Accueil Economie Supplément Economique Relance économique | Rompre avec l’ancien modèle économique : Plus de droit à l’erreur…

Relance économique | Rompre avec l’ancien modèle économique : Plus de droit à l’erreur…

Le nouveau modèle de développement doit ouvrir de nouvelles perspectives pour les jeunes diplômés dont nombreux sont actuellement au chômage. De grandes réformes doivent être mises en place pour concrétiser ce modèle qui nécessite des investissements colossaux de la part de l’Etat. Une nouvelle vision de l’industrie et de l’entreprise va changer la démarche adoptée jusqu’ici.

La réforme de l’économie tunisienne se base essentiellement sur la modernisation du secteur industriel, agricole et de services, et ce, en intégrant les technologies de pointe et la gestion intelligente des données. La Tunisie exploite encore un modèle de développement désuet, inauguré depuis l’indépendance et qui a fait l’objet de petites réformes, qui a montré, aujourd’hui, ses limites et ne permet plus de satisfaire les besoins et les ambitions du peuple. En effet, le modèle adopté n’est pas créateur de postes d’emploi dans la mesure où les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ne trouvent pas facilement un poste dans une entreprise économique privée. En outre, le marché de l’investissement est presque saturé.

L’économie sociale et solidaire dont le projet de loi a été, récemment, adopté par l’Assemblée des représentants du peuple, constitue une solution pertinente pour créer de nouvelles opportunités d’emploi et aider les jeunes à exploiter leurs connaissances dans un domaine d’intérêt public en bénéficiant de l’aide de l’Etat. Ce modèle a fait ses preuves dans certains pays européens et a permis de résoudre, un tant soit peu, le problème du chômage chez certaines catégories de jeunes. Ainsi, l’Etat peut fournir un local où sera installé le jeune pour mener son activité dans un domaine qui relève de l’intérêt public.

Un revenu régulier 

Le partenariat public-privé sera également favorisé, vu ses retombées positives sur l’économie nationale. Dans ce cadre, l’Etat soutient la création de projets pour les jeunes en leur proposant des marchés rémunérateurs dans divers domaines comme ceux de l’infrastructure de base, du nettoyage, des plantations et autres. Le jeune entrepreneur bénéficie ainsi d’un revenu régulier et peut recruter d’autres jeunes dans le cadre du même projet.

Le promoteur ne trouve pas toujours une opportunité pour lancer sa propre affaire dans un environnement peu propice à l’investissement privé, surtout avec le développement de l’économie parallèle et de la contrebande. Dans le circuit organisé, les produits commercialisés sur le marché local et extérieur ne sont pas nombreux et leur valeur ajoutée est fort limitée, ce qui ne permet pas de pénétrer dans de nouveaux marchés où seules la qualité et l’innovation priment.

Compte tenu de tous ces facteurs, les pouvoirs publics ont décidé de mettre en place une stratégie réfléchie en adoptant un nouveau modèle de développement, et ce, dans le but de combler les lacunes constatées dans les différentes activités économiques. Il s’agit notamment d’opter pour les activités qui offrent de nouvelles opportunités d’emploi pour les jeunes et d’adapter le système d’éducation, de formation et d’enseignement supérieur et universitaire aux besoins réels de l’économie moderne pour rompre définitivement avec le modèle ancien qui n’offre plus de perspectives aux jeunes.

Il s’est avéré, en effet, que le système de la formation et de l’enseignement ne tient pas compte de la réalité de l’économie puisque l’on continue à former des jeunes dans des branches qui ne sont pas demandées par les entreprises industrielles. D’où la nécessité d’effectuer la refonte tant attendue pour créer de nouvelles branches liées à la nanotechnologie, à l’industrie intelligente et aux métiers de l’informatique et des réseaux. Un investissement colossal devrait être prévu à cet effet pour acquérir les équipements nécessaires de formation et former les formateurs dans des institutions nationales, mais aussi internationales dans le cadre de stages de longue durée.

