Accueil Economie Supplément Economique Endettement hôtelier | L’accès au financement international de plus en plus difficile

Endettement hôtelier | L’accès au financement international de plus en plus difficile

La Tunisie a besoin régulièrement de recourir à des crédits pour pouvoir boucler son budget. Il est nécessaire de maîtriser l’endettement, en identifiant de nouvelles sources de financement, à commencer par le compter-sur-soi pour accroître les revenus en devises.

L’endettement a atteint en Tunisie, au cours de ces dernières années, un niveau vraiment élevé qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses dans le futur, d’autant plus que l’Etat ne dispose pas de ressources pour rembourser ses crédits. De nouveaux emprunts devraient être lancés en vue de constituer un panier de fonds destiné au financement du service de la dette. Ce cercle vicieux risque de perdurer si l’Etat ne trouve pas une autre solution pour accroître ses ressources. D’ailleurs, la sortie de notre pays sur le marché financier international est devenue très limitée. A une certaine période, il a fallu la garantie des USA pour pouvoir sortir sur le marché et contracter des crédits.

L’Etat s’est tourné également vers le marché local pour obtenir des crédits en devises. Ainsi, plusieurs banques tunisiennes ont accepté d’adhérer à ce processus en octroyant des crédits à l’Etat, qui demeure, malgré tout, un client solvable. L’Etat n’a jamais enregistré un défaut de paiement et il a toujours promis de rembourser les crédits contractés auprès des bailleurs de fonds dans les échéances convenues. C’est peut-être là le point fort de la Tunisie qui a toujours remboursé ses crédits dans les délais fixés.

Les clignotants au rouge

D’après les chiffres disponibles, la Tunisie a décaissé 6 milliards de dinars au titre du service de la dette extérieure jusqu’au 31 août dernier, contre 7,1 milliards à la même date en 2019, soit une baisse de 1,1 milliard de dinars (-15%), selon les données de la Banque centrale de Tunisie (BCT). L’Etat a recours à l’endettement souvent pour boucler son budget annuel qui comporte plusieurs dépenses, dont le budget de fonctionnement et de gestion des ministères, des administrations publiques et des structures sous tutelle. L’administration étant très chargée d’effectifs et les dépenses sont importantes.

Il ne reste souvent que quelques miettes pour les projets de développement régional. Les habitants des régions intérieures ont toujours protesté face au manque de projets industriels et de services où ils peuvent travailler, en bénéficiant de revenus stables. Ces manifestations ont eu lieu à Gafsa, au Kamour, à Tozeur et dans d’autres régions du Centre et de l’Ouest. Dans le bassin minier de Gafsa, à titre d’exemple, les manifestants ont arrêté le mouvement des trains transportant le phosphate pour permettre à la société des camionneurs d’effectuer cette tâche.

C’est aussi le cas dans certains champs pétroliers où les protestataires ont empêché les travailleurs de se rendre à leur poste tant que leur problème de chômage n’est pas résolu. D’ailleurs, les responsables de ces champs ont adressé une lettre au chef de l’Etat lui demandant d’intervenir pour trouver une solution à cette situation malsaine qui n’a que trop duré.

Trouver de nouvelles sources de financement

Selon la loi de Finances 2020, le service de la dette extérieure (principal + intérêts) devrait s’établir à 6,6 milliards de dinars (-2,9%). La dette est composée à hauteur de 4,75 milliards en principal (-9,1%) et de 1,85 milliard en intérêts (+17,4%). C’est un montant colossal dont l’Etat a grand besoin pour financer ses projets. La part réservée aux salaires constitue, à elle seule, un gouffre très profond, qui ne peut être comblé à cause des crédits. Désormais, les bailleurs de fonds imposent des mesures contraignantes à la Tunisie pour l’octroi de crédits. En outre, le taux d’intérêt est assez élevé, tournant autour de 5 ou 6% avec une révision régulière de l’état d’avancement du projet pour s’assurer qu’il ne souffre d’aucun détournement de fonds. D’ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale débloquent les crédits sur plusieurs tranches, en fonction de l’avancement des projets financés.

Les bailleurs de fonds internationaux tiennent compte des notations données par les agences de notation au sujet de l’économie des pays du monde. Au cours des dernières années, la Tunisie a obtenu des notations nulles avec des perspectives à la baisse. Cela n’encourage pas, évidemment, les banques internationales à donner de l’argent à notre pays qui a pourtant bénéficié au lendemain de la révolution d’un soutien fort de l’Union européenne pour soutenir sa transition politique et économique. Ce soutien s’est restreint, au vu des résultats réalisés par les pouvoirs publics et l’utilisation des ressources financières mises à la disposition de notre pays pour assurer sa transition.

Quant au service de la dette publique (intérieure + extérieure), il devrait atteindre 11,67 milliards de dinars au terme de l’année en cours, en hausse de 21,8% par rapport à 2019, dont 7,91 milliards en principal (+23,7%) et 3,76 milliards en intérêts (+17,9%). Par conséquent, l’encours de la dette publique devrait croître de 14% pour s’élever à 94 milliards de dinars au terme de 2020, représentant 75,1% du PIB, dont 25% de dette intérieure et 75% de dette extérieure. Et ce sont les générations futures qui vont supporter ce lourd fardeau de l’endettement.

Il est nécessaire de trouver de nouvelles sources de financement pour sortir de l’ornière, car la situation ne peut pas continuer ainsi. D’autant plus que le gouvernement a décidé de contenir l’endettement dans des proportions raisonnables et ne contracter de nouveaux crédit que si la situation l’exige vraiment. La parade se trouve dans l’augmentation de la production  et des exportations, et ce, pour améliorer nos recettes en devises. Il s’agit aussi d’attirer de nouveaux investissements extérieurs et des capitaux frais pour monter de nouveaux projets dans toutes les régions. Encore faut-il, pour atteindre cet objectif, assainir le climat des affaires, en assurant la paix sociale et la stabilité politique. L’infrastructure de base et les équipements collectifs sont également nécessaires pour inciter les investisseurs à mettre la main à la pâte et investir.

Charger plus d'articles
Charger plus par Chokri GHARBI
Charger plus dans Supplément Economique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *