Accueil A la une Tests diagnostic COVID-19: Les questions que tout le monde se pose

Tests diagnostic COVID-19: Les questions que tout le monde se pose


Beaucoup d’interrogations ont été soulevées autour des tests : quel est leur degré de fiabilité, pourquoi ne passe-t-on pas au dépistage massif, les tests rapides sont-ils accessibles au commun des mortels?…Des spécialistes ont bien voulu répondre à ces questions


Il faut avouer que c’est souvent flou dans nos esprits. On en a beaucoup parlé, puis un peu moins. Annoncé la chose, et peut-être pas son contraire, mais disons autre chose. On a évoqué des tests par prélèvement, d’autres sanguins, les uns rapides, les autres moins. Certains coûteux, et puis non en fait, beaucoup moins qu’on ne le pensait. Les uns commandés, mais pas arrivés, d’autres offerts et déjà là. En un mot, cette affaire de test ne semblait pas évidente, du moins pour le commun des mortels que nous sommes.

Partant du principe que ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, nous avons été sollicités des éclaircissements auprès de qui de droit. Ceci dit, il fallait encore accéder à ces qui de droit, nos scientifiques, certainement débordés, étant difficilement accessibles, nous le comprenons. Mais La Presse est tenace, et quitte à être taxée de harcèlement, nous avons persisté, et pouvons aujourd’hui vous transmettre ce que nous croyons avoir compris.

Nous souhaitons auparavant remercier ces médecins qui ont bien voulu prendre le temps de nous éclairer : Docteur Hechmi Louzir, directeur de l’Institut Pasteur, pour sa rigueur scientifique. Docteur Henda Triki, professeur en virologie, pour la clarté de ses explications. Docteur Meryem Zribi pour sa disponibilité. Docteur Bougatfa pour son optimisme. Nous aurions aimé avoir des réponses d’autres laboratoires de référence, mais les responsables étaient injoignables.

Qui teste qui ?

On teste les cas suspects, soit qu’ils aient des symptômes, restent chez eux et appellent le SAMU qui, lui, se charge de faire le prélèvement. Soit qu’ils se présentent aux services d’urgence des hôpitaux réservés au Covid, Charles Nicolle, LaRabta, Habib Thameur…

On teste également les personnes à risque, c’est-à-dire ayant été en contact avec des sujets contaminés : famille, entourage, personnel médical, etc.

Quels sont les tests existants ?

Il y a deux groupes de tests :

Le test de référence, ou PCR en temps réel. C’est celui qui est actuellement utilisé en Tunisie. Ce test s’effectue par un prélèvement —fort désagréable— dans la muqueuse du nez et de la gorge. Ce prélèvement est ensuite envoyé, sous certaines conditions de préservation, aux différents laboratoires : les trois laboratoires de Tunis, ceux de l’Institut Pasteur, Charles Nicolle et l’hôpital militaire. Les laboratoires de Sfax, Monastir et Sousse, sachant qu’un deuxième laboratoire ouvrira bientôt à Sousse.

Les résultats sont disponibles au bout de quelques heures. Le délai est variable car ces tests se font de façon groupée, et non au cas par cas, ce qui peut allonger les délais. Mais on s’attache à ne pas dépasser les 24heures.

Et puis il y a ce que l’on appelle les tests rapides, non encore disponibles en Tunisie, mais déjà commandés et dont on attend 400.000 incessamment. S’ils ne sont pas encore là, ce n’est pas faute de bonne volonté, ou de retard dans les commandes, mais bien à cause de la forte pénurie mondiale qui fait que les délais de livraison sont particulièrement lents. Ces tests sont de deux sortes :

Les uns se pratiquent comme le PCR, par un prélèvement nasal. Ce sont les tests antigéniques qui permettront de savoir si vous avez été en contact avec le virus. Les autres par la prise d’une goutte de sang : ce sont des tests sérologiques, qui montreront si vous avez eu le virus, même de façon non symptomatique, et si votre organisme a réagi en développant des anti- corps. L’intérêt de ces tests est qu’ils sont d’exécution aisée, qu’ils ne nécessitent pas une formation particulière, et qu’ils peuvent donc être réalisés à grande échelle. La Tunisie a commandé 200.000 de chacune de ces deux sortes. Ces tests permettront un premier tri dans les centres hospitaliers dans les cas où une décision rapide est nécessaire. Ils permettront également, si on décide un dépistage de masse, d’enquêter sur la circulation du virus et l’acceptabilité de ces tests.

Comme 400.000 tests ne peuvent suffire à toute la population, on les utilisera dans les zones particulièrement infectées, ou sur un échantillonnage d’ individus à risque comme le personnel de santé, les militaires, etc.

