Suite à l’extension de pratiquement toutes les villes tunisiennes, des mutations urbaines et architecturales ont été relevées. De nouveaux quartiers ont été créés avec des immeubles de haut standing avec façades vitrées, des villas habillées de marbre. Cependant, le comportement du citoyen n’a pas changé à l’égard de son environnement. Ce qui a entraîné une image paradoxale entre le concept architectural luxueux et celui environnemental abîmé.
Beaucoup d’efforts ont été déployés par le secteur de la gestion des déchets ; à titre d’exemple, le ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire et l’Office national de l’assainissement ont été chargés depuis des décennies d’élaborer la politique de l’environnement au niveau national et de veiller à son application. En effet, ils ont élaboré des normes de traitement des déchets provenant des activités agricoles, industrielles, urbaines : investir dans des projets de lutte contre la pollution, réaliser des projets sur le traitement des ordures ménagères à l’intérieur des périmètres communaux, créer un programme national de gestion des déchets solides qui prévoit la réhabilitation ou la fermeture des décharges sauvages et la création de décharges contrôlées et de centres de transfert, réaliser des projets de tri sélectif, etc.
Malgré ces différentes initiatives, le taux de collecte n’atteint pas le taux de production des déchets par habitant et l’image urbaine est en train de se dégrader jour après jour.
Dans cet ordre d’idée et face à cette situation alarmante, M. Lassaâd Zouari s’est lancé dans l’entrepreneuriat et a créé une société de création artistique, de réalisation d’inventions écologiques, innovantes et environnementales.
Contacté lors de notre visite à la foire de l’immobilier aux Jardins d’El Menzah qui a été tenue du 23 au 27 septembre, notre interlocuteur a été exceptionnel et remarquable. Par opposition aux autres stands qui exposent des produits cohérents avec le thème de la foire, à savoir des projets immobiliers, L. Zouari expose des composteurs de belles formes et de couleurs attrayantes qui sont des cuves qui permettent de convertir et de valoriser les matières organiques (déchets ménagers, sous-produits de l’élevage…) en un produit hygiénique semblable à un terreau.
Très préoccupé par le développement durable, il a choisi d’être présent parmi les promoteurs immobiliers pour partager son rêve qui se résume dans la conciliation de l’art avec l’environnement pour remédier aux points noirs et les transformer en des zones lumineuses, propres et belles.
S’inspirant de son slogan «PUB-elle», L. Zouari a voulu passer à l’action pour proposer des solutions concrètes. Son message est très clair : «Investir dans un composteur, c’est investir dans le futur». Cette cuve métallique s’intègre parfaitement dans l’environnement grâce à son aspect esthétique et élégant que ce soit dans un coin d’un jardin, dans un patio d’un immeuble, ou dans une entreprise.
Le composteur : faire d’une pierre deux coups
Le composteur permet aux consommateurs de bénéficier d’un conteneur à matières organiques à partir de leurs propres déchets. Cette initiative a pour but d’atteindre deux objectifs avec une seule action : réduire les déchets et produire de la terre végétale pour les plantations des jardins privés ou publics. «C’est un bon geste pour l’environnement», a déclaré L. Zouari. «Ainsi, cette opération nous apprend la culture du tri, puisque dans le composteur, on jette tous nos déchets ménagers sauf bien sûr les plastiques et les matières dangereuses qu’on peut jeter dans les poubelles semi-enterrées ou l’ascenseur garde-poubelles ’’enterré’’ que j’ai également créés et qui sont une marque 100% tunisienne».
La période de compostage varie entre 45 et 60 jours et, entre-temps, on mélange les déchets à l’aide d’une la manivelle fixée au composteur pour faciliter sa rotation. La matière organique est décomposée par des micro-organismes, tels que les bactéries qui les transforment en éléments simples dont s’alimentent les végétaux. Les ordures organiques contiennent 70% de liquide. Celui-ci coule dans un récipient et on le mélange avec une quantité d’eau égale 5 fois plus sa quantité, il est très efficace pour fertiliser ou améliorer le sol. La dimension de ces composteurs varie selon le besoin (de 50 à 500 kg), de plus, ils ne dégagent pas de mauvaises odeurs. «Chaque citoyen produit une moyenne de 1.000 kg de déchets par an, imaginez, donc, combien de compost on peut produire et combien notre milieu naturel sera privé de tonnes de déchets qui auraient pu y échouer!», a ajouté Lassaâd Zouari.
Engager les médias pour protéger l’environnement
Malgré les initiatives proposées et les efforts fournis par l’Etat, ce dernier reste incapable de gérer ces quantités immenses d’ordures et de faire face aux revendications des citoyens pour la fermeture des dépotoirs qui nuisent à leur santé. Ainsi, on devrait faire participer le citoyen et le mobiliser afin qu’il joue un rôle en matière de développement durable. Dans cet ordre d’idée, la contribution des médias dans la promotion de l’environnement est primordiale, et ce, à travers la sensibilisation des populations à l’importance de la propreté, en les incitant à valoriser leurs déchets. En effet, «les émissions culinaires accaparent la part du lion au niveau du taux d’audience et l’animateur attire le spectateur par les différents produits exposés et les recettes préparées, mais il n’accorde aucune importance aux déchets jetés dans la poubelle. Un bon animateur devrait prendre en considération cette action de citoyenneté à travers la mise en place d’un composteur-maison et montrer comment il fonctionne ; de cette façon, il aide à sensibiliser les téléspectateurs à l’importance de la valorisation des déchets. C’est bien de manger, de préparer de bons plats, de vivre dans de belles maisons, mais pour clore ce confort, il faut, aussi, penser à préserver notre environnement et lui accorder un aspect esthétique», a conclu L. Zouari.
A noter, enfin, que M. Lassaâd Zouari organise chaque samedi de 10h00 à 13h00 un atelier de sensibilisation, de tri, de décompostage et de recyclage dans son centre culturel Rihet Lebled sis à Montfleury.