Stades de football en Tunisie : Pour un partenariat public-privé

L’Etat à lui seul ne peut se charger de la construction et de l’entretien ô combien coûteux des stades de football. En impliquant le secteur privé, l’Etat a tout à gagner.

Depuis des années, l’Etat tunisien n’a cessé de construire des complexes sportifs et des stades de football un peu partout dans le pays. Sauf que durant toutes ces années, notamment les décennies Ben Ali, le régime se servait du sport comme moyen de propagande. Or, la réalité est tout autre. Le régime de Ben Ali n’a pas menti sur le nombre de stades construits, ni sur les terrains gazonnés, mais il n’a pas tout dit non plus.

C’est que ces stades ne répondent pas aux normes les plus élémentaires. De  petits gradins pour la plupart du temps qui ne couvrent même pas la moitié du contour des stades. Des gradins non couverts où il n’y a pas de tribunes de presse, ni de plateforme pour les caméras de télévision installées au milieu du public dans des conditions lamentables. Combien de fois avons-nous vu se lever des mains de supporters dans le champ de la caméra, ou même voir passer les marchands ambulants ?

Ne parlons pas non plus des zones mixtes et des  mains courantes qui ne répondent pas aux normes internationales, y compris dans « la Perle de la Méditerranée », le Stade olympique de Radès, non homologué par la CAF, au même titre que les stades de Sfax et de Monastir.

Pour pallier les carences, le ministère de la Jeunesse et des Sports vient de décider des travaux de réaménagement d’urgence pour l’Olympique de Radès. Il fallait y penser il y a bien longtemps !

Tout  un modèle à revoir

Dès le départ, le Stade de Radès n’a pas été érigé sur des bases solides et conformément aux normes internationales. En témoigne l’emplacement de sa tribune de presse et de sa zone mixte qui ne répondent pas aux normes internationales. Ce n’est donc pas étonnant qu’il soit homologué par la CAF, sous réserve.

Outre que les stades ont été construits sans se soucier des normes, ils ont été mal entretenus, ce qui explique pourquoi la plupart d’entre eux se trouvent dans un état délabré. Quant aux terrains centraux de nos stades, ils ressemblent pour la plupart à des champs de patates, car confiés à des agents municipaux non qualifiés dans l’entretien du gazon de football.  C’est dire que la stratégie de construire des stades à tout bout de champ, non conformes aux normes internationales et sans entretien adéquat, est à abandonner.

Aujourd’hui, le partenariat public-privé est la meilleure stratégie à adopter par l’Etat en ces temps de crise aiguë et au moment où il n’a pas suffisamment de ressources pour ériger des stades, ni pour les entretenir convenablement.

Puis, pourquoi l’Etat tunisien continue à dépenser des millions de dinars pour la construction de stades et à allouer annuellement des budgets pour leur entretien sans que ce soit bien fait ? En impliquant le secteur privé dans le cadre d’un partenariat public-privé, l’Etat aura tout à gagner. Par ailleurs, nous avons cité dans notre édition du 8 mai deux exemples de projets sportifs qui devaient être édifiés dans le cadre d’un partenariat public-privé et qui n’ont finalement pas vu le jour.

Un projet de complexe sportif à La Marsa doté entre autres d’une galerie marchande et qui devait être bâti sur le terrain qu’occupent actuellement le Stade Abdelaziz-Chtioui et la Salle Raja- Hayder. Un projet proposé dans le cadre d’un partenariat public-privé qui devait être financé par des fonds qataris. Ce projet ne devait coûter rien à la municipalité de La Marsa et aurait bénéficié au club de la ville.

A Sousse, un projet pareil n’a pas vu le jour. Un opérateur de télécommunications s’est proposé de se charger des travaux de rénovation et d’extension de l’Olympique de Sousse. Un projet clés en main avec une maquette nettement meilleure que celle qui inspire les travaux actuels. En contrepartie, l’opérateur voulait que le stade porte son nom durant un certain nombre d’années comme de coutume dans le monde du football professionnel.

Il est temps que les mentalités changent. Et pour qu’elles changent, le législateur doit encourager le partenariat public-privé pour construire dans les grandes villes, notamment les centres des gouvernorats, des stades de foot modernes qui répondent aux normes internationales et qui soient forcément rentables.

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