«Tout est relatif. Qui dit problèmes sportifs, dit difficultés financières. Le Club Africain traîne ses problèmes sportifs depuis 20 années au moins et pour cause : bon nombre de personnes se sont efforcées à devenir des dirigeants au club alors qu’ils n’ont ni de l’aura ni le profil pour le faire. N’est pas président de club qui veut et n’est pas dirigeant du CA qui veut. Pour être dirigeant ou directeur sportif du Club Africain, il faut être à la hauteur du club, de son histoire et de sa base de supporters. En Italie, à titre d’exemple, diriger l’Inter ou la Juventus n’est pas à la portée de tout le monde. Le Club Africain est le club le plus populaire en Tunisie. Chez nous, qui dit grand club, dit pourvoyeur principal : Hamdi Meddeb pour l’EST et Hammadi Bousbia pour le CA, à titre d’exemple. Un pourvoyeur principal est censé assurer l’essentiel des dépenses du club. Sauf qu’au CA, les dépenses sont si extravagantes, notamment en terme de salaires de joueurs, qu’on n’arrive plus à s’en sortir malgré tous les efforts déployés par le pourvoyeur principal du club et les supporters à travers les différentes opérations de soutien qu’ils ont menées.
Qui dit grand club dit aussi un travail de longue haleine qui se base sur une stratégie sur le long terme. Enfin, qui dit grand club dit traditions. Or, au CA, nous avons perdu l’une de nos plus vieilles traditions : la formation.
De mon temps et même après, l’ossature de l’équipe senior était formée essentiellement des enfants du club. Il y avait les frères Sellimi, les frères Rouissi et bien d’autres.
Aujourd’hui, les enfants du club sont écartés de la formation et de l’encadrement sportif au sein du CA. Sans formation, le club a perdu son identité et les quelques joueurs issus aujourd’hui du centre du CA, à l’instar de Taouss et Kassab, ont besoin d’être encadrés par des enfants du club qui ont le profil d’un entraîneur formateur à l’image de Mrad Hamza, Amor Amri et Taoufik Klibi.
La formation doit retrouver donc sa place de choix dans la politique sportive du club. Outre les enfants du club que je viens de citer et qui ont le profil d’un entraîneur formateur, nous pouvons amener des diplômés de l’Ineps et les envoyer durant l’été pour faire des stages dans les centres de formation des club européens, afin qu’ils puissent travailler sur des bases solides. C’est avec des entraîneurs-formateurs qualifiés qu’on peut assurer un encadrement adéquat des jeunes et les protéger de la pression mentale et médiatique.
Mais tout cela n’aura aucun sens si, durant les quatre ans à venir, on ne fait pas une purge financière, en honorant les dettes du club, composées essentiellement des salaires exorbitants des joueurs qu’on a fait signer ces dernières années.
Durant les quatre ans à venir, il faudra éviter de signer de gros contrats, faire trois à quatre recrutements ciblés par an avec des salaires raisonnables et se concentrer sur le volet formation. Il vaut mieux patienter pendant quatre ans et commencer à cueillir les fruits du travail d’ici 2024 que de passer les 20 prochaines années à commettre les mêmes erreurs. Pour finir, les décisions doivent être prises dans les locaux du club. Il y a des bureaux qui sont dédiés à cela. La gestion d’un club se fait dans les locaux de son administration et non pas dans les cafés ou dans les bureaux des dirigeants».