Les Tunisiens l’avaient déjà pressenti et la tournure des événements a bien confirmé leurs appréhensions: la multiplication des instances et des commissions chargées d’enquêter sur une probable compromission d’Elyès Fakhfakh dans l’affaire de conflit d’intérêts, et donc dans le crime de corruption, allait semer la confusion parmi les Tunisiens et les pousser au désarroi, en ce sens qu’aujourd’hui, il n’existe pas deux citoyens qui partagent le même avis ou qui peuvent émettre la même opinion sur ce qu’ont révélé les rapports déjà publiés par les enquêteurs diligentés par Mohamed Abbou ou par Nizar Yaïche, ministre des Finances, ou par Chawki Tabib, président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), en attendant les conclusions auxquelles parviendront la commission parlementaire d’investigation présidée par Iyadh Elloumi et la commission parlementaire chargée de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.
Autrement dit, et pour être plus clair, la diversité des instances et des commissions chargées de révéler aux Tunisiens les dessous de l’affaire aurait abouti à l’effet contraire des résultats escomptés dans la mesure où on assiste, aujourd’hui, à une véritable guerre de déclarations, les unes contredisant les autres, et à une polémique enflant, de jour en jour, entre les représentants de ces commissions et instances s’accusant, désormais, de servir les intérêts de certaines parties et de s’inscrire dans les agendas de partis désireux de s’assurer un positionnement rassurant au sein du prochain gouvernement.
Et s’il y a un constat à dresser ou un enseignement à tirer de l’imbroglio dans lequel s’est empêtré le paysage politique et civil national, à la faveur des révélations et des secrets distillés quasi-quotidiennement à propos de l’affaire Fakhfakh, c’est bien celui de se trouver (pour le citoyen lambda et même pour les initiés) dans l’incapacité de distinguer le bon grain de l’ivraie, de donner raison à quiconque ou de qualifier de fausses ou non avenues les hypothèses ou les conclusions développées et défendues par d’autres sources se proclamant elles aussi indépendantes et crédibles.
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