Hier, lundi 27 juillet, Hichem Mechichi, chef du gouvernement désigné, a entamé ses consultations en vue de la formation de son équipe ministérielle. Pour le moment, rien n’a filtré sur les propositions qu’il envisage de soumettre à ses interlocuteurs. Sauf que ces derniers n’ont pas hésité à se permettre de lui glisser leurs conseils d’amis et aussi leurs douces pressions.
Maintenant que Kaïs Saïed a pris à contrepied la classe politique en désignant Hichem Mechichi, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement démissionnaire d’Elyès Fakhfakh, au poste de Chef de gouvernement en vue de la formation de la future équipe ministérielle, dans un délai d’un mois à compter du dimanche 26 juillet, maintenant que l’administration publique, pilier du régime républicain, a été réhabilitée en voyant l’une de ses meilleures compétences chargée de la noble mission de doter le pays d’un gouvernement censé le sauver du désastre face à l’une des crises les plus graves que la Tunisie ait connue depuis l’avènement de la révolution et, enfin, maintenant que plusieurs partis et composantes de la société civile saluent la décision présidentielle de confier la mission de sauver l’Etat à Hichem Mechichi, qu’ils considèrent comme disposant de la compétence appropriée, des aptitudes professionnelles requises, de l’expérience et du savoir-faire qu’il faut pour «répondre aux attentes de tous les Tunisiens», comme il l’a lui-même souligné, en recevant la lettre de désignation des mains du Chef de l’Etat, samedi 25 juillet, la question que tout le monde se pose est la suivante : quelle est l’approche que va suivre Hichem Mechichi pour former son équipe gouvernementale et lui assurer la confiance d’un Parlement où il ne bénéficie, faut-il le rappeler, d’aucun soutien partisan ou même de coalition dans la mesure où il n’appartient à aucun parti représenté au palais du Bardo et n’est proche d’aucune coalition parlementaire ?
Encore une fois, le pays se trouve en face d’un Chef de gouvernement désigné par le Chef de l’Etat conformément aux dispositions de l’article 89 de la Constitution, un Chef de gouvernement qui ne dispose pour le moment que de la lettre de désignation présidentielle qu’on pourrait qualifier de programme ou d’avant-programme sur lequel il va fonder ses consultations avec les partis politiques, les coalitions et peut-être les organisations et les associations de la société civile et éventuellement les personnalités dites nationales et se prévalant d’être indépendantes (jusqu’à preuve du contraire et en attendant que Yassine Ayari pioche dans leurs secrets) au cas où il choisirait, avec l’aval certain du Président Saïed, de constituer un gouvernement de compétences indépendantes et apolitiques au risque de voir les députés les débouter et refuser de leur accorder leur confiance. Et cet avant-programme révélé en détail par le Chef de l’Etat lui-même se résume en deux composantes fondamentales. D’abord, faire en sorte qu’aucun millime de l’argent public ne soit dilapidé et que les biens spoliés et les avoirs détournés reviennent aux caisses de l’Etat. Ensuite, faire face avec fermeté et rigueur à tous les comploteurs qui essayent vainement de porter atteinte à la sécurité de l’Etat et de menacer son existence même.
Les conditions des futurs partenaires de Mechichi
sur le programme qu’il va proposer à ses interlocuteurs et cultive le suspense sur la nature du gouvernement qu’il envisage de former (un gouvernement politique basé sur la formule des quotas partisans, un gouvernement restreint formé de compétences indépendantes et non partisanes, un gouvernement d’union nationale où toutes les formations politiques marqueront leur présence sauf celles qui s’excluront d’elles-mêmes), ce sont les chefs et les dirigeants de certains partis politiques qui ont pris l’initiative d’éclairer la lanterne de l’opinion publique sur la base de ce qu’ils attendent de voir Mechichi leur proposer ou sur la base des conseils qu’ils pourraient lui glisser dans le but d’éviter de tomber dans les erreurs commises par Elyès Fakhfakh lors des consultations en vue de constituer son équipe ministérielles tombée en disgrâce en moins de six mois, le délai constitutionnel avant lequel on ne peut soumettre au Parlement une motion de censure en vue de sa destitution.
Ainsi, Zouheïr Maghzaoui, député et S.G. du parti Achaâb, et Khaled Krichi, député d’Achaâb, appellent-ils à la constitution d’un gouvernement politique «avec la participation des chefs de partis politiques». Ils considèrent que tous les partis peuvent y participer, y compris Qalb Tounès, mais sans Ennahdha «dans la mesure où les Tunisiens respireront à pleins poumons au cas où le parti islamiste ne ferait pas partie du prochain gouvernement». Quant à Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), elle assure que ses députés accorderont leurs voix au gouvernement qui sera formé par Mechici à condition qu’il ne comprenne aucun représentant nahdhaoui ou un pseudo-indépendant qui se révélera appartenir à Ennahdha. De son côté, Imed Khemiri, député et porte-parole d’Ennahdha, révèle que son «parti participera positivement aux consultations et attend ce que Mechichi va proposer afin de décider de notre réponse à ses choix».
Attayar s’est exprimé par la voix de son député Mohammed Ammar, qui assure : «Nous interagirons positivement avec les idées et les approches que développera à notre intention le Chef du gouvernement désigné». Qalb Tounès s’est aussi invité à la foire des attentes en annonçant par la bouche de Oussama Khlifi, le chef de son groupe parlementaire, qu’il est prêt à discuter avec le Chef du gouvernement désigné et qu’il n’a aucune objection contre la participation de quiconque au prochain gouvernement.
Liberte
28 juillet 2020 à 09:17
J’ai hâte d connaître les membres du futur gouvernement, comment il va les constituer ?