Le décret gouvernemental relatif à l’échange électronique de données entre les différentes structures administratives vient d’être publié dans le Journal officiel de la République tunisienne (Jort).
En cette période difficile de crise non seulement sanitaire, mais aussi économique, la digitalisation de l’administration, défi ancien, mais toujours d’actualité dans les économies émergentes comme la nôtre, n’est plus un choix. C’est un passage obligé, puisqu’elle s’est imposée à tous les services pour devenir la clé afin de continuer d’exister.
Une transformation irréversible
Imed Hanana, président de l’Association tunisienne pour l’intelligence artificielle (Atia) et membre de l’Unité de recherche scientifique «Transition numérique et digitale» à l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites), indique qu’après des années de retard non négligeable, la crise du Covid-19 a poussé l’administration publique à revoir sa manière de procéder et à prendre le train de la digitalisation, tout en passant la vitesse supérieure. Ainsi, et afin de répondre aux attentes des citoyens et consacrer leur droit à des prestations administratives de qualité, tout en confortant le rôle de l’administration publique, la digitalisation doit se développer dans l’ensemble des domaines d’intervention publics; l’éducation, la santé, la sécurité nationale… permettant, ainsi, de donner plus d’efficacité et de rapidité à l’administration.
«Dans ce contexte marqué par cette crise sanitaire sans précédent, les bonnes nouvelles ne manquent pas. Avec le décret gouvernemental n°2020-777 du 5 octobre 2020, qui entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2021, on a, bel et bien, réussi à jeter les bases de l’administration électronique (e-administration). Donc, aujourd’hui, on ne peut plus revenir en arrière, puisque cette transformation numérique est irréversible… Dorénavant, fini les longues files d’attente devant les guichets et fini la paperasse administrative (extrait de naissance, copie conforme, copie légalisée et beaucoup d’autres) qui ne seront que des souvenirs… A partir de janvier 2021, il sera possible de déposer ces papiers et entretenir ces échanges avec l’administration en question en ligne et par e-mail aussi…», explique M.Hanana, dans une déclaration accordée à La Presse.
Il ajoute que ce décret gouvernemental contient et fixe des règlements détaillés relatifs aux conditions, modalités et procédures régissant l’échange électronique des données entre les structures publiques et leurs usagers, et entre les structures elles-mêmes. Ces dernières doivent, dans l’exercice de leurs missions, recourir à l’échange électronique (messagerie) entre elles, et entre elles et leurs usagers.
Est-ce suffisant ?
M.Hanana affirme que la transformation numérique au sein de l’administration est une occasion réelle pour le service public de rétablir la confiance des usagers. Cette réglementation nationale ouverte à l’innovation est aussi l’occasion pour créer une dynamique dans l’écosystème digital, grâce à une infrastructure informatique solide, sécurisée, accessible et réactive. Mais c’est toujours insuffisant dans ce contexte particulier qui nécessite un e-gouvernement efficace, sécurisé et perenne, capable d’améliorer la qualité de la vie du citoyen. A titre d’exemple, il existe beaucoup de choses à faire en matière d’e-Santé. Pour ce faire, il faut accélérer la publication des textes réglementaires relatifs à l’utilisation de la télémédecine et la téléconsultation, ce qui va réduire considérablement la longue file d’attente dans nos hôpitaux.
Sur un autre plan, la Tunisie doit passer au paiement mobile «m-Payment» qui présente de nombreux avantages…D’où la nécessité de publier de nouvelles lois capables de faciliter au citoyen le paiement via un smartphone directement, à partir de son solde ou de son compte virtuel «Wallet»…
«Aujourd’hui, chaque citoyen doit être capable de payer sa facture facilement sans utiliser des billets et pièces de monnaie, vecteurs de propagation du virus… Tout cela sans oublier que le paiement mobile permettra aussi l’inclusion socioéconomique des familles vulnérables et défavorisées qui ne possèdent pas un compte ou une carte bancaire», souligne-t-il. Pour conclure, M.Hanana affirme que ce nouveau décret gouvernemental est un grand pas vers l’e-administration, à saluer à sa juste valeur, dans l’attente de nouveaux projets, comme le m-Payment (PayPal), l’e-Santé (télémédecine, téléconsultation), l’e-Services, l’e-Business…, dans l’attente de la transition numérique de l’Etat.