Le recours aux nouvelles technologies durant cette période difficile de la vie des Tunisiens a montré qu’il est possible de bien faire et de mobiliser les ressources humaines au profit de la communauté.
Des chercheurs, des techniciens, des ingénieurs, des étudiants, etc. se sont investis dans des actions citoyennes qui ont contribué, dans une large mesure, à atténuer les obstacles et à faciliter le travail pour une grande partie des citoyens (personnels médicaux et paramédicaux, administrés, personnes nécessiteuses…). Cela constitue un vrai potentiel sur lequel notre pays devra compter et qu’il devra, désormais, valoriser. Le phénomène n’est pas marginalisé. Loin de là. Le secteur de la recherche, jusqu’à présent, s’est confiné dans des lieux fermés et inaccessibles. Il était loin des préoccupations immédiates de la vie de tous les jours.
Le point de non-retour
L’irruption du Covid-19 dans le quotidien de tout un chacun a révélé l’autre face cachée de l’homme, aussi bien celle du mal que celle du bien. Certes, des attitudes égoïstes ont bel et bien vu le jour, laissant toutes les hypocrisies en arrière-plan. Mais l’élan solidaire s’est affirmé et a su s’imposer dans de nombreuses situations. Ainsi, et malgré certains aspects négatifs, le bilan peut être considéré comme positif, dans son ensemble.
A l’exception des épisodes de razzias sur des produits de première nécessité, comme la semoule, la farine et d’autres liés à l’hygiène et à la sécurité sanitaire, tout est en train de rentrer dans l’ordre.
Il y a, forcément, dans cette épreuve des enseignements à tirer. En effet, le domaine de la recherche scientifique a franchi un palier. C’est un point de non-retour. Les résultats obtenus au vu de la construction de robots, la confection d’objets de protection sanitaire grâce à l’impression en relief, l’élaboration d’applications numériques pour aider les intervenants dans l’action médicale, la mise en place de mesures pratiques pour faciliter la vie aux personnes confinées, etc. sont la preuve que nous sommes à la croisée des chemins et qu’il va falloir faire le bon choix.
L’option pour le monde des sciences et de la recherche, ainsi que celui du numérique, ne fait plus de doute. La vision classique qui faisait que l’on parlait de pouvoirs (politiques et autres) n’a plus droit de cité. On parlait, aussi, d’un quatrième pouvoir qui n’est autre que celui des médias. Toutes ces notions sont reléguées au second plan. Ces pouvoirs ont montré leurs limites et leur incapacité à faire face aux nouvelles situations.
L’émergence d’un autre pouvoir plus direct et plus à même de répondre aux attentes des citoyens a éclipsé tous les autres. Il faut compter, justement, sur la capacité du cerveau humain à trouver la solution adaptée à chaque éventualité. La contribution scientifique de jeunes savants à apporter des réponses pratiques aux difficultés sanitaires et sécuritaires a réhabilité, quelque peu, l’univers caché de la recherche scientifique et de la capacité de nos jeunes de s’illustrer chaque fois qu’ils ont l’opportunité de le faire.
Tous les verrous qui ont retardé le développement de la recherche, de l’invention et de l’innovation doivent sauter. Une nouvelle vision et une nouvelle orientation doivent être impulsées dans ce domaine. Des fonds plus conséquents doivent, aussi, être alloués pour entreprendre les travaux nécessaires. De plus, il serait bon d’avoir foi en la capacité de cette catégorie de techniciens, en leur fournissant les moyens et les outils de recherche.
Des structures inopérantes
Il ne faudrait plus se contenter des événements ponctuels pour féliciter des inventeurs qui seront vite oubliés et dont l’invention sera mise dans un garage ou dans un dépôt. Le suivi et l’accompagnement de ces potentialités sont un impératif. Y investir, c’est s’assurer le pouvoir scientifique qui est plus important que tout autre pouvoir.
Le secteur privé, lui aussi, est appelé à croire encore davantage dans les ressources scientifiques de nos institutions universitaires. Selon un document du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Recherche scientifique : Priorités, orientations et programmes- 2017-2022), notre pays se place en 60e position en matière de production scientifique, et la première au niveau africain (moyenne de production scientifique par tête d’habitant).
Le fait que l’entreprise privée reste à l’écart de ce circuit ne peut que lui porter préjudice. Comparativement aux pays développés, les universités sont une vraie pépinière dans laquelle on est à la recherche de l’oiseau rare qui apportera l’invention tant recherchée.
Il est vrai que l’enseignement supérieur n’est pas encore parvenu à amorcer le vrai tournant qui lui permettrait de prendre son destin en main. Les obstacles, jusqu’ici, insurmontables dressés devant la Réforme du système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, handicapent, lourdement, toute tentative de moderniser le secteur et de fournir les moyens et les ressources nécessaires.
Pourtant, de nombreuses opportunités s’offrent à nos étudiants et à nos chercheurs grâce aux technopôles, aux pépinières et aux centres de carrière. Sans compter les 40 établissements publics de recherche, les 314 laboratoires de recherche, les 324 unités de recherche et près de 20.000 chercheurs, dont la moitié est constituée de doctorants.
Cette structure n’a pas montré son efficacité, car on a l’impression que la machine de la recherche au niveau du secteur public est quasiment grippée. D’où l’urgence de lui donner ce coup de fouet apte à lui insuffler une seconde vie.
Maghzaoui
15 mai 2020 à 17:17
Je partage volontairement vos idées Monsieur Amor Chraiet, sauf que vous avez laisser de côté, le chapitre le plus important qui consiste à parler de la matière première avec laquelle les inventeurs et les producteurs vont passer à l’acte deux, qui est la production en séries de quelques projets pour subvenir à la demande du marché intérieur et pourquoi pas à l’extérieur. La Tunisie possède- t-elle la matière première à la fabrication de A à Z d’un appareil respiratoire ? personnellement ,je ne suis pas certain.