Abir Moussi menace de saisir l’ONU au cas où le gouvernement ferait la sourde oreille aux dossiers explosifs qu’elle promet de soumettre à Mechichi
Depuis le siège du ministère de la Justice jusqu’à la place de La Kasbah, près de 700 manifestants destouriens, adhérents du PDL et des composantes de la société civile ont parcouru, hier à 11h00, l’avenue Bab Bnet, dans une marche de protestation contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Cette manifestation, si symbolique soit-elle, qui fait suite à l’appel du Parti destourien libre (PDL), a été organisée sous la conduite de Abir Moussi, députée et présidente du Parti destourien libre.
Dès 10h00, jeunes et sympathisants du parti ont afflué de tous horizons, brandissant des pancartes à l’effigie de l’adjudant de la Garde nationale Sami Mrabet, tombé dernièrement en martyr dans l’attaque terroriste survenue au niveau du croisement Akouda-Kantaoui à Sousse. Et le flux des participants ne cessait de s’étendre, sous un soleil de plomb, sur fond de slogans hostiles aux Frères musulmans, qualifiant Ennahdha d’organisation terroriste. Son leader, Rached Ghannouchi, président de l’ARP, a été aussi accusé d’être le chef d’orchestre terroriste et celui qui tire les ficelles des escadrons de la mort, depuis le règne de la Troïka. Ainsi, les manifestants ont haussé le ton : « Non au terrorisme au parlement », « Ghannouchi assassin… », « Honte aux Frères musulmans et leur règne », « Ennahdha, dégage », « martyr, repose en paix, on continue le combat », « Ouvrez les dossiers, où sont les jugements? » et bien d’autres slogans retentissant tout au long de l’itinéraire.
Dans sa déclaration aux médias, donnée chemin faisant, Abir Moussi a fait assumer la responsabilité au gouvernement, l’exhortant à prendre les choses en main, à même de faire face aux réseaux terroristes, tuer dans l’œuf leurs cellules dormantes et barrer la route aux circuits du blanchiment d’argent. « Sinon, nous en tant que parti d’opposition, nous allons saisir l’ONU, afin d’éviter à la Tunisie ce danger terroriste galopant dont les Frères musulmans sont les premiers responsables », lance-t-elle, ajoutant que toutes les statistiques dont dispose son parti montrent que l’hydre terroriste demeure, à ses dires, « un produit local ». Et Mme Moussi de déplorer l’absence d’une volonté politique qui puisse combattre sérieusement ce monstre qui a fait tant de victimes parmi nos forces armées. « A preuve, on n’a vu, jusque-là, aucune suite des procès d’assassinats politiques, des jugements des terroristes et des enquêtes faites sur les revenants des zones de conflits… », argue-t-elle, pointant du doigt ce qui se passe au Parlement, en termes de soutien au terrorisme et au blanchiment d’argent. Au Chef du gouvernement Hichem Mechichi, la présidente du PDL a lancé un appel en urgence : « Que ce réseau terroriste soit démantelé et ses auteurs soient publiquement jugés ». En clair, elle lui impute la responsabilité d’agir en connaissance de cause.
Le choix justifié
de l’itinéraire
Entre-temps, le cortège des manifestants continue sa marche vers La Kasbah, sous haute protection sécuritaire. A l’arrivée, Mme Abir Moussi reprend la parole pour dire ce qu’elle avait sur le cœur. Pour elle, l’itinéraire commencé du ministère de la Justice pour finir devant la présidence du gouvernement est significatif à plus d’un titre. D’abord, le département de la Justice est tenu de mettre en œuvre une stratégie pénale qui rompe avec le terrorisme, ayant le plein pouvoir de juger ses auteurs, couper court au blanchiment d’argent et mettre fin à l’impunité. Et pourquoi on s’est dirigé vers la présidence du gouvernement comme point d’arrivée? Parce qu’elle chapeaute tout et contrôle tous les autres ministères. Autant dire, c’est elle qui veille à la sécurité du pays et à l’intégrité du territoire. Bref, elle a tout pour exécuter la stratégie de lutte contre le terrorisme. Elle voudrait dire que la balle est dans le camp de M. Mechichi. Son message est clair : « La lutte antiterrorisme est une revendication populaire, d’où le gouvernement devrait, alors, répondre à l’appel ».
Message au gouvernement
La présidente du PDL dit avoir à sa disposition des documents et données chiffrées sur l’ampleur du phénomène terroriste : « La Tunisie est classée première dans l’exportation des terroristes dans les zones de conflits, avec plus de 1.300 terroristes sur 6.000 dans le monde déjà recherchés par Interpol ». Des statistiques alarmantes qui portent atteinte à l’image du pays, déjà ternie. Et de demander à Mechichi de déchiffrer ce dossier et fournir la liste des auteurs, leurs noms, d’où viennent-ils, qui avait envoyé nos jeunes à l’enfer dont 70% se trouvent en Libye et y en a-t-il, sous nos cieux, des revenants des zones de tensions ? Et ce n’est pas tout, l’argent sale coule à flots : « 364 milliards ont été transférés, en 48 heures du poste frontalier de Ras Jedir à l’aéroport de Tunis-Carthage, sans le moindre contrôle douanier», révèle-t-elle.
La Tunisie demeure, à l’en croire, un pays de transit du terrorisme et de blanchiment d’argent. «De 2015 à 2016, quelque 5.400 affaires terroristes intentées en justice dont seulement 800 auteurs sont détenus. Où sont passés les 4.000 autres impliqués ? », se demande-t-elle encore. Elle a indiqué qu’au Parlement, le terrorisme bénéficie aujourd’hui de soutien et de bonne couverture. Qu’attend-on pour agir fermement ? Autant de points d’interrogations auxquels l’actuel gouvernement doit apporter les réponses appropriées. D’ailleurs, le parti présentera au Chef du gouvernement tout un dossier complet faisant l’état des lieux dans le pays, afin qu’il puisse trouver la solution qu’il faut. D’ici là, le PDL a juré de ne plus reculer.
Pour lui, la guerre antiterrorisme vient justement de commencer.