Le Comar d’or cette année pour le roman de langue française a été décerné (au cours d’une cérémonie restreinte tenue le mardi 22 septembre 2020) à l’écrivain Samir Makhlouf. Artiste solitaire et peu bavard, l’auteur du roman primé «Merimus Infinitif», nous a accordé cet entretien.
Vous êtes architecte, plasticien, auteur de romans, quelle est la casquette qui vous sied le mieux ?
Je suis artiste tout simplement et c’est là que je me sens le mieux. Quel que soit le médium ou le support, il y a toujours au fond un désir de s’exprimer, une façon d’être et une façon particulière de poser des questions.
«Merminus Infinitif » qui vous a valu le Comar d’or est votre quatrième ouvrage, comment êtes-vous venu au roman ?
Depuis mon enfance, j’ai toujours aimé écrire et m’exprimer ainsi. Je ne viens pas de la littérature, en fait, je préfère dire que je viens de l’écriture en tant que pratique personnelle et instrument qui sert aussi à s’interroger. Les mots, les phrases, le sens du texte… tout cela constitue pour moi une matière que j’aime manipuler.
Le roman porte un titre étrange, est-ce que cela a un sens ?
Au fait, c’est un jeu de mots entre «terminus» et «mer». C’est une sorte de terminus qui se trouve en mer. C’est une explication qui se trouve très détaillée dans le livre… «Infinitif» signifie tout simplement qu’il n’a pas de fin. En fait, cela veut dire littéralement que c’est un terminus qui se trouve en mer et qui n’a pas de fin… Dans le roman, il s’agit d’un îlot aux Iles Kerkennah (Roumadiah) et c’est là que l’histoire s’achève. C’est l’histoire de 18 personnages dans un bus qui descend jusqu’au port. En parallèle, il y a un bateau de plaisance qui effectue une croisière en Méditerranée. A un moment donné, dès le début du roman, le bus et le bateau vont se «rencontrer» lors d’un accident. Il s’agit d’un roman décalé vers l’an 2050.
Il y avait une idée particulière à l’origine ?
Cette histoire n’est qu’un prétexte ! Ce qui m’intéresse au fait c’est de capter des moments particuliers, des émotions et des spatialités. C’est à travers ces éléments que j’invite le lecteur à s’installer dans un univers particulier.
Vous êtes plus connu comme artiste-peintre que romancier … Quel est le rapport de vos textes avec vos peintures ?
Dans toutes mes expositions, mes tableaux sont accompagnés d’un texte. Le lien existe déjà depuis longtemps. Ma première exposition date de 1991. En fait, qu’il s’agisse de littérature ou de peinture ce ne sont que des satellites de ma réflexion profonde. Une réflexion sur le fonctionnement de l’univers que j’ai commencée depuis une quarantaine d’années. Il s’agit d’une recherche scientifique pour la construction d’une théorie à laquelle j’ai consacré plusieurs années de ma vie. Cela n’a rien à voir avec l’artistique. Je suis en train de finaliser cette théorie, d’ailleurs. J’ai déjà écrit un premier tome intitulé «L’univers, un autre angle de vue» et il y a un autre tome prévu. La peinture et la littérature sont une façon d’expérimenter des choses à l’intérieur de cette théorie.