Accueil A la une Un homme trouve la mort dans la démolition d’un kiosque anarchique : Vives tensions, affrontements et échauffourées à Sbeïtla

Un homme trouve la mort dans la démolition d’un kiosque anarchique : Vives tensions, affrontements et échauffourées à Sbeïtla

Mardi tôt le matin, une tractopelle avance lentement vers un kiosque nouvellement bâti au stade de finitions. Sa construction remonte à moins d’un mois. Il a été bâti sur un domaine ferroviaire et sans autorisation. Abderrazek Khachnaoui, un ouvrier municipal employé comme gardien au parc municipal, dort paisiblement à l’intérieur d’un kiosque à tabac non encore fonctionnel. Il n’a pas entendu approcher l’engin démolisseur. Aux premiers coups de la pelle de démolition, l’édifice s’écroule. Un mélange de cris de douleurs et de fracas des débris déchire le silence nocturne. Une fois la poussière dispersée, la silhouette d’un homme gisant dans une mare de sang sous les gravats annonce le drame. L’irréparable s’est produit. Transporté d’urgence à l’hôpital, Abderrrazek Khachnaoui succombe à ses blessures.

L’information se répand comme une traînée de poudre. La ville se lève dès les premières lueurs du jour comme un seul homme en colère contre la survenue de cet accident de trop. Ils y voient une bavure. Les jeunes et moins jeunes investissent la rue. Prennent pour cible quelques postes de police et administrations publiques avant de vandaliser des commerces. On brûle les roues et on lance des pierres sur les policiers. La tension monte, la situation devient hors de contrôle. On demande des renforts sécuritaires, l’armée est déployée sur les sites sensibles.

Pourquoi cette mort, se demandent les habitants ? Etait-ce indispensable de démolir la nuit ? Quelle urgence y avait-il pour exécuter cet arrêté municipal ? Autant d’interrogations qui n’ont pas trouvé de réponse mais qui ont poussé les habitants dans la rue.

Une source de revenu

Dans cette ville défavorisée, où le chômage enregistre l’un des taux les plus élevés, un kiosque à tabac est une source de revenu qui pourrait générer l’équivalent d’un ou deux salaires moyens.

C’est aussi le « projet » le plus simple et qui ne nécessite pas un grand investissement. C’est pourquoi la ville en compte chaque jour plus. Ils poussent comme des champignons un peu partout. Abderrazek, le défunt, avait un fils au chômage. Il a demandé une autorisation pour ériger un kiosqueو mais en vain. Il prend alors son courage à deux mains et entreprend la construction du kiosque. Le problème est que le site choisi est un domaine ferroviaire. De plus sans autorisation, les travaux ont été vite repérés. La Sncft porte plainte. Un arrêté de démolition contre X a été émis par le maire de la ville et qui a été transmis au gouverneur pour en assurer l’exécution. Une équipe a été chargée d’appliquer la loi. L’horaire a été fixé à minuit. Mais d’après le maire de la ville, Faycel Rmili, qui s’exprimait hier sur IFM radio, il y avait eu une fuite qui serait parvenue à la famille du défunt. Ce qui expliquerait probablement sa présence à l’intérieur du kiosque la nuit du drame. Pourquoi lui ? Car il travaille à la municipalité depuis une trentaine d’années et connaît tous les agents. Il espérait peut-être les dissuader de démolir le kiosque.

On se tire dans les pattes

Ayant constaté la tournure dramatique des évènements, le maire de la ville de Sbeïtla a pointé un doigt accusateur vers le gouverneur de Kasserine. Il a assuré qu’il n’était pas au courant de l’horaire de la démolition et que ce sont des engins et des équipes relevant du gouvernorat qui ont assuré l’exécution. Pour sa part, le gouverneur de Kasserine a assuré dans un post que c’est le maire de Sbeïtla qui a insisté sur l’exécution et s’est même plaint de la non-collaboration de la police municipale. Le gouverneur Mohamed Semcha avait posté une conversation sur Whatsup avec le maire de Sbeïtla comme preuve.

Limogeages

Entre-temps, le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a décidé de démettre de leurs fonctions le gouverneur de Kasserine et le délégué de Sbeïtla, le chef du District de la sécurité nationale et le chef de la police municipale de Sbeïtla. Il a également chargé le ministre de l’Intérieur et le ministre des Affaires locales de se rendre à Sbeitla auprès de la famille du défunt.

Pour sa part, le porte-parole du tribunal de première instance de Kasserine, Riadh Nouaoui, a déclaré, à l’agence TAP, qu’une enquête a été ouverte pour homicide volontaire contre toute personne inculpée dans la mort, mardi, du citoyen originaire de Sbeïtla au moment de l’exécution des décisions de démolition des constructions anarchiques.

 

 

crédit Photo : @ Mohamed ZARROUKI
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