Politique et finances inquiètent, bien sûr. Nos seniors disent: depuis l’Indépendance, jamais les gouvernants n’ont aussi «goulûment» fréquenté le pire, jamais la faillite n’a autant menacé le pays.
Reste qu’il y a pire encore.
Il y a la Covid-19 qui s’installe de nouveau. Qui se propage et qui tue .Et le sentiment est que personne n’en a tellement cure, cette fois-ci.
Pourquoi ? Les réponses tardent pour l’heure. Ou alors c’est qu’elles sont confuses, comme volontairement confuses. C’est qu’elles cherchent à dissimuler quelque vérité.
La «thèse» la plus courante, jusqu’ici, consiste à partager «les torts» entre responsables et citoyens.
Les premiers «se réfugient derrière les nécessités de l’économie», les seconds «faisant fi des consignes de santé».
«Thèse» plausible, mais commode. Le problème, le vrai, est que les deux attitudes en cause ne sont pas «inconciliables».
On omet juste (ou alors on évite) de les «concilier».
Les Tunisiens qui négligent la Corona aujourd’hui ne l’ont nullement négligée en mars dernier. Il y a une raison rationnelle à cela, une bonne raison. Pas forcément celle de dire que le peuple a vite crié victoire et qu’il «s’y laisse aller».Non plus, celle qui invoque des arguments de culture et de mode de vie. Trop facile. Le plus logique est de conclure à une entente entre un Etat et une population qui a fait ses preuves hier, et qui nous fait désormais défaut .
La crainte du confinement total se comprend absolument. L’expérience de la première vague le prouve, c’est un naufrage pour l’économie. Mais laisser aux seuls citoyens la responsabilité de se protéger d’une telle épidémie n’est pas moins dangereux ou nocif.
Se suffire de rappeler aux gestes barrières, de clamer, fût-ce à longueur de spots radios et télés, les vertus protectrices du masque, ne vaut pas grand-chose, tout le monde le voit bien, quand l’espace public tout entier est abandonné à lui-même. A son organisation «coutumière». A sa gestuelle urbaine. A ses files d’attente, à ses rassemblements.
Un récent rapport de l’OMS indique que le taux de protection des masques et de «la distanciation sociale» n’excède pas les 76%. Cela, entendons bien, dans les meilleurs des cas. Lorsque gouvernants et gouvernés s’y mettent, en commun. Et le plus sérieusement du monde.
Les restos, les cafés, les bars vaquent à leurs affluences habituelles en ce moment dans nos grandes villes, dans toutes nos régions. Les fêtes de mariage, de même. Il y a aussi des tendances «foule» dans les festivals, les théâtres et les cinémas. Degré de «mesures sanitaires» : proche de zéro.
L’Etat se tait. Le peuple suit. Telle est la situation. Sans un retour rapide à l’entente, au travail de surveillance des gouvernants et de vigilance (directement conséquent) des citoyens, ne nous illusionnons pas, la seconde vague de la Covid sera bien difficile à surmonter.