Accueil Société Lutte contre le décrochage scolaire: Quand l’école donne une 2e chance !

Lutte contre le décrochage scolaire: Quand l’école donne une 2e chance !


Le concept tunisien de la deuxième chance repose sur plusieurs axes majeurs, dont l’individualisation des parcours afin de répondre aux attentes des jeunes, l’encadrement, le soutien et le support à l’élève tout au long de son parcours, la facilitation de l’intégration sur le marché du travail…


En Tunisie, plus de 100.000 élèves quittent l’école chaque année. Seulement 60 à 70% des décrocheurs rejoignent un cursus éducatif ou professionnel complémentaire, alors que les 30.000 jeunes restants ne bénéficient pas d’une « deuxième chance ». Un chiffre qui fait froid dans le dos, surtout lorsque, on sait que ces enfants, ces jeunes Tunisiens, seront la victime de la manipulation, du chômage, de la délinquance, de la violence, de l’émigration illégale…Conscients de cette situation alarmante et de l’importance de la lutte contre la déscolarisation, plusieurs ministères se sont mobilisés pour prévenir l’abandon scolaire et faciliter le retour à l’éducation ou en formation professionnelle, avec en main un projet qui va donner une nouvelle chance aux jeunes pour continuer leurs études et prendre leur avenir en main, à savoir l’‘’Ecole de la deuxième chance’’.

Une deuxième chance pour pallier le décrochage scolaire

Khaled Bargaoui, responsable de projets à l’ambassade du Royaume-Uni en Tunisie, indique, dans une déclaration accordée au journal La Presse, que ce projet est né pour offrir une solution aux jeunes âgés de 12 à 18 ans qui sortent, chaque année, du système scolaire sans diplôme ni qualification et se retrouvent confrontés à la difficulté d’entrer dans le monde du travail. Soutenu par le gouvernement britannique et unicef, ce projet est le fruit d’une collaboration entre trois ministères, à savoir le ministère de l’Education, l’ancien ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi (aujourd’hui le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Intégration professionnelle) et le ministère des Affaires sociales.

«Ce projet est une plateforme d’information et d’orientation qui vise non seulement un retour à l’école, mais aussi à assurer la formation professionnelle pour ces adolescents ayant quitté l’enseignement prématurément et qui ont besoin de s’informer, de savoir quelles sont les différentes options que l’Etat tunisien peut leur offrir… et surtout de leur présenter une deuxième chance pour le retour à l’éducation ou à la formation professionnelle.

Dès son arrivée, chacun de ces jeunes passe par un “guichet unique“ d’accueil et d’accompagnement des adolescents où on lui assure une évaluation totale de sa situation pour identifier ses besoins, comprendre les raisons qui l’ont poussé à abandonner l’école, savoir s’il a besoin d’une formation avant sa réintégration… De ce faire, on peut identifier les besoins des jeunes qui vont suivre, par la suite, tout un cursus qui inclut et assure le suivi de l’enfant même après le retour à l’école », explique M. Bargaoui, ajoutant qu’au sein de ces centres de la deuxième chance, qui sont capables d’accueillir au moins 1.000 élèves par an, les jeunes continueront à suivre des formations ou des apprentissages pendant une période qui peut s’étaler sur 6 mois, sans compter les cas exceptionnels qui peuvent aller au-delà de 6 mois.

Des besoins selon

les spécificités

M. Bargaoui affirme qu’avant de lancer ce projet, un comité de pilotage a développé le système convenable au contexte tunisien. «Il ne s’agit pas d’une boîte de solutions prêtes que nous sommes en train d’appliquer. Il est vrai que nous avons été inspirés par d’autres modèles européens, méditerranés et arabes, mais tout en l’adaptant au contexte tunisien, tout en identifiant les problèmes rencontrés par nos jeunes et leurs besoins… Donc, le modèle tunisien est bien adapté aux propres besoins et spécificités du pays. C’est pourquoi ce projet a réuni plusieurs parties prenantes, à l’instar de l’Etat, du secteur privé, de la société civile, des parents, des élèves…», souligne-t-il.

Il est important de souligner à ce niveau que les parents ont été bien impliqués dans ce programme pour comprendre les besoins des jeunes et préparer le modèle convenable à ces enfants. Pour ce faire, un grand travail de communication et de sensibilisation a été effectué auprès des parents qui doivent accompagner leurs enfants lorsqu’ils viennent au centre.

Un choix bien réfléchi

Outre le centre de Bab El Khadra (situé au cœur de Tunis), dont les locaux ont été récemment inaugurés, le programme de la Deuxième Chance prévoit le lancement de trois autres centres; un à l’Ariana, le deuxième à Kairouan et le troisième à Gabès. Les différents centres pilotes devront ouvrir leurs portes avec une capacité maximale d’ici à 2021.

«Le choix de ces régions s’explique par plusieurs raisons. En effet, le comité de pilotage a fixé les termes de références qui englobent les conditions de choix. Pour le centre de Bab El Khadra, il répond aux besoins des jeunes : il est facile d’accès, puisqu’il est au cœur de la ville de Tunis, il est proche des centres de formation…Pour la région de Kairouan, c’est le gouvernorat qui enregistre le taux le plus élevé d’analphabétisme, de décrochage et de suicide des jeunes. Finalement pour le Sud, le choix est tombé sur la ville de Gabès. En cas de succès du programme, nous comptons sur la contribution des partenaires nationaux et internationaux pour couvrir d’autres régions», explique M. Bargaoui.

A une question sur les raisons de l’abandon scolaire en Tunisie, M. Bargaoui indique que le système de l’éducation en soi n’est pas assez attractif parce qu’il n’est pas focalisé sur les compétences des jeunes. Il est plutôt focalisé sur un curricula standard que tous les enfants suivent. Ce n’est pas un modèle personnalisé. Il y a aussi des raisons sociales derrière le décrochage scolaire. Il y a, également, la violence au sein des établissements scolaires, l’extrémisme et l’émigration illégale qui est à la fois une cause et un résultat de cette situation, puisqu’elle figure parmi les options offertes aux jeunes. «C’est pourquoi ce projet s’intègre dans le cadre de la réforme à long terme du secteur de l’éducation en Tunisie, qui place la lutte contre le décrochage scolaire comme une première priorité», affirme-t-il.

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