Par Anis SOUADI

La Tunisie, grâce à sa position géographique, la qualification de ses ressources humaines, mais aussi avec moins de complexité administrative et plus de diplomatie économique, pourrait facilement relever l’enjeu de l’exportation.

Le commerce extérieur,  comme tous les secteurs d’ailleurs, n’a pas pu résister à la crise sanitaire. Le ralentissement a été ainsi significatif avec des baisses importantes de plus de 16% pour les exportations et environ 21% pour les importations. Et ce sont les activités stratégiques qui ont été le plus touchées: l’énergie, le textile-habillement et les industries mécaniques et électriques.

Il faut reconnaître toutefois que les raisons des  contre-performances du commerce extérieur, notamment au niveau des exportations,  ne sont pas propres uniquement  à la crise sanitaire mais cela remonte à plus loin.

Depuis plus de dix ans déjà, ce secteur stratégique a commencé à émettre régulièrement des signes d’essoufflement et à se montrer de moins en moins réactif en raison d’un ensemble de défaillances structurelles.

Le cadre réglementaire, les réseaux de distribution et l’offre elle-même ne sont plus en mesure de répondre aux attentes d’un marché international de plus en plus complexe et exigeant.

Les premiers responsables n’ont pas réussi également à développer de nouvelles approches, ou plutôt de nouveaux régimes en mesure de mieux servir l’export.

Et c’est surtout vers la réexportation que les regards de nos décideurs devraient être orientés. Cette technique a toujours démontré son efficacité, notamment pour les pays en mal de production et encore plus en mal de ressources et de richesses.

Cette technique consiste à exporter à destination d’un pays une marchandise précédemment importée d’un autre. C’est en quelque sorte un commerce de transit qui a le mérite de faire du  pays utilisateur un Etat-entrepôt. Il a aussi le mérite de créer toute une dynamique de fonctions et de services.

Selon certains experts, la réexportation permet justement «de disposer d’un stock de marchandises qu’on peut utiliser au fur et à mesure des besoins». Elle permet également «aux entreprises d’importer des marchandises tierces et de les transformer en produits finis pour les exporter tout de suite après. Et même de les réparer et de les  perfectionner».

Ce qui donne plus de solidité à ce régime, c’est surtout l’importance des avantages accordés aux pays concernés, comme la suspension sinon l’exonération totale de certaines taxes ou encore l’application de mesures administratives et financières préférentielles.

Certains pays ont axé totalement leur politique de développement économique sur la réexportation. Et les résultats sont aujourd’hui impressionnants. C’est le cas, par exemple, du Bénin et du Cameroun.

Mais c’est  plus particulièrement le cas de Dubaï qui est le plus significatif. En effet, faute de ressources pétrolières importantes (production d’environ 200 000 barils par jour, soit un apport au PIB de 7%), Dubaï a fait du commerce de transit le fondement de sa politique économique. Aujourd’hui, cette région est considérée comme le nouveau centre commercial international. Elle se présente même comme le pont en relais de l’économie mondiale.

Les dernières statistiques relèvent justement qu’environ 65% des exportations de Dubaï  sont assurées par le secteur non pétrolier et la réexportation. En 1990, ce taux était de 29% seulement. L’écart est assez significatif pour qu’il soit négligé.

Morale de l’histoire : la Tunisie, grâce à sa position géographique, la qualification de ses ressources humaines mais aussi avec moins de complexité administrative et plus de diplomatie économique pourrait facilement relever l’enjeu de l’exportation.

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