Le retrait de la Tunisie de la liste européenne de LBC/FT renforcera inéluctablement son image comme un pays respectueux des normes internationales de transparence financière et un site fiable pour les investissements étrangers. Ce retrait est le résultat d’inlassables démarches engagées par la diplomatie tunisienne.
La Commission européenne retire définitivement la Tunisie de la liste noire relative au blanchiment d’argent. Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, dans un communiqué publié hier, vendredi 19 juin, le retrait définitif de la Tunisie de la liste actualisée de l’Union européenne des pays tiers présentant des carences stratégiques dans leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Grâce à ce nouveau classement, notre pays est reconnu en tant qu’Etat conforme aux normes européennes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme.
Mieux encore, le ministère a précisé que la liste actualisée a été publiée, récemment, dans le Journal officiel de l’Union suite à son approbation par le Conseil de l’UE et le Parlement européen. A noter que la Tunisie a été placée d’abord dans la liste noire des pays qui ne collaborent pas assez dans le domaine du blanchiment d’argent et de financement du terrorisme avant d’occuper la liste grise en préparation à son retrait de cette liste. Des équipes du Groupe d’action financière sont venues dans notre pays pour s’assurer que les mesures nécessaires ont été prises en vue de se conformer aux normes établies au niveau de l’Union européenne.
Redorer l’image de marque de la Tunisie
Il a ajouté que la Commission européenne a adopté le 7 mai 2020 un règlement délégué proposant le retrait de certains pays de la liste LBC/FT de l’Union européenne y compris la Tunisie. Cette décision tient compte du retrait de notre pays, en octobre 2019, de la liste des pays sous la surveillance du groupe d’action financière (Gafi) et ce, suite aux mesures prises par les autorités tunisiennes dans le cadre du plan d’action convenu avec le Gafi visant à renforcer l’efficacité du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les autorités tunisiennes devraient exploiter cette décision du Gafi en vue de redorer l’image de marque de la Tunisie à l’étranger et attirer de nouveaux investisseurs intéressés par la création des projets dans notre pays. C’est que l’un des critères pris en considération avec la décision d’investir dans un pays donné concerne la situation financière qui doit être saine, transparente et équitable. Certains criminels utilisent tous les subterfuges pour faire entrer de l’argent sale dans un pays pour le faire fructifier et en tirer profit. Cet argent provient souvent de la vente de la drogue et du trafic d’armes.
Plusieurs secteurs d’activités sont touchés par ces opérations frauduleuses compte tenu de leur ouverture sur le financement extérieur à l’instar des banques, le secteur immobilier et celui de la joaillerie. D’où la nécessité d’être vigilant et prudent pour éviter le blanchiment d’argent. Des mesures préventives ont été prises à tous les niveaux pour éviter un éventuel dérapage et les opérateurs économiques ont été sensibilisés afin de s’assurer que l’argent provient de source sûre et non contaminée par les crimes financiers.
Attention au financement du terrorisme
Pour les banques, à titre d’exemple, des documents et des preuves sont demandés à toute personne comptant faire entrer une somme importante d’argent de l’étranger. Les procédures mises en place devraient aider ces opérateurs ainsi que les responsables de l’Etat à découvrir en temps opportun une éventuelle tentative de faire entrer l’argent mal acquis à la Tunisie. Dans ce cas, le transfert est refusé et l’auteur de l’opération est soumis aux autorités judiciaires afin qu’elles prennent leur décision à son encontre en se référant à la législation en vigueur qui punit sévèrement toute personne essayant ou voulant introduire de l’argent sale dans notre pays.
« Le retrait de la Tunisie de la liste européenne de LBC/FT renforcera inéluctablement son image comme pays respectueux des normes internationales de transparence financière et d’un site fiable pour les investissements étrangers. Ce retrait est le résultat d’inlassables démarches engagées par la diplomatie tunisienne, dès le lendemain du delesting de notre pays de la liste du Gafi, aussi bien auprès des institutions européennes qu’auprès des Etats membres de l’UE afin de vulgariser les efforts déployés par toutes les parties prenantes tunisiennes pour se conformer aux standards internationaux en matière de LBC/FT », a souligné le ministère des Affaires étrangères.
Un autre aspect du Gafi à ne pas négliger concerne le financement du terrorisme. En effet, les terroristes sont répartis dans plusieurs pays du monde et ont besoin de l’argent pour l’acquisition d’armes et d’accessoires de guerre. Ce financement destiné aux terroristes doit être aboli et empêché de parvenir à destination pour ne pas causer des catastrophes dans ce monde. D’où la nécessité pour tous les pays de collaborer en vue de rappeler à l’ordre toute personne qui a l’intention de fournir le financement aux terroristes afin qu’ils commettent leur forfait. A ce niveau aussi, des précautions sont prises dès le départ pour refuser l’argent destiné à fiancer le terrorisme. Celui-ci est défini comme tout acte commis par une personne ou un groupe de personnes visant à déstabiliser l’Etat ou à détruire des biens publics et privés. La Tunisie a vécu de tels actes comme ceux du musée du Bardo, d’un hôtel à Sousse et d’un lieu de culte à Djerba. De tels actes ont eu des conséquences fâcheuses sur l’économie tunisienne et les séquelles sont encore perceptibles.