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Echanges commerciaux de la Tunisie | Les causes des faiblesses identifiées

Les échanges commerciaux de la Tunisie se caractérisent par plusieurs faiblesses, dans la mesure où notre couverture commerciale est déficitaire avec plusieurs pays avec lesquels nous avons conclu des accords commerciaux. D’où la nécessité de diversifier les produits exportables et faire preuve de solidarité au niveau du coût du transport et des campagnes promotionnelles.

Un long chemin reste à parcourir par les exportateurs afin d’atteindre la vitesse de croisière et améliorer un tant soit peu nos exportations. Car, d’après les indicateurs officiels relatifs  aux échanges commerciaux, la Tunisie demeure encore à la traîne pour diverses raisons. Ce problème est structurel dans la mesure où il est constaté chaque année malgré la bonne production de certains produits, comme l’huile d’olive, les agrumes pour ne prendre le cas que du secteur de l’agriculture.

Avec le Covid-19 et la récession de la demande mondiale, la situation s’est encore aggravée. Les exportateurs n’arrivent plus à vendre de grandes quantités de produits à des partenaires pourtant traditionnels, à savoir les pays de l’Union européenne. La Tunisie a l’ambition d’atteindre de nouvelles destinations lointaines et nouvelles, comme celles qui se trouvent dans les continents américain, asiatique et, bien sûr, africain. Au niveau de l’Europe, il existe encore des poches qui ne sont pas encore exploitées bien que les consommateurs s’intéressent aux produits fabriqués dans notre pays dans divers domaines comme ceux du textile-habillement, cuir et chaussures, industries alimentaires et agriculture et pêche.

Une pénétration timide dans le marché

D’après les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), publiés le 12 octobre 2020, les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants durant le mois de septembre 2020 sont plutôt moroses même si les exportations ont augmenté de 0,6% par rapport au même mois de l’année précédente (-10,1% en août). L’INS souligne que c’est la première fois depuis le mois de mars 2020 que le glissement annuel est positif. Les exportations ont rapporté ainsi  3504,6 MD contre 3484,6 MD en septembre 2019. Les exportateurs ont essayé d’exploiter toutes les opportunités offertes pour exporter plus. Mais au niveau de la prospection des marchés, qui exige un investissement lourd, du travail reste encore à faire. L’INS explique cette légère hausse d’une part par l’augmentation observée au niveau du secteur de l’agriculture et des industries agro-alimentaires de 64,1%, du secteur textile, habillement et cuir de 7,6% et du secteur des industries mécaniques et électriques de 7,5%.  Malgré ces hausses sensibles, nos exportations ne sont pas assez diversifiées. A titre d’exemple, dans le secteur agroalimentaire, c’est l’huile d’olive qui est souvent à l’origine de l’augmentation des exportations même si  la Tunisie dispose de plusieurs autres produits susceptibles d’intéresser les consommateurs de tous les pays du monde, comme les agrumes et les dattes. Pour les produits transformés (confiserie, biscuits et chocolat), il semble que les consommateurs européens préfèrent les produits fabriqués en UE à ceux fabriqués ailleurs. 

D’autre part, on a enregistré une baisse dans le secteur de l’énergie (-67,7%) et le secteur des mines, phosphate et dérivés (- 43%). Pour le phosphate, on comprend la régression sensible des exportations due notamment à l’arrêt de la production à un certain moment, suite aux mouvements sociaux qui ont paralysé la production, ce qui a amené la Tunisie à recourir au phosphate algérien pour honorer ses engagements avec les pays importateurs.

Coût du transport

L’accès aux marchés lointains, encouragé par les pouvoirs publics, n’est pas une mince affaire et nécessite un investissement assez lourd que les exportateurs ne sont pas en mesure de prendre en charge. La première et principale charge concerne le transport par avion ou par navire quand il s’agit de grandes quantités de produits. Un navire met une longue période pour livrer la marchandise qui doit arriver en bon état sous peine d’être refusée par l’importateur. Plusieurs compagnies et sociétés de navigation ont fait leur entrée dans le secteur et proposent des services de haut niveau, mais coûteux. Ces prix onéreux diminuent la compétitivité des exportateurs dont la marge de manœuvre au niveau des prix pratiqués se trouve, de ce fait, réduite. D’où la nécessité de trouver une solution radicale au niveau des prix de transport et des campagnes de promotion à organiser dans certains pays ciblés afin de vendre plus. Outre le Centre de promotion des exportations (Cepex) et le Fonds de promotion d’exportation, d’autres structures devraient mettre la main à la pâte pour financer aussi bien les campagnes promotionnelles que le transport, car les exportateurs et les sociétés de commerce international ne disposent pas assez, notamment en cette période de vaches maigres, de liquidités pour financer les exportations. De leur côté, les industriels sont appelés à diversifier davantage leurs produits exportables, en respectant les normes et standards internationaux en vigueur. La diversification des produits et des marchés permet de contourner les chocs économiques qui touchent parfois un groupement de pays et d’assurer un revenu régulier en devises. Mais cette diversification nécessite une étude approfondie pour savoir dans quels secteurs la Tunisie peut exceller et réussir. Et sur cette base, il serait possible d’investir dans des produits nouveaux et innovants qui ont de larges chances d’être commercialisés à large échelle. Par ailleurs, l’INS souligne aussi une baisse des importations de 19% par rapport au même mois de l’année 2019, soit -7,5% en août de cette année. En valeur, les importations ont atteint 4427,4 MD contre 5468,6 MD au cours du mois de septembre 2019. Cette baisse est due essentiellement au recul des achats de la Tunisie des produits énergétiques (-48,4%), des produits miniers et phosphatés (-35,2%), des biens d’équipement (-6,7%), des matières premières et semi-produits (-13,3%) et des biens de consommation (-13,7%). Des efforts sont à faire pour réduire d’autres produits superflus qui coûtent à l’Etat des sommes faramineuses en devises.

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