Kaïs Yaâkoubi qui débarque au CAB à la place de Hidoussi (rebelle contre son comité directeur), Saïd Saïbi qui laisse Lassaâd Dridi pour prendre en main (mais comme entraîneur en chef) le CSC, Khatoui qui supplée Tasco au CSHL, la vie d’un entraîneur en Tunisie n’est pas une sinécure. C’est une forme de précarité. Le poste d’entraîneur, dans les championnats de haut niveau, a plus de valeur et surtout plus de stabilité. Sur notre championnat, un club peut recruter 4, voire 5 entraîneurs par saison!
Des présidents de clubs peuvent cumuler lors de leurs mandats jusqu’à 15 entraîneurs ! Des chiffres effrayants et si nocifs pour la trésorerie d’un club. Quand on est entraîneur en Tunisie, on est forcément dans une forme précaire de travail.
Ceci veut dire que l’entraîneur ne doit pas pister un moyen terme et des idées de travail continu. Il doit regarder à très court terme, c’est-à-dire les 5 ou 7 matches qui viennent. Il doit résoudre les problèmes des vestiaires, celui des joueurs impayés ainsi que l’entourage malsain. En même temps, il doit faire de bons résultats même quand les moyens font défaut. Sinon, il est «lâché» et limogé à la moindre défaite. Les entraîneurs tunisiens savent que c’est la règle du jeu. Ils critiquent cette précarité en public, mais en leur for intérieur et dans leur entourage, ils disent que ça les aide à travailler même pour quelques mois. Leur sort n’est pas lié à l’évolution de leurs équipes, à l’amélioration de leurs joueurs mais simplement aux points ramassés. Ceux qui les suivent et les jugent sont souvent des dirigeants englués dans leurs problèmes financiers. Ils n’ont pas l’habilité pour protéger leurs entraîneurs devant un public peu connaisseur en ce moment et déchaîné sur les réseaux sociaux. Notre entraîneur est donc livré à lui-même. Il navigue à vue, il prépare sa valise le même jour où il débarque et, dans la plupart des cas, on ne lui offre pas les conditions minimales pour réussir. La stabilité n’est pas quelque chose de logique dans ce décor mal agencé. Lors des prochaines journées, d’autres entraîneurs vont être obligés de lâcher prise au gré des résultats.
C’est le seul langage qu’on comprend, et c’est le seul modèle qui prime. Le métier d’entraîneur au championnat tunisien n’est pas facile du tout !