Améliorer la valeur ajoutée

Ainsi, à la fin de la formation, la Tunisie disposera de compétences confirmées capables non seulement de hisser le niveau de notre industrie mais aussi de trouver leur place dans les entreprises étrangères qui demandent de hautes compétences capables d’apporter le plus à l’entreprise et de contribuer à améliorer la valeur ajoutée de leurs produits.

L’intelligence artificielle ou digitale n’est pas un vain mot. L’industrie future va se baser sur cette intelligence qui nécessite l’intégration des technologies d’information et de communication dans presque toutes les activités économiques. La robotisation de certaines tâches constitue une priorité pour les unités de production qui doivent se distinguer par la rapidité d’exécution des tâches sans négliger les aspects qualitatifs et quantitatifs de la production. Des spécialistes bien formés seront mobilisés pour la manipulation des machines sophistiquées déjà utilisées dans plusieurs pays du monde. Le droit à l’erreur ne sera plus toléré dans une économie moderne où la précision et les délais de livraison sont prioritaires. Les secteurs prometteurs dans  cette perspective économique sont ceux des technologies de l’information et de la communication, les composants automobiles et aéronautiques, l’assemblage et la fabrication automobile, les molécules, les industries du cuir et chaussure, du textile-habillement, de la mécanique, de l’électrique et de l’électronique, des matériaux de construction et des produits annexes.

Pour pouvoir exporter à large échelle, les industriels opérant dans l’un de ces secteurs doivent adapter leurs unités de production à l’environnement mondial en se conformant aux normes et standards internationaux en intégrant les certifications les plus récentes. Les pépinières d’entreprises ainsi que les parcs technologiques qui sont déjà disponibles en Tunisie peuvent prêter main-forte pour abriter les nouvelles entreprises et startup innovantes qui veulent mettre sur le marché des produits à haute valeur ajoutée.

Incubation dans les parcs technologiques

En fait, les startup seront très favorisées au cours de la prochaine étape, vu leur effet bénéfique sur l’économie et la croissance. Ces petites entreprises sont des structures légères dont l’effectif est réduit et dont la mission consiste à produire de nouveaux produits innovants destinés aussi bien au marché local qu’au marché extérieur.

Ces entreprises, avant leur entrée en fonction, font l’objet d’une incubation au sein des parcs technologiques avec un accompagnement effectué par des spécialistes chevronnés dans un domaine donné. Après une période d’incubation qui peut durer une année ou plus—en fonction de la complexité des actions à mener—l’entreprise peut quitter le parc technologique et s’installer dans un site ou une zone industrielle dans l’une des régions du pays. Les structures d’appui vont également faire appel aux mentors pour soutenir les jeunes et les aider à concrétiser leur projet dans les meilleures conditions. Ces mentors exercent dans de grandes entreprises qui ont fait leur preuve sur le marché national et international. Ils seront aux côtés des jeunes promoteurs qui veulent créer et réussir le lancement d’un projet qui doit être pérennisé.

La nanotechnologie,  la robotique et le digital sont pour beaucoup de jeunes des concepts flous car ils ne sont pas encore intégrés dans nos entreprises. Mais les industriels doivent se préparer dès maintenant à ces nouvelles technologies pour ne pas être à la traîne de l’économie mondiale. Le partenariat avec des centres de recherche internationaux et avec des firmes mondiales réputées constitue également une base pour le développement de l’entreprise qui a besoin d’un transfert technologique et d’une adaptation de ses outils de travail et des procédés de fabrication à ceux utilisés dans les grandes entreprises mondiales qui ont la capacité d’exporter vers des centaines de destinations grâce à des produits de haute technologie qui sont vendus au prix fort. Les exportations tunisiennes ne doivent pas se limiter à certains produits agricoles ou alimentaires comme l’huile d’olive, les agrumes et les dattes, mais toucher plus de produits industriels à forte valeur ajoutée pour asseoir une industrie exportatrice et compétitive dans tous les secteurs précités.

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