Le procureur général près la Cour d’appel de Nabeul n’a pas manqué de manifester son étonnement quant au sort réservé aux diverses plaintes déposées à l’encontre du président de l’AMT puisqu’elles sont restées sans suite, allant jusqu’à mettre en doute les véritables raisons qui poussent Anas Al Hammadi à s’immiscer dans certains dossiers qui relèvent de l’indépendance de la justice, comme le stipule l’article 108 de la Constitution.
La passe d’armes entre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l’Association des magistrats tunisiens (AMT), ou mieux entre Anas Hamadi, président de l’AMT, et le procureur général près la Cour d’appel de Nabeul Khaled Abbas, et membre du CSM n’en finit toujours pas sur fond de graves accusations portées à l’encontre de ce dernier.
Hier, ce fut le tour de Abbas de monter au créneau pour déballer les quatre vérités autour d’une campagne de dénigrement qui vise non seulement sa personne, mais aussi tous les magistrats et derrière laquelle se dissimule une manœuvre visant à modifier les rapports de force au sein du CSM et rétablir un ancien procureur de la République dans son poste, selon ses dires.
Lors d’une conférence de presse tenue hier au siège du CSM à Tunis, le procureur général près la cour d’appel de Nabeul, a réagi suite aux accusations lancées contre lui par le président de l’AMT, Anas Hamadi, se concentrant à cet effet sur les affaires dans lesquelles sont impliqués le député Zouhair Makhlouf, l’homme d’affaires Mourad El-Khachine, le propriétaire d’une chaîne de télévision privée, Abdelhamid Ben Abdallah et la mutation du magistrat Ichraf Chebil, épouse du président de la République au tribunal de Sfax dans le cadre du mouvement annuel des juges.
«Depuis 2011, on est confronté aux même problèmes et on ne cesse de s’accuser mutuellement», a regretté Khaled Abbas. « Certains ignorent que porter ombrage à ma personne, c’est en quelque sorte causer un préjudice à tous les juges », explique-t-il, qualifiant les accusations portées contre lui de mensongères et de malintentionnées.
Khaled Abbas n’a pas manqué de manifester son étonnement quant au sort réservé aux diverses plaintes déposées à l’encontre du président de l’AMT puisqu’elles sont restées sans suite, allant jusqu’à mettre en doute les véritables raisons qui poussent Anas Hamadi à s’immiscer dans certains dossiers qui relèvent de l’indépendance de la justice, comme le stipule l’article 108 de la Constitution.
Réfutant et dénonçant la nature de ces accusations relatées par le président de l’AMT, Anas Hamadi, il a nié tout lien avec les personnes citées par ce dernier, à commencer par le député Zouhair Makhlouf, accusé d’atteinte aux mœurs et de harcèlement. La date de cette affaire sera fixée pour bientôt, a par ailleurs ajouté le conférencier. Quant à Mourad Khechine, il y a lieu de mentionner qu’il a été impliqué dans une affaire à Sousse. Toutefois, et suite à son arrestation dans sa maison à Nabeul par les forces de police, son avocat a déposé plainte pour l’enlèvement de son client. Une enquête a été ouverte à l’encontre du ministre de l’Intérieur à cette époque, Hichem Mechichi, selon les articles 237/250/251 du Code pénal pour atteinte à la liberté individuelle mais la plainte a été classée, souligne-t-il.
Pour ce qui est de l’accident de la route causé par l’homme d’affaires Abdelhamid Ben Abdallah et qui a coûté la vie à plusieurs personnes, Khaled Abbes a tenu à clarifier les choses en confirmant que c’est lui, en sa qualité de procureur général près la Cour d’appel de Nabeul, qui a émis un mandat de dépôt à l’encontre de l’accusé. Un mandat de recherche a été aussi lancé contre l’accusé. Toutes les mesures légales ont été donc prises pour ne pas étouffer cette affaire, dont un passage au peigne fin du véhicule de l’homme d’affaires en question.
Le cas Ichraf Chebil, pas de traitement de faveur
Concernant la mutation du magistrat Ichraf Chebil, épouse du président de la République, au tribunal de Sfax dans le cadre du mouvement annuel des juges, Khaled Abbes n’a pas tari d’éloges à l’endroit de cette dernière. Il a toutefois exclu tout traitement de faveur dans le contexte du mouvement annuel des juges et selon des critères bien précis, d’autant plus qu’elle n’a passé qu’une seule année au Kef. Il a ajouté que l’épouse du Président a déposé une demande dans laquelle elle s’est opposée à cette mutation. Le CSM va soumettre sa demande à l’examen dans les jours à venir. Le communiqué publié par l’AMT ne pourra en aucun cas influencer la décision du Conseil à ce propos, fait-il savoir.
Khaled Abbas a regretté la politique de deux poids deux mesures à son égard, soulignant à cet effet qu’il a déposé plainte auprès de l’inspection relevant du ministère de la Justice à l’encontre du président de l’AMT depuis un mois, mais il n’y a eu aucune suite à ce jour. «Je suis apolitique et je n’ai rien à me reprocher», a-t-il martelé. En guise de confirmation de ses paroles, deux communiqués ont été distribués lors de la conférence de presse datant de l’époque de Ben Ali. Les deux sont signés par Khaled Abbas en sa qualité de président de l’AMT, dont l’un est daté du 19 juillet 2001 et dans lequel Abbas exprime son total soutien à l’ancien juge feu Mokhtar Yahyaoui suite aux harcèlements qu’il a dû subir, et fustige le comportement du secrétaire général du RCD à cette époque à son égard.