
La Tunisie n’a d’autre choix que d’augmenter sa production, la valeur ajoutée des produits et surtout chercher de nouveaux débouchés sur le marché international pour exporter plus et mieux. Notre pays a les atouts et les capacités pour devenir le petit dragon de l’Afrique à condition qu’il compte sur ses propres ressources productives et évite le recours systématique à l’emprunt étranger qui a atteint un taux élevé.
Les principaux indicateurs monétaires de la Tunisie se sont nettement améliorés ces derniers mois, malgré la crise sanitaire due au coronavirus. Cette crise a obligé le gouvernement à décréter le confinement général, et ce, pour alléger le trafic automobile et des piétons et de distancier les travailleur dans les ateliers et les bureaux en vue d’éviter toute contagion par le Covid-19. Résultat : les entreprises ont travaillé au-dessous de leur capacité réelle. Certaines entreprises opérant dans le secteur touristique, et notamment les hôtels, ont subi une crise aiguë dans la mesure où elles ont été contraintes de fermer leurs portes en attendant l’amélioration de la situation financière.
D’ailleurs, une plateforme a été mise en place par le ministère des Finances pour accueillir les demandes des entreprises qui souhaitent avoir une aide afin de surmonter les effets néfastes de cette crise et reprendre leurs activités dans les meilleures conditions. C’est dire que la situation économique et financière n’est pas reluisante dans ce contexte de coronavirus d’autant plus que les banques devraient enregistrer un manque à gagner de 455 millions de dinars suite au report des échéances de remboursement des crédits.
Pour une consolidation de la monnaie
Malgré cette crise, la situation financière n’a pas été en berne du moins au niveau des réserves en devises dans la mesure où celles-ci ont atteint, dans ce contexte, 141 jours d’importations, ce qui équivaut à 22,205 milliards de dinars, selon les chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie (BCT). Ce résultat constitue une première depuis 2011. Par rapport à la même période en 2019, les réserves de la BCT se sont nettement améliorées passant de 74 jours d’importation en mai 2019 (12,985 milliards de dinars) à 141 jours actuellement. Ces indicateurs positifs peuvent rassurer les hommes d’affaires et les investisseurs aussi bien tunisiens qu’étrangers qui cherchent toujours la stabilité économique pour pouvoir investir sans risque.
Cependant, on constate que le dinar tunisien s’est légèrement déprécié par rapport à l’euro affichant une valeur de 3,2 dinars pour 1 euro le 4 juin 2020 et 2,86 dinars pour 1 dollar à la même date. A ce propos et pour consolider davantage le dinar, la Tunisie n’a d’autre choix que d’augmenter sa production, la valeur ajoutée des produits et surtout chercher de nouveaux débouchés sur le marché international pour exporter plus et mieux. Notre pays a les atouts et les capacités pour devenir le petit dragon de l’Afrique à condition de compter sur ses propres ressources productives et d’éviter le recours systématique à l’emprunt étranger qui a atteint un taux élevé.
Il est préférable, en effet, de compter sur les revenus en devises provenant des exportations, du tourisme et de l’investissement pour améliorer nos réserves en devises.
Or, le problème se situe, actuellement, à ce niveau-là, car l’on constate un relâchement presque général de la productivité et une faible valeur ajoutée dans plus d’un secteur, ce qui ne permet pas de s’imposer dans un marché exigeant où seules les entreprises compétitives ont le droit de bien se positionner et d’exister. Du travail reste à faire au niveau de la recherche et développement afin d’améliorer cette valeur ajoutée qui devrait concerner tous les produits. Les producteurs sont appelés également à diversifier les produits exportables – ne pas se contenter de l’huile d’olive, des agrumes et des composants électriques et électroniques – ainsi que les marchés. Certains secteurs comme ceux du textile-habillement, cuir et chaussures et matériaux de construction ont besoin d’un coup de fouet pour qu’ils assurent leur relance et contribuent, eux aussi, à l’amélioration de l’apport en devises.
Les crédits renforcent nos apports en devises
Cependant, selon plusieurs observateurs, ce rebond des réserves en devises s’explique, notamment, par les récents crédits contractés par la Tunisie en devises du FMI, l’Union Européenne, les banques tunisiennes, la Banque allemande du développement et autres. Au total, la Tunisie a, au moins, emprunté quelque 3,14 milliards. Le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale, Slim Azzabi, avait déclaré devant les députés que le gouvernement travaille sur « les alternatives de réduire le recours à l’emprunt extérieur et sur sa rationalisation ». En fait, les réserves en devises constituées de crédits coûtent beaucoup à l’Etat qui est appelé à les rembourser sur une période donnée en supportant les taux d’intérêt qui sont souvent élevés.
Ce sont les futures générations qui seront tenues d’honorer ces crédits en mobilisant des millions de dinars. D’ailleurs, l’Etat a été amené à contracter de nouveaux crédits pour payer le service de la dette qui est arrivé à échéance. C’est pourquoi il faut compter sur les capacités intérieures du pays dans le but de constituer des réserves en devises. Certes, c’est une opération périlleuse et éprouvante que de redoubler d’effort de production et cibler de nouveaux marchés à l’exportation, mais les résultats sont là pour aboutir à un apport important en devises. L’Etat a besoin en permanence de devises pour rembourser les crédits déjà contractés et qui sont arrivés à échéance. En plus, ces devises servent à l’importation des médicaments, produits de base, matières premières et produits semi-finis pour les entreprises. Le manque de devises peut mettre l’économie nationale dans une situation fort embarrassante et les importations essentielles peuvent être limitées. Sinon, l’Etat serait obligé de contracter de nouveaux crédits au prix fort afin de renflouer ses caisses, comme c’est le cas actuellement.