Le gouverneur de la BCT, Marouen El Abassi, a défendu la politique monétaire conduite depuis qu’il est à la tête de l’institution en 2018. Une politique qui a réussi, selon ses dires, à atteindre ses objectifs, principalement la maîtrise de l’inflation et la stabilisation du taux de change.
Marouane El Abassi a tenu, hier, une conférence de presse en ligne où il est revenu sur la décision du conseil d’administration de baisser le taux directeur de 50 points de base, le ramenant à 6,25%. Dans son intervention, il a également mis l’accent — indicateurs à l’appui — sur les résultats récoltés suite à la politique monétaire menée depuis 2018, à savoir la baisse de l’inflation et de l’inflation sous-jacente, la stabilisation du taux de change, la maîtrise du volume de refinancement et la baisse du déficit courant ramené à un taux record de 11,2%. «En 2018, l’inflation se situait à 9%. Aujourd’hui, elle est stabilisée à 5,4% et sur toute l’année 2020, elle sera de 5,6%», a-t-il argué.
Interpellé sur la baisse du taux directeur estimée par certains observateurs insuffisante, M. El Abassi a expliqué que le principal objectif de la BCT est de maintenir la stabilité des prix. Il a rappelé, dans ce contexte, que la décision de baisser le taux directeur dépend de plusieurs facteurs, notamment le niveau de l’inflation, tout en appelant à faire le parallèle avec des économies similaires.
Par ailleurs, le gouverneur de la BCT a fait savoir que le montant jusque-là collecté par les bureaux de change entrés en activité depuis 2019 s’établit à 1 milliard de dinars, soit environ 350 millions de dinars.
Préparer la relance
Evoquant la conjoncture économique difficile que traverse le pays, M. El Abassi a affirmé que dans ce contexte d’incertitude plombé par un déficit budgétaire colossal, une baisse importante des recettes mais aussi par un effondrement de la demande, “un effort de solidarité”, ainsi qu’une «utilisation efficiente des ressources où l’arbitrage doit être axé sur le secteur productif, s’imposent». «Nous n’avons pas les moyens pour confronter un déficit budgétaire colossal et un déficit de la demande. En matière d’économie politique, certains pensent que la BCT est isolée dans sa tour d’ivoire. On s’entretient, quotidiennement avec le ministère des Finances mais la BCT doit se consacrer à sa mission, qui est essentiellement la stabilité des prix. Aujourd’hui, il faut avoir un grand plan de relance économique et entamer les restructurations, notamment dans des secteurs privés comme le tourisme», a-t-il souligné.
Par ailleurs, il a mis l’accent sur l’importance de la consommation locale dans la période à venir, précisant qu’il y a eu une certaine dynamisation de plusieurs PME tunisiennes durant la période de confinement général, en raison de la baisse des importations.
S’exprimant sur la chute des recettes fiscales qu’on devrait observer en 2021, le gouverneur de la Banque centrale a affirmé que «c’est le moment de faire un grand plan d’inclusion financière». Il a rappelé dans ce contexte que la BCT s’est penchée, de concert avec le ministère des Technologies et les établissements financiers, sur le projet E-Wallet qui va permettre d’assurer le transfert cash au profit des ménages et de créer, ainsi, un espace fiscal. IDI