• Agé de 21 ans seulement, le présumé auteur aurait quitté le pays irrégulièrement
• «Ce n’est pas une colère contre la religion, mais contre ces gens», commente l’une des personnes à proximité de la basilique Notre-Dame à Nice
La mère de l’auteur de cet acte barbare explique que son fils avait programmé de regagner illégalement l’Italie pour y travailler, ajoutant qu’il a commencé à faire la prière depuis deux ans sans aucun changement de comportement perceptible qui confirmerait son éventuelle radicalisation. Son frère soulignera qu’il a reçu un coup de téléphone de la part de l’assaillant lui signifiant qu’il est en France «en quête de travail».
Agé de 21 ans seulement, le Tunisien identifié comme auteur de l’attentat terroriste n’était pas connu des services de la lutte antiterroriste. Des documents trouvés sur lui, délivrés par la Croix-Rouge, attestent qu’il était en situation irrégulière. Il était arrivé à l’île de Lampedusa le 14 septembre dernier via une embarcation clandestine et avait été visé par une obligation de quitter le territoire italien avant sa libération. Une obligation dont il ne tiendra pas compte puisqu’il avait planifié un autre plan morbide. En effet, de la ville de Bari en Italie, il a rejoint Nice en France le 29 octobre. Très tôt le matin, les caméras de surveillance dans la gare de Nice révèlent sa présence en train de changer ses vêtements pour se rendre tout de suite après à la Basilique de Notre-Dame où il a commis son crime abject à l’aide d’un couteau. Trois personnes venues se recueillir à l’intérieur de ce lieu sacré ont payé le prix de la bêtise humaine et de l’obscurantisme.
Radicalisé en bas âge ?
Natif de la ville de Bouhajla, Kairouan, le présumé auteur de cet acte terroriste, Ibrahim Mohamed Salah Issaoui, résidait à Sfax au quartier Ennasr avec sa famille. Il n’était pas fiché S par les services spécialisés de la lutte antiterroriste dans notre pays, mais ils sont nombreux à échapper à la vigilance de nos services après la révolution et ils sont nombreux aussi à basculer rapidement et discrètement dans la radicalisation, que ce soit par le truchement d’un prêche incendiaire, des réseaux sociaux ou grâce à un influenceur fondamentaliste. Les informations se contredisent quant à sa radicalisation par le groupe Ansar Acharia, toléré depuis la révolution de 2011 et classé comme étant une organisation terroriste en 2013 suite aux assassinats politiques perpétrés contre les deux martyrs Belaïd et Brahmi. L’auteur n’avait que 12 ans à cette date.
Mais l’acte ne peut qu’être prémédité mais aussi calculé puisqu’il a été perpétré à l’intérieur d’un haut lieu saint avant les célébrations religieuses de la Toussaint en France. Le dispositif sécuritaire a été par ailleurs renforcé suite aux menaces proférées contre la France par l’une des organisations proches d’Al-Qaida.
Colères et tensions
Par ailleurs, un quadragénaire a été interpellé à Nice et placé en garde à vue. Il est soupçonné d’avoir eu des contacts avec l’assaillant la veille de l’attaque au couteau. L’auteur de l’acte terroriste aurait-il été réellement embrigadé en Tunisie ?
L’enquête en cours le prouvera.
«Ce n’est pas une colère contre la religion, mais contre ces gens», commente l’une des personnes à proximité de la basilique Notre-Dame à Nice, mais la colère et la tension sont perceptibles sur les réseaux sociaux et les médias d’autant plus que ce n’est pas le premier attentat terroriste commis à Nice. Le maire de cette ville, Christian Estrosi, ne mâche pas ses mots. «Il est temps que l’on fasse fi des armes de la paix pour passer à celles de la guerre», a-t-il estimé sur les ondes de France Inter. Aussi bien les fondamentalistes religieux que la droite et l’extrême droite peuvent se frotter les mains.
En juillet 2016, une attaque terroriste islamiste au camion-bélier dont l’auteur n’était autre que le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, originaire de M’saken, âgé de 31 ans, a fait 86 morts et plus de 450 blessés.
Certes, la Tunisie a condamné fermement cet acte barbare tout en annonçant l’ouverture d’une enquête, mais ce qui fait le plus mal c’est l’ombrage porté à l’islam et aux Tunisiens qui résident à l’étranger.
crédit photos : © Abdelfetah BELAÏD