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Relance économique : Quelles sont les composantes ?

L’économiste et professeur à l’Université de Tunis, M. Tahar Al Almi, estime  que la baisse du taux directeur de 50 points de base, décidée récemment par la BCT, est faible, dans la mesure où  l’économie traverse une crise profonde qui va obliger l’institution à baisser davantage le taux directeur. Cette réduction non brutale et par étapes va induire un effet “d’anticipation rationnelle” chez les agents économiques.

Présentant le webinaire qui a été organisé, récemment, par l’Institut des hautes études de Tunis (Ihet), l’économiste et président de l’Institut africain d’Économie financière (Iaef), M. Tahar Al Almi, a annoncé que l’Ihet et l’Iaef  ont initié un plan de relance de  25 milliards de dinars, dont le modèle de financement repose sur l’émission d’un emprunt obligataire remboursable sur trois ans. Ledit plan s’étale sur trois ans de  2021 à 2023. “35% du  budget concerne l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise, 30% pour le développement de l’investissement public en infrastructure de base et en ressources d’énergies renouvelables plus respectueuses de l’environnement, 25% consacrés au soutien à l’emploi privé inclusif qui concerne, également, toutes les régions particulièrement malmenées par la crise et enfin 10% du budget, soit 2,5 milliards de dinars en soutien aux  couches les plus vulnérables”, a précisé M.Al Almi.

La dignité est avant tout stabilité de l’emploi et création de richesse

Le professeur a expliqué  que le plan vise à faire en sorte que l’économie ne s’effondre pas et que le sous-emploi n’explose pas à l’infini, par la création de 170 mille emplois. En ce qui concerne le  volet de la compétitivité, l’économiste a fait savoir que le plan inclut une réduction sur deux ans d’impôts, de contributions et de cotisations en guise de lutte contre le sous-emploi. Le deuxième volet est dédié à la cohésion sociale et régionale, a-t-il indiqué. Il intègre, dans ce sens, des investissements au niveau de la santé et de l’éducation, l’emploi des jeunes, via notamment des primes à l’embauche et des dégrèvements fiscaux. “Le nouveau gouvernement devrait ainsi ramener l’économie à ses niveaux d’avant la crise 2019, alors que le pays s’achemine vers la pire dépression qu’il a connue depuis l’Indépendance”, a-t-il noté.  Evoquant les revendications des citoyens lors des mouvements du 14 janvier 2011, M. Al Almi a rappelé que “le Tunisien voulait la dignité”. Il a expliqué, à cet égard, que la dignité, en termes économiques, a deux facettes, à savoir la stabilité de l’emploi et le pouvoir d’achat dont l’amélioration ne peut avoir lieu qu’en créant de la richesse. “ Le pouvoir d’achat, c’est-à-dire le revenu. Il faut créer des richesses, produire pour avoir des revenus mais produire dans les moindres coûts, c’est-à-dire réduire les tensions inflationnistes”, a-t-il précisé.

Et l’économiste d’expliquer que l’inflation en Tunisie ne peut pas être d’origine monétaire, dans la mesure où l’économie est en sous-capacité. “Toutes les études menées, même en Tunisie, montrent qu’il y a une loi obsolète d’ailleurs qui ne fonctionne pas, qui est  la relation entre les liquidités, la monnaie et l’inflation dans une économie en sous-capacité, ce qui est le cas en Tunisie. Bien sûr, quand on est dans un régime de plein emploi, l’inflation est d’origine, notamment, monétaire. Il y a ici un sous-emploi très important, la moitié de la population est en sous-emploi et le chômage est de l’ordre de 18% (un chiffre qui inclut seulement les gens qui sont inscrits à l’agence de l’emploi)”, a-t-il affirmé.

Une baisse faible du taux directeur de la BCT 

Intervenant sur le sujet de la BCT et le rôle qu’elle peut jouer dans la relance, M. Al Almi a considéré que la BCT est dans une situation délicate, étant “coincée entre le marteau et l’enclume” et que tout le monde est en train “de tirer sur l’ambulance”. Il a rappelé, à cet égard, qu’au cas où l’institution financière injecte un excédent de liquidités dans une économie en crise, ce surplus va profiter aux marchés informels ainsi qu’à la spéculation foncière et immobilière et ne servira pas à dynamiser l’entreprise qui, pour des raisons structurelles, ne peut pas bouger. En revanche, le professeur a estimé que la baisse du taux directeur de 50 points de base qui a été, récemment, décidée par la BCT est faible, étant donné que l’économie traverse une crise profonde et qu’à terme, la BCT va être obligée de  baisser davantage le taux directeur. En effet, cette réduction non brutale et par étapes va induire un effet d’anticipation, connue sous le nom “d’anticipation rationnelle” chez les agents économiques, ce qui va ralentir encore la dynamisation de l’économie.

Par ailleurs, M. Al Almi a fait savoir que la Tunisie doit travailler avec le FMI, surtout que l’institution financière a tout récemment émis “un message positif” indiquant l’impératif de la restructuration de la dette de la Tunisie.   

Dans le même ordre d’idées, le journaliste économique, Chokri Gharbi, a souligné que la relance économique est tributaire du soutien financier apporté par l’Etat aux entreprises en difficulté. Il a également mis l’accent sur l’importance d’instaurer la paix sociale pour éviter les arrêts de travail répétitifs dans les sites de production, notamment minière et pétrolière, tout en mettant en exergue le rôle de l’amélioration aussi bien des exportations que de la compétitivité du site Tunisie en termes d’investissement.

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