Accueil Culture «L’infirmière» de Kôji Fukada à Cinémadart et Ciné Amilcar  : Un polar vertigineux

«L’infirmière» de Kôji Fukada à Cinémadart et Ciné Amilcar  : Un polar vertigineux

Kôji Fukada, réalisateur montant de sa génération, encore méconnu en Occident, nous dresse l’anatomie d’une société japonaise contemporaine et de ses travers, avec comme toile de fond l’inconscient et les démons intérieurs d’une femme broyée par une redoutable machination.

Kôji Fukada a déjà fait ses preuves dans une liste exhaustive de films plus différents et déroutants les uns des autres : on l’a déjà vu tirer les ficelles dans un long métrage d’animation expérimental intitulé La grenadière, il a marqué les festivals internationaux grâce à Harmonium, mélodrame transcendant, a fasciné les fans de la SF dans Sayonara, a fait rire dans Hospitalité et a fait ses preuves de scénariste dans un récit dramatique titré Au revoir l’été. Il revient en 2019 dans L’infirmière, drame social d’une complexité pas forcément… saisissante. Le film raconte l’histoire d’Ichiko, infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement. En retraçant la chaîne des événements, un trouble grandit : est-elle coupable ? Qui est-elle vraiment ?

Eclate alors une tempête médiatique, dans une société contemporaine et foncièrement attachée aux traditions, marquée par de nombreux codes et par les conventions. La machination a été amplifiée par une plongée dans l’inconscient de l’accusée donnant au film une structure et une narration des évènements totalement saccadées.

La confusion s’installe au moment où le kidnapping se déroule, jetant ainsi tous les projecteurs sur Ichiko, déjà aux prises à des crises de démence, à des moments creux de solitude, à ses démons mentaux intérieurs, à des illusions où la réalité et les faux-semblants s’entremêlent. Relations malsaines, toxiques, amours interdites, fantasmes, vengeance, sournoiseries… Sur 1h50, plus le temps passe plus s’installe la perplexité empêchant le spectateur de rassembler les pièces du puzzle.  Le polar n’est en rien classique par sa structure temporelle enchevêtrée. L’héroïne est présentée en apparence comme étant victime, mais elle dégage une intranquilité et une ambiguïté dérangeantes. Le film s’essouffle dans un dénouement rapide et gênant, fourré aux questionnements. Une réalité peinte dès le départ s’est aussitôt désintégrée par une folie furieuse de plus en plus pesante. Le film s’appelle en anglais A girl Missing, a raflé le prix spécial du jury au Festival de Locarno en 2019 et le Léopard d’or de la meilleure interprétation féminine dans le même festival.

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