateurs à réviser leur budget et à resserrer les cordons de leur bourse, le premier jour du mois de Ramadan a été une sorte de top-départ qui s’est  traduit  par une véritable frénésie sur les marchés et les commerces où les consommateurs sollicitent davantage leur portefeuille pour des produits qu’ils ont déjà chez eux.

C’est un nouveau round, après celui provoqué par la décision du couvre-feu, durant lequel les Tunisiens ont fait leurs provisions pour plusieurs jours. Certes cela permettra aux commerçants de repartir de plus belle, après une brève parenthèse d’activité amorphe, mais à quel prix ? Il ne s’agit nullement de blâmer les Tunisiens pour leur excès de passion et d’aventure dans les ronces inextricables de la jungle impitoyable des rayons bien approvisionnés, malgré la grisaille économique et l’humeur maussade des ménages.  Car, désormais, les courses au mois du Ramadan sont bel et bien ancrées dans nos habitudes sociales et constituent, depuis des siècles, une occasion tant attendue pour donner libre cours à ses envies culinaires.

Cependant, nous sommes encore en guerre contre la pandémie, où la distanciation sociale et les gestes barrières sont l’unique arme pour le moment. De ce fait, la violation des mesures de confinement se fait de plus en plus visible dans les rues. Comme en atteste le premier jour du Ramadan. En effet, avant de pouvoir emporter le précieux butin qu’ils ont déniché avec plaisir après avoir joué des coudes, les clients sont obligés de faire la queue   devant les boulangeries, les marchands de fruits et légumes, frôlant à chaque pas le risque d’une contamination. 

Et pour illustrer cette dérive en pleine période où le virus est en train de semer par milliers des vies un peu partout dans le monde et qui vient d’endeuiller les Etats-Unis par plus de trois mille morts en 24 heures, les unités sécuritaires ont procédé au retrait de 52.700 permis de conduire, 53.000 cartes grises, à la saisie de 4.135 véhicules et à l’interpellation de 3.181 individus pour non- respect des consignes du confinement total et ce, du 18 mars au 20 avril.

A l’heure où les chercheurs se disent « très proches d’un vaccin », et que le combat peut être gagné par notre pays, tout relâchement risque de retarder l’inflexion de la courbe des contaminations. Le peuple, qui est capable de jeûner, ne peut-il pas patienter quelques jours encore?

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