LE secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, a récemment taclé les protestataires qui entravent la production, bloquent les routes et empêchent le transport du phosphate. « Oui pour la lutte pour les droits, non à l’interruption de la production », a-t-il asséné en marge de sa participation aux travaux du congrès ordinaire de l’Union régionale de Zaghouan, tenu à Hammamet.
« Nous avons dépassé toutes les lignes rouges ! la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), le Groupe chimique tunisien (GCT) et les champs de pétrole sont une question de sécurité nationale », a-t-il précisé.
Ce n’est pas dans les habitudes de Taboubi de pointer du doigt les revendications insupportables des contestataires, lui qui se conforte dans l’excitation destructrice des ouvriers et se range de leur côté. Pourtant, cette fois-ci il a dérogé à la règle car la menace qui plane sur l’économie nationale risque de faire plonger le pays dans un gouffre sans fin. En effet, depuis qu’il est devenu plus proche du Président de la République, qui l’associe aux audiences où se prennent les décisions les plus importantes au Palais de Carthage, il endosse une responsabilité qui dépasse le simple spectre revendicateur de la centrale syndicale.
Etant au fait de l’intrigue des diviseurs et au courant des stratagèmes politiques des acteurs du trouble et du chaos, Taboubi n’agit plus comme une force de conservation mais plutôt de transformation. En effet, cette attitude fort louable du premier syndicaliste pourrait renverser la vapeur et éviter que les piliers de la compétitivité tunisienne ne s’effondrent par un effet domino, à cause de la montée des tensions sociales, de la dégradation des relations professionnelles, des problèmes de bureaucratie, de l’instabilité politique, de la corruption, du déficit financier, de l’absence de transparence et de bonne gouvernance.
De ce fait, il réduit considérablement ce fossé énorme qui sépare les entreprises des salariés et mettra sur orbite, de nouveau, une économie plombée par des contestations à n’en plus finir.
Certes, on savait qu’on n’est plus en odeur de sainteté depuis plus de neuf ans et que dans des agences de notation internationales, toutes catégories confondues, la Tunisie se trouve au bas de l’échelle, mais cette nouvelle position plus sage, plus patriotique, pourrait rallumer les moteurs du développement qui sont presque tous en panne et contredire ainsi ces oracles des temps modernes, auxquels on accorde un crédit presque surnaturel, qui prédisent une banqueroute à notre pays.