La Tunisie n’a pas beaucoup de ressources naturelles comme le pétrole et le gaz, mais dispose de compétences qui peuvent apporter le plus à l’économie nationale. Encore faut-il donner l’opportunité à ces ressources humaines, hautement qualifiées, de montrer leur savoir-faire dans divers domaines comme celui de la conception, de la réalisation de l’infrastructure de base, la construction et l’innovation.
Formés dans de prestigieuses universités ou des instituts technologiques supérieurs, ces cadres ne trouvent pas souvent de l’emploi, surtout après la suspension des recrutements dans la fonction publique et même dans les entreprises privées, frappées de plein fouet par la crise économique due au Covid-19. La seule alternative pour cette main-d’œuvre est de tenter d’émigrer pour mettre leur compétence à la disposition de grandes firmes internationales.
D’ailleurs, certains étudiants à l’étranger ne pensent jamais revenir au pays après leur formation et préfèrent rester dans le pays d’accueil qui leur offre un cadre de travail stimulant ainsi que des avantages et un salaire confortables. Pire, certains cadres opérant dans des institutions tunisiennes ont jugé bon d’émigrer pour améliorer leur situation sociale. C’est le cas, à titre d’exemple, des cadres médicaux, des ingénieurs et des enseignants. L’appauvrissement du pays en compétences confirmées et un signal grave qu’il faut contrecarrer en urgence.
L’économie tunisienne ne peut se remettre debout sans la conjugaison des efforts de toutes ses compétences qui doivent travailler ensemble pour améliorer l’infrastructure, développer notre industrie et offrir les meilleures prestations aux citoyens. Les cadres tunisiens sont pourtant sollicités par presque tous les pays. Ils ont fait leur preuve lors des missions en Afrique où plusieurs projets d’infrastructure ont été réalisés sous la conduite de délégations tunisiennes. Les raisons qui font fuir ces compétences ont trait essentiellement à l’aspect matériel qui reste faible dans notre pays et n’encourage pas les cadres à y rester. Dans les régions intérieures, la situation est encore pire, vu le manque d’équipements collectifs, des lieux de loisirs et de l’infrastructure de base.
Ainsi, plusieurs médecins et enseignants ne veulent pas tenter leur expérience dans ce milieu hostile et désert sans parler du salaire maigre qui ne reflète pas vraiment les ambitions de ces cadres. Ils sont plutôt tentés par les offres proposées par les pays européens et du Golfe qui promettent monts et merveilles, côté matériel et financier, ainsi qu’un salaire beaucoup plus intéressant que celui servi dans leur pays.