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Grands entraîneurs Tunisiens: Ces grands messieurs oubliés !


Quelques noms ont monopolisé la gloire et la mémoire collective, mais bien d’autres ont tant  donné au football tunisien, ont gagné des titres, mais personne ne met en valeur leur mérite. Moncef Melliti, Jamel Bouabssa , Abderrahmane Ben Ezeddine , Ahmed Ammar et Ameur Hizem, entre autres, étaient bel et bien des grands entraîneurs. Petit hommage.

La mémoire footballistique tunisienne nous a appris à classer les entraîneurs selon, en premier lieu (logique), le nombre de titres gagnés. Donc, on a des noms que l’on considère comme de grands entraîneurs, intouchables qui ont cumulé des titres en clubs ou des performances en sélection. Chettali reste, en termes de notoriété spontanée, le plus célèbre, le plus capé. Chettali, pour avoir réussi l’épopée de l’Argentine, en dépit de 4 titres remportés en tant qu’entraineur de l’Etoile, reste sur le piédestal. D’autres noms sont cités également si l’on retient le nombre de titres. Ce n’est pas notre débat. On pense que l’entraîneur compétent n’est pas uniquement celui qui rafle des titres. C’est celui qui change l’attitude technique de ses joueurs, qui produit un beau jeu et réfléchi,et qui permet à l’équipe de dominer même après son départ. Les titres peuvent être imputés à la qualité des joueurs, à la force des dirigeants, à la faiblesse des concurrents. Autant le titre est capital (finalement on est en compétition et le palmarès compte tant), autant aussi les idées de l’entraineur, sa capacité à améliorer les qualités des joueurs, pèsent lourd.

Melliti et Bouabssa, les novateurs

Si des noms sont toujours aux devants de la mémoire, d’autres n’ont pas eu la même chance. Et pourtant, ils ont marqué leurs époques. On ne peut citer tout le monde, mais notre football a vu le passage de grands techniciens, hélas peu médiatisés et écartés d’un système qui ne sert que quelques noms pour des années. Prenons l’exemple de Moncef Melliti. Ce grand monsieur, ex-grand latéral gauche au CSS et en sélection (on le surnommait Cooper en mémoire du grand arrière gauche de Leeds), est un entraîneur, de l’avis des joueurs qui l’ont côtoyé, compétent. Il a marqué son époque avec ce premier titre africain offert à la Tunisie en 1988, quand il entraînait le CAB de Ben Doulat et des Gharbi, Shaiek et Smirani. C’était un fameux exploit pour quelqu’un qui n’appartenait pas à un club de la capitale. Son passage à la JSK en 1985 est aussi inoubliable.  Il a créé une équipe qui jouait un grand football, mais qui n’a avait pas le lobbying qu’il faut.

Un autre innovateur dans l’histoire du foot tunisien, Jamel Bouabssa. Un ex- champion en athlétisme revenu après une formation académique en Allemagne (spécialité  préparation physique) et récupéré par un Azzouz Lasram qui voulait mettre des joueurs comme Chaiebi, Attouga, Abderrahmane, Gouchi et les autres dans un palier autre. Le jeune entraîneur prend un effrayant CA avec lequel il gagne le doublé de 73, le championnat de 74 et la Coupe du Maghreb ( un titre de valeur à l’époque). Bouabssa donne au CA un avantage par rapport aux autres clubs : cette supériorité technique et cet éblouissant tempo qui faisait des Clubistes une monstrueuse équipe.

Hizem, Ammar et Ben Ezeddine : l’art de concevoir !

Trois autre noms n’ont pas eu, à notre avis, ce qu’ils méritaient comme reconnaissance. Le grand Ameur Hizem, qui a gagné ,lui aussi, avec le CA de Attouga de 74 à 76 ( en prolongement à la période Bouabssa), est un nom lourd en football. A part ses qualités d’entraîneur qui change l’équipe qu’il entraîne, c’est aussi un monsieur qui a de grandes connaissances en foot. Novateur, oui, mais également un académicien qui peut programmer, qui peut apporter des fondements à chaque projet sportif. Son passage en sélection nationale de 71  à 74, et avant cela en sélection junior, a permis de bâtir l’époustouflante sélection des Attouga, Hbita, Chakroun, Zitouni, Ben Mrad. Médaille d’argent aux Jeux méditerranéens d’Izmir en 71 et puis la Coupe de Palestine en 73, Hizem a balisé le chemin devant Chettali ( bien que ce dernier ait mis sa touche en apportant de nouveaux joueurs). Hizem, qui a fait un passage au ST plus tard, a manqué de chance pour gagner avec la maudite génération de Herguel et Nsibi. Mais c’est quelqu’un qui, jusqu’à aujourd’hui, suit le foot. Il enchaîne une large et riche expérience qui, hélas, n’est pas bien exploitée au profit des nouveaux entraîneurs.

Parlons aussi de feu Ahmed Ammar que plusieurs gens ne connaissent pas.C’est un entraîneur qui a beaucoup appris pour faire le directeur technique national et pour parler d’idées de jeu et de méthodes de travail avant-gardistes. L’homme a marqué les années 80, et quand on demande aux joueurs, aux entraîneurs et aux dirigeants ce que Ammar vaut, ils vous diront toute de suite que c’est un grand monsieur qui les a appris énormément en foot. Malheureusement pour lui, il est tombé dans la période de disette du foot tunisien, où il n’y avait aucun moyen pour mettre en pratique ses idées.

Quant à Abderrahmane Ben Ezeddine, c’est un monsieur qui marqué l’histoire de l’EST. Comme joueur de qualité, mais aussi comme entraîneur qui a gagné des titres, et qu’on faisait appel à lui chaque fois que le club se trouvait coincé . On dit de lui beaucoup de biens, et les anciens joueurs de l’EST le confirment. Rien que c’est quelqu’un de diplômé (le premier sur notre championnat) au temps où les entraîneurs exerçaient sans CV. Ben Ezeddine a enfanté de grands joueurs, ils les a aidés énormément. Ce grand monsieur a édité un livre-manuel pour apprendre les fondements du foot dans les années 60.

Ces entraîneurs et bien d’autres ont souffert de l’ingratitude de l’Histoire du football tunisien. Leur valeur n’a pas été bien récompensée à sa juste valeur. Et pourtant, ils ont marqué leurs périodes, ils ont révolutionné leur réalité, et permis à des joueurs et des clubs de gagner, mais surtout de s’améliorer. Ainsi est faite la vie, certains entraîneurs sont « sacralisés »,  d’autres oubliés en dépit d’une forte compétence. Une cinglante injustice !                                           

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