Quatre destins de jeunes, un quartier, une décennie, une révolution, ses espoirs d’avant, ses déceptions d’après. Un aller-retour de 2007-2017, de la dictature à la démocratie.
Hakka Distributions est devenue au fil de ces dernières années la référence en termes de diffusion de films tunisiens de la nouvelle génération. Et c’est dans leurs principales salles que nous retrouvons la primeur des productions tunisiennes. De ce fait, il n’est pas étonnant qu’Ulysson en tant que boîte de prod et Wided Zoghlami, la réalisatrice, leur confie la sortie de «Fathallah TV».
Quatre destins de jeunes, un quartier, une décennie, nous embarquent dans un voyage fait d’allers-retours entre deux époques : 2007-2017. De la dictature vers la démocratie, comment ces jeunes Tunisiens d’un quartier populaire de la banlieue sud de Tunis ont vécu et fait l’Histoire. Les témoignages de ces jeunes et de leur vie de quartier, tel un échantillon de laboratoire, révèlent la réalité. En 2007, c’est une réalité cachée qui a été filmée, en 2017, c’est une réalité criante qui est dévoilée ! Par ce film, c’est le pouls de toute une génération et d’un pays que l’on prend.
Wided se raconte dans ce film, raconte Tiga, Paza et Halim…raconte l’amour de la musique, une musique que rien ne retenait. Mais Fathallah n’est pas seulement un film sur un groupe de musique, ni l’histoire d’un artiste, nous ne sommes pas dans la fiction, ni dans le documentaire bien soigné, qui calcule son coup pour bien percuter. C’est un film que nous voyons devenir avec ses protagonistes qui y participent, et que son auteure filme comme si elle écrivait un journal intime. Car de l’intime, il y en avait, et entre Wided et Halim c’est une passion qui les a dévorés, un bout de chemin fait ensemble, deux artistes nés en même temps que le film se faisait. Et, Fathallah, comme lieu, ce quartier à deux stations du centre-ville est un ghetto pour ses enfants.
Le film, c’est dix années de leur vie à tous, dix années qui se laissent filmer depuis le premier regard, la première rencontre. Entre-temps, l’eau coule, les chemins se croisent et les destins se dispersent. Ces quatre jeunes grandissent, construisent une vie, s’éclaboussent, se heurtent, des carrières se dessinent à coups de chansons et de musique. Taza, Tiga, Halim et les autres, chacun a fait son bonhomme de chemin, seul Fathallah reste là, immuable, témoin de son temps et des âmes égarées qui n’ont pas encore retrouvé leur chemin.
De ces 10 années, un film est né, mais aussi des artistes aujourd’hui à la carrière confirmée. Un pur moment de vie et de cinéma à partager et à ne pas manquer entre Ciné Amilcar et Mad’Art.