L’entrée en vigueur du confinement général, à partir du 22 mars et sa prorogation jusqu’au 3 mai 2020, a impacté significativement l’activité économique dans le pays. Les effets induits se sont traduits essentiellement par la perturbation, sinon l’arrêt de la production, l’interruption des opérations du commerce international, le départ en chômage technique d’une partie importante des employés et l’aggravation de la situation financière des entreprises.
Dans une enquête menée lors de la période du confinement auprès de plusieurs entreprises exerçant dans différents secteurs, pour mesurer l’impact du Covid-19 sur la situation économique et les perspectives des entreprises allemandes en Tunisie, la chambre tuniso-allemande de commerce et d’industrie (AHK) indique que 71% des entreprises ont effectué une demande en ligne pour le maintien de l’activité pendant le confinement sanitaire.
Presque la moitié (47%) des entreprises ont eu au moins partiellement l’autorisation du ministère pour poursuivre leur activité et 36% n’avaient pas encore obtenu de réponse.
De même, 44% des entreprises, ayant participé à cette enquête, ont pu assurer une continuité partielle ou un maintien minimal de leur activité pendant le confinement, avec une mobilisation de leurs effectifs fortement réduite. Plus de la moitié sont à l’arrêt complet. L’enquête a montré que la pandémie a eu un impact multiple sur l’activité de l’entreprise allemande implantée en Tunisie, impact conséquent sur l’emploi, impact financier où les répercussions ont été même anticipées comme très fortes par 36% des sociétés.
A ceux-ci s’ajoute l’impact sur les investissements. En effet, 20% des enquêtés s’attendent à devoir annuler leurs investissements et 19% uniquement croient pouvoir maintenir leurs investissements prévus.
L’enquête précise également qu’environ 2/3 des entreprises ne pensent pas que le maintien de leurs activités en Tunisie soit en danger, contre 36% qui n’excluent pas, tout de même, une fermeture définitive.
Un autre volet a été évoqué dans cette enquête relative à l’impact de la crise sur l’attractivité de la Tunisie. Ainsi, pour la grande majorité des entreprises, le pays reste attractif comme site d’implantation. Bien que 24% craignent une perte d’attractivité, 10% y voient même une chance d’amélioration.
Faut-il rappeler que cette enquête a été menée en ligne auprès de 130 entreprises membres allemandes installées en Tunisie avec un taux de réponse de 50%.
Ctfci : 66% des entreprises restées en activité
Dans le même contexte, la chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (Ctfci) a lancé une enquête sur l’impact de la pandémie sur les entreprises adhérentes à la Ctfci. L’objectif étant de mesurer l’impact de cette crise sur l’évolution du chiffre d’affaires des entreprises, ses retombées sur la gestion interne des employés, la perception des chefs d’entreprise sur la durée de la période de confinement total, relever les nouvelles méthodes de travail adoptées par les entreprises et jauger les mesures économiques décidées par le gouvernement.
Un échantillon de 146 entreprises représentant divers secteurs d’activité, de différentes tailles, totalement ou partiellement exportatrices, a répondu à cette enquête. Ces entreprises qui ont répondu au sondage sont localisées dans cinq grandes régions : Le Grand Tunis (65%), Nord-Est (16%), Nord-Ouest (4%), Sahel (12%) et le Sud 3%. Elles exercent dans différents secteurs : industrie (49%) et services (51%). Durant la période du confinement, 66% des entreprises sont restées en activité, alors que 34% ont été en arrêt.
Concernant les mesures annoncées par le gouvernement pour soutenir les entreprises économiques, 58% pensent qu’elles sont insuffisantes, moyennement suffisantes pour 36% d’entre elles et largement suffisantes pour 6%.
Les entreprises adhérentes à la Ctfci ont suggéré un ensemble de mesures sociales visant l’exonération des charges patronales de 3 à 6 mois, la prise en charge de 50% des salaires et des salaires pour les entreprises qui feront recours au chômage partiel.
Ceci outre la suggestion de mesures bancaires dont l’octroi de crédit à taux bonifié, garanti par l’Etat couvrant la masse salariale d’une année, le financement bancaire pour la trésorerie à taux 0 de la part de l’Etat, la fixation par décret des modalités pour l’octroi par les banques de financement de fonds de roulement avec la garantie de l’Etat.
D’autres mesures sont à l’affiche, à savoir la mise à disposition des entreprises du secteur BTP d’une ligne de financement à taux préférentiel, et l’annulation des frais de report des échéances bancaires et de leasing.
Ceci sans oublier la création d’une cellule de proximité pour suivre la situation des PME, vérifier les annulations des contrats de sous-traitance et la mise en place d’un fonds de restructuration des PME.