Accueil Culture Une série d’encre de Rafik El Kamel, visible sur selmaferiani.com : Ça vaut le clic !

Une série d’encre de Rafik El Kamel, visible sur selmaferiani.com : Ça vaut le clic !

«J’ai dû arrêter de travailler avec la main droite, alors que je n’étais pas gaucher, pour casser avec une certaine habileté.»

Pour célébrer le lancement de son nouveau site, la galerie Selma -Feriani a mis en ligne, depuis mai dernier, une exposition dédiée à une série d’encre sur papier (1987) de l’artiste tunisien Rafik El Kamel. Les œuvres visibles, jusqu’au 29 juin sur son site www. selmaferiani.com, sont accompagnées par un éloquent texte de l’historien de l’art Mohamed Ali Berhouma intitulé «Tenir le regard».

Rafik El Kamel est une importante figure de l’art tunisien, un batisseur d’images, de ceux que l’on ne présente plus.

Né en 1944 à Tunis, il est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Tunis en 1966. Il a fait partie du groupe naissant d’artistes symbolisant le dynamisme et l’esprit d’ouverture des années 1960. Il a poursuivi sa formation artistique à l’École des Arts Décoratifs à Paris, où il découvre (à partir de 1967) l’expression épurée de la peinture durant son séjour à Paris. De retour à Tunis, il enseigne à l’École des Beaux-Arts.

Depuis 1966, ses œuvres ont rejoint les cimaises de diverses galeries dans le monde depuis 1966 : expositions annuelles de l’Ecole de Tunis, au salon de Mai à Paris, aux expositions de groupe à Tunis et à l’étranger, à la Biennale des jeunes artistes à Paris en 1977, en 2002 à l’Institut du Monde arabe à Paris dans « Perspective sur l’art arabe contemporain ». Pour ne citer que ses débuts.

En 1984, il reçoit le premier Prix de la ville de Tunis et le premier Prix de l’exposition annuelle de l’art contemporain à Tunis.  

«On n’entre pas dans la peinture abstraite de Rafik El Kamel. C’est elle qui nous traverse. Mais d’abord, l’œuvre nous impose une posture : d’être là, devant elle, et nous met à l’épreuve de tenir le regard. On s’y confronte, on s’y heurte, on s’y débat, car l’œil cherche les points d’ancrage d’où émergerait une bribe de figure, comme une voie de salut vers une compréhension», tels sont les premiers mots de Berhouma dans son texte consacré à la série de l’artiste.

Réalisée en 1987, cette série de dessins, note-t-il plus loin, «ne manque pas d’asseoir plus fermement ce discours où la ligne ne tend vers rien d’autre qu’elle-même. Restées sans titre, ces œuvres suivent pourtant la voie de ses transfigurations, de ses explorations par-delà la figure. Et c’est là l’exigence de l’art d’El Kamel : défaire la mécanique de la main, le tropisme de la ligne qui figure et retrouver le fait pictural nu, la plasticité brute.»On comprendra qu’El Kamel avait réalisé une bonne partie de ses œuvres avec la main gauche.  « J’ai voulu, dit-il en 1985, à un certain moment, me débarrasser de tous mes acquis. Je remarquais qu’ils étaient devenus gênants. Je parle de mes acquis académiques durant les années 60-70. (…) J’ai même dû arrêter de travailler avec la main droite, alors que je n’étais pas gaucher, pour casser avec une certaine habileté.», le cite Berhouma se référant à un entretien accordé à notre regretté Bady Ben Naceur paru dans Dialogue n° 549 le 15 avril 1985.

Une exposition à portée de main à voir absolument.

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