Mais dès à présent, un don de quelques milliers de tests — on nous a dit 3.000, puis 10.000, on ne sait pas exactement donc nous ne nous prononçons pas —- a été offert à la Tunisie, et essayé pour enquêter dans deux régions fortement touchées : le Grand-Tunis et Kébili.

Quelle est la fiabilite de ces tests ?

On parle beaucoup de faux négatifs. Des personnes testées négatives se sont révélées par la suite néanmoins atteintes. Pour les tests PCR actuellement pratiqués, la fiabilité, en fonction des réponses des spécialistes, serait de « bonne » à 60%. Cela ne remet pas en question la qualité du test, mais celle de la façon dont aurait été fait le prélèvement, celle des conditions dans lesquelles il aurait été transporté. Ou encore de l’étape de la maladie. Le virus peut avoir déjà quitté le nez et la gorge pour être descendu dans les poumons. Ceci dit, le test est un maillon dans un faisceau d’arguments : des signes cliniques parlants, un deuxième test en cas de doute, ou encore un scanner si nécessaire.

Sachant que les cas positifs sont de nouveau testés toutes les semaines jusqu’à devenir négatifs, ce qui demande, et cela peu de gens le savent, entre 25 et 37 jours. Quant aux seconds tests non encore disponibles, les tests rapides, leur fiabilité est moindre. Ils permettront, néanmoins, de débroussailler le terrain, détectant les cas positifs, et permettant une prise de décision rapide. Les cas négatifs, mais néanmoins suspects, seront vérifiés, confirmés ou infirmés en un deuxième temps par le test PCR.

Est-ce que les tests seront disponibles dans les laboratoires de ville ?

Là aussi, on a dit peut-être, puis plus tard, puis finalement non. Le commun des mortels, non suspect, mais inquiet, ne pourra pas effectuer le test à ses frais pour dormir tranquille. Ce n’est en aucun cas, bien sûr, une mesure discriminatoire, mais uniquement pour de strictes raisons de sécurité. Le niveau de sécurité exigé pour ces tests ne peut être assuré qu’en milieu hospitalier.

on a beaucoup parle de la machine cassee de l’institut pasteur. etait-ce vraiment si grave que cela ?

En aucun cas, affirment les responsables. On a vraiment fait une montagne d’une souris. Il y a une dizaine de machines disponibles, la panne a été réparée en deux heures de temps, et les analyses reprises et confirmées. Et si retards il y a eu, ce n’était pas dû à cette panne éphémère, mais au fait que le laboratoire a connu ce jour- là particulièrement un afflux plus important que de coutume de tests et s’est trouvé quelque peu engorgé.

qu’est-ce qui fait qu’en depit d’une certaine indiscipline, nous soyons un des pays les moins touches ?

On en a référé à Dieu et ses saints ! Mais tous les pays ont un Dieu et des saints. On a parlé du vaccin du BCG, la Tunisie de Bourguiba ayant connu une très bonne campagne de vaccination obligatoire, saluée en son temps par l’OMS. Puis on a dit que peut-être non, ce n’était probablement pas dû à cela. On a parlé d’immunité croisée, notre peuple ayant peut-être rencontré, à un moment de son histoire, un virus cousin qui l’aurait plus ou moins immunisé. On a également évoqué le régime méditerranéen, la jeunesse de la population, le taux relativement faible de pollution. Pour conclure, en fin de compte que l’on n’en savait rien. C’est, en tout cas, et à peu de choses près, la conclusion de nos spécialistes. Bien sûr, et ceci du moins est chose sûre, certains d’entre eux évoqueront la promptitude de la réaction tunisienne : nous avons fermé nos frontières très vite, dès la phase 2, anticipant les choses. Nous avons également placé des mesures de détection aux points frontières. Nous avons imposé le confinement général très tôt. Et même s’il n’a pas été totalement respecté, il l’a, néanmoins, été assez largement. Les tests PCR étaient disponibles avant même que l’épidémie ne nous atteigne, et même s’il y a eu de petits ralentissements, il n’y a jamais eu de rupture de stocks.

Peut-être tout cela explique-t-il l’exception tunisienne. La seule chose qu’il faille souhaiter, c’est que cela continue, ce qui, à la veille du déconfinement et du relâchement que l’on peut déjà constater, inquiète nos praticiens.

On a annonce a cor et a cri la preparation d’un vaccin a l’institut pasteur

Il est vrai qu’une équipe, au sein de ce laboratoire, a décidé de travailler sur le vaccin. Mais elle n’en est qu’aux prémices de ses études, et semble, hélas, encore loin d’obtenir des résultats. Souhaitons- lui tout le succès espéré.

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