Depuis le début de la crise, plus de 300 solutions technologiques novatrices ont été mises en place par des startup et des entreprises numériques pour venir en aide aux autorités qui étaient aux prises avec l’épidémie.
Un des faits les plus saillants de la crise du coronavirus est l’effervescence des idées nouvelles de la pléthore des startup qui, à grands renforts de solutions novatrices, sont venues en aide aux autorités dans leur lutte contre l’épidémie. Ce constat met en exergue, à la fois, la solidité et la richesse de l’écosystème des startup en Tunisie. C’est ce qu’a souligné, en somme, le ministre des Technologies de la Communication et de l’Economie numérique, Mohamed Fadhel Kraiem, dans son intervention lors du webinar qui a été organisé, mercredi 24 juin, par la communauté French Tech Tunis. Cet événement, tenu par la branche installée en Tunisie du réseau français de startup French Tech (implantée depuis novembre 2019), a, en effet, réuni un bon nombre d’intervenants et spécialistes du domaine du numérique, notamment des startup. L’ambassadeur de France en Tunisie, S.E Olivier Poivre d’Arvor, y a également participé. Les invités ont débattu de plusieurs thématiques qui tournent autour de l’écosystème de l’innovation en Tunisie, notamment l’accès au marché, l’avenir du secteur, etc.
Labellisation Startup Act : une moyenne de 20 startup par mois
Ouvrant le débat, le ministre des Technologies, a mis l’accent sur le rôle qu’a joué le digital, en particulier les startup dans la gestion de la crise du Covid-19. «On a été témoin d’un élan de solidarité. Plusieurs solutions technologiques ont vu le jour comme les applications mobiles qui ont été mises en place pour le suivi du confinement ou pour la gestion de la logistique dans les hôpitaux, les robots, les bracelets électroniques, etc. Cela montre qu’on a un écosystème de startup solide et que dans le processus de la digitalisation, on peut compter sur les startup», a-t-il souligné. Pour relever le défi de la période post Covid-19, ajoute-t-il, il faut renforcer le rôle des startup dans le processus de la digitalisation de la société et de l’économie.
En outre, le ministre des Technologies a fait savoir que depuis l’instauration du cadre juridique Start-up Act, 280 startup ont été labélisées sur 500 startup candidates, soit une moyenne de 20 startup par mois. «Le comité chargé de la labellisation a été mobilisé tout le temps, même durant la période du confinement où il a travaillé à distance en tenant des conférences en ligne pour permettre aux candidats de pitcher à distance », a-t-il précisé. Et d’ajouter : «Outre le cadre juridique réglementaire incitatif, on a aussi mis en place un cadre de financement. En effet, le parlement a ratifié l’octroi d’un prêt de 45 millions de dinars de la Banque mondiale qui vont alimenter le fonds des fonds géré par la CDC au profit des startup. 8 millions de dollars ont été également déboursés pour l’accompagnement de l’écosystème des startup». Kraiem a, par ailleurs, souligné que la French Tech Tunis est un cadre qui permet aux startup françaises de venir et investir en Tunisie.
Des solutions novatrices présentées par des startup
Dans son intervention, S.E Olivier Poivre d’Arvor a mis l’accent sur «le génie scientifique» et «l’ingénierie tunisienne» dans le domaine du numérique qui sont reconnus partout dans le monde et qui peuvent faire de la Tunisie une destination mondiale pour les startup. «L’image de la Tunisie n’est plus celle des palmiers de Djerba. Elle est beaucoup plus propulsée par cette start-up nation que vous êtes», a-t-il affirmé.
Le président de la Fédération du numérique à l’Utica, Kais Sellami, a, pour sa part, expliqué que l’écosystème du numérique s’est distingué, durant la crise du coronavirus, par une forte collaboration entre ses divers acteurs, notamment privés et publics. Il a précisé que depuis le début de la crise, plus de 300 innovations ont été réalisées dont 80% ont été présentées par des startup. «Durant cette période de trois mois, l’écosystème a été marqué par 4 caractéristiques qui doivent être maintenues après la crise, à savoir la créativité, la réactivité, l’innovation et l’agilité. Cette dynamique qui a prévalu lors de la crise du Covid-19 doit être maintenue après la crise», a-t-il noté.
Les défis du développement du numérique
Sellami a, par ailleurs, précisé que la fédération travaille sur le renforcement des liens entre les grands groupes non seulement du numérique mais aussi des autres secteurs économiques comme l’industrie, la finance, etc. et l’écosystème des startup. Une série de rencontres B2B seront organisées par la fédération à partir du 9 juillet jusqu’au mois d’octobre dans l’objectif de mettre en liaison les startup avec des clients potentiels, notamment des groupes et des entreprises industriels.
S’exprimant sur les problèmes que connaît le secteur du numérique en Tunisie, Badreddine Ouali, président du Groupe Vermeg, une société leader dans le secteur du numérique en Tunisie, a souligné que «le nerf de la guerre n’est pas l’argent mais c’est le talent». Il a fait savoir, à ce sujet, que le développement du numérique en Tunisie fait face à 3 défis majeurs, en l’occurrence l’immigration des talents, les problèmes de mobilité pour les compétences de la gent féminine et l’absence de développement dans les régions. Il a expliqué, à cet égard, que le télétravail —une des opportunités qui a émergé suite à cette crise— va pouvoir remédier à ces trois problèmes.