Les propos de Michel D’Hooghe, président de la commission médicale de la Fifa, sur la reprise des championnats sont, à notre avis, capitaux. Il n’a pas hésité une seconde à conseiller les fédérations à annuler tout court la saison 2019-2020 et à réfléchir sur la prochaine saison qui reprendrait, selon lui, en septembre. Pour lui, c’est du temps perdu, et c’est de l’énergie gaspillée à chercher à terminer l’actuelle saison, vu le risque sanitaire encore existant.
Il parle même de l’impossibilité de programmer une reprise saine des entraînements qui permettrait aux joueurs de se conserver et de parer à des blessures musculaires. Les gros moyens logistiques en Europe ne garantissent pas une formule à zéro risque. Tests coûteux, confinement obligatoire à des centaines de joueurs, contacts inévitables, rythme effréné pour les muscles des joueurs, les contraintes sont si pesantes. L’idée est donc de repartir de zéro et de préparer doucement la reprise de la saison 2020-2021. On partage vivement cette option.
Le gouvernement français s’est, lui aussi, aligné et annulé la saison tout comme en Hollande et probablement l’Italie. C’est une perte de temps à forcer une reprise, alors que le temps s’écoule vite et que la logistique de reprise est si compliquée et coûteuse. Et si la FTF prenait cette courageuse décision d’annuler cette saison pour force majeure ? Et si on arrêtait cet inutile entêtement à vouloir reprendre à tout prix ?
Et si on calculait bien le coût médical et financier de cette reprise désespérée ? Supposons bien qu’à partir du lundi, on peut autoriser les clubs à reprendre petit à petit les entraînements, est-on sûr que les moyens très limités en Tunisie (logistique de tests et de suivi) minimisent le risque de contamination ? On ne doit pas se tromper de raisonnement. Le championnat, aussi considérable qu’il est, vaut moins que la survie du sport en Tunisie. On n’a pas ni les joueurs, ni les clubs, ni les finances pour un rythme endiablé d’un match tous les trois jours au risque de voir des blessures graves. Dégager cette période de mai et de juin pour récupérer doucement et pour éveiller les muscles, et pour décharger les clubs de salaires au-delà du 30 juin, et par la même occasion, faciliter la circulation des joueurs sur le mercato, seraient beaucoup plus efficace et intelligent.
A part l’exception anglaise ( 9 journées seulement à jouer et un Liverpool très proche du titre ), les championnats européens tendent à penser plus à la saison 2020-2021. Pour le cas tunisien, la FTF dit avoir envie de terminer la saison quelle que soit la formule.Et cela pose problème. Est-on prêt à sacrifier les joueurs et les clubs pour aller au bout de cette saison ? Du côté du volleyball, c’est la même tendance. Il faudra alors inventer un calendrier, un programme qui résout cette équation compliquée.
R.E.H.
