
Le football est un secteur où la pression du court terme est immense, où les forces exogènes vous assaillent et font pression sur la prise de décision. Or, au final, si vous succombez à cette pression, si vous prenez vos décisions en fonction de ces forces exogènes, alors vous êtes condamné à l’échec !
Faute d’avoir respecté certains engagements et avoir suffisamment redressé ses comptes, le Club Africain risquerait donc de nouvelles sanctions de la part de la Fifa. Nous n’en sommes pas encore là cependant, la menace plane certes mais elle ne prendrait effet que si le CA s’enlise.
L’instance qui chapeaute le football mondial ne plaisante pas avec les préceptes de rigueur financière. Elle ne demande pas aux clubs d’être rentables mais juste de ne pas être emportés par la folie des grandeurs, les dépenses somptuaires et une gestion de type incendiaire. Que tous les clubs tunisiens, CA compris, en prennent de la bonne graine et adoptent les mécanismes d’une gestion efficiente et rigoureuse.
Aujourd’hui, le CA a, semble-t-il, retenu la leçon. Et à l’avenir, il ne doit plus être aveuglé par l’ambition sans pour autant en avoir les moyens. Le CA de demain doit avant tout tenir ses engagements intermédiaires, notamment en ce qui concerne la réduction de la masse salariale et la gestion des baux. Assurément, toute la structure, la solidité de l’édifice seront conditionnés au respect de ses engagements.
Le CA de demain doit forcément se réinventer. L’ensemble des fonctions opérationnelles et fonctionnelles du CA doivent être repensées et adaptées aux besoins du club.
Gestion de l’incertitude
Volet management maintenant, plus de place à l’amateurisme et au dilettantisme. Le futur patron du club devra être entouré de figures expérimentées, de fins connaisseurs des arcanes du CA. Et si volet staff technique, il est impératif de renouveler sa confiance en Lassaâd Dridi, du point de vue management général, il faudra recruter un manager expérimenté, doué d’une excellente vision. Bref, il faut dénicher un gestionnaire avisé, qui a aussi une connaissance intime du potentiel du label clubiste et une fine expérience des différents contextes.
Le CA, tel qu’il doit être, doit trancher avec une certaine gestion de l’incertitude. En clair, le club ne peut plus se limiter à recoller les morceaux. L’autre facette propre à un club quasi-centenaire est en rapport avec la pression du court terme dans le milieu clubiste. Pour amorcer une transformation profonde et engager des réformes, il faut de la patience, de l’indulgence et de la tolérance, même à petites doses.
Sans l’obsession du court terme, le CA peut se projeter car il en a les moyens humains. Un club de football ne peut se limiter à être un « one-man-show » avec un président omnipotent, un hyperprésident qui décide seul ! Ce n’est pas une allusion à peine dissimulée mais une réalité clubiste.
Un club de football, du moins en Tunisie, est issu du milieu associatif mais avec une caisse de résonance digne d’un groupe industriel. Les clubs de football, le CA a fortiori, ne sont pas des organisations comme les autres. Ils sont extrêmement visibles et suscitent parfois, comme au Parc A, d’immenses passions. Enfin, ils jouent un rôle de cohésion sociale fondamental.
C’est pourquoi certains d’entre eux, tel le Club Africain, sont finalement beaucoup plus qu’un simple club de football. Ce sont des institutions. Maintenant, du point de vue conduite, leur organisation et leur structuration sont un sujet dont on parle assez peu, car dans le football, on vous dira souvent que seuls les résultats sur le terrain comptent. Et c’est là que tout se complique, car le football est un secteur où la pression du court terme est immense, où les forces exogènes vous assaillent et font pression sur la prise de décision.
Or, au final, si vous succombez à cette pression, si vous prenez vos décisions en fonction de ces forces exogènes, alors vous êtes condamné à l’échec !