L’accompagnement psychologique représente une composante importante de l’unité dans laquelle sont effectués les examens médicaux exigés par les autorités judiciaires.
L’Unité Médico-Judiciaire (Injed) a été créée en mars 2016 au sein du service de médecine légale pour prendre en charge les femmes victimes de viol. C’est dans cette unité que sont réalisés les examens médicaux exigés par les autorités judiciaires pour prouver la culpabilité de l’agresseur. Cette unité a été aménagée de façon à fournir les meilleures conditions d’accueil et de prise en charge de ces victimes qui se présentent souvent dans un profond état de détresse psychologique. Parallèlement à la mission du médecin légiste qui effectue les examens médicaux, dont les résultats servent de preuves pour appuyer ou réfuter les allégations de viol, une psychologue s’entretient avec la victime afin de la rassurer et de la réconforter. Cette unité, qui s’appelle l’Injed, a été spécialement conçue pour accueillir les victimes en toute discrétion dans des box isolés, en leur évitant une attente trop longue qui pourrait décourager certaines d’entre elles. Le médecin psychologue est présent pour instaurer, dès le premier contact, un climat de confiance afin de préparer la plaignante à la consultation médico-légale. Il s’agit également d’expliquer, à cette dernière, la finalité de l’examen, à savoir, entre autres, la facilitation de l’enquête judiciaire afin d’obtenir gain de cause et de punir le coupable.
Pour éviter à la victime une procédure trop longue qui ne ferait qu’accentuer sa souffrance psychologique, toutes les étapes de l’examen se déroulent en un seul temps : entretien,examen, prélèvements, soins, conseils, photo. Le second entretien, qui a lieu après la consultation médico-légale, est primordial, dès lors qu’il va permettre d’asseoir les bases du processus de résilience et de reconstruction dans lequel va s’engager la plaignante. Le médecin psychologue de l’Injed va l’aider à évaluer ses besoins et débuter l’accompagnement dans ce processus en l’orientant vers le ou la confrère qui va assurer et poursuivre sa prise en charge psychologique. Tous les résultats des examens des victimes accueillies dans cette unité sont soigneusement consignés dans des rapports confidentiels mis à la disposition des autorités judiciaires et jalousement gardés par des résidents de l’unité afin de protéger les données personnelles et privées des plaignantes.
La moyenne d’âge des victimes d’agression physique et de viol : 17 ans
On pourrait penser que la mission de l’Injed s’arrête là, mais c’est loin d’être le cas. Les plaignantes ne sont pas abandonnées à leur triste sort. En raison de l’opprobre qu’elles jettent sur leurs familles, les victimes étant généralement rejetées par leurs entourages, l’unité ne les lâche pas et les accompagne dans leur long cheminement vers la reconstruction, en les aidant notamment à se réintégrer de nouveau dans leur environnement familial et à rétablir la communication avec leurs proches. Selon les chiffres présentés par la psychologue de l’unité l’Injed, Aïda Neffati, au cours d’une table ronde qui s’est tenue vendredi dernier à l’Office national de la famille et de la population, l’agression sexuelle représente, dans 65% des cas, le principal motif de consultation dans l’unité d’urgence médico-judiciaire.
38% des victimes ont entre 14 et 17 ans et sont, pour la majorité, des adolescentes. Toujours selon ces statistiques, le nombre le plus élevé d’agressions a été enregistré a Tunis (35,4%), suivi des villes de l’Ariana (20,7%), Ben Arous (18,4%) et La Manouba (13,9%). Aujourd’hui, la psychologue de l’unité pointe du doigt deux lacunes : la difficulté d’accès à la justice et l’insuffisance de moyens permettant de prendre en charge convenablement les victimes.