8e ouvrage publié de l’universitaire et écrivain Alfonso Campisi, et 1er roman, «Terres promises» est un bond dans le temps, dans une période post-Seconde Guerre mondiale. Le roman relate le parcours d’un groupe de Siciliennes, qui ont migré de leur terre natale «La Sicile» vers la Tunisie à la recherche d’une vie meilleure.
Ce livre a vu le jour dans le projet de «La mémoire des Siciliens de Tunisie», un projet engagé qui a été entamé depuis plus de 20 ans et qui traite, entre autres, de la migration sicilienne entre le XIXe et le XXe siècles. «Terres promises» au pluriel : quelles sont ces «Terres promises», et pour qui le sont-elles ?
L’héroïne de ce roman est une femme battante, méditerranéenne, sicilienne, qui part de sa petite île natale avec d’autres femmes vers la Tunisie en 1944-1945, dans une période où la Sicile avait été totalement détruite.
Les hommes siciliens étaient déjà partis bien avant. Sur place, et à cette époque-là, les femmes tenaient davantage les rênes que les hommes : elles devaient survivre, subvenir à leurs besoins, tenir des foyers, travailler et s’occuper des enfants.
Comme dans la plupart des mouvements migratoires, les hommes partent, rejoints plus tard par les femmes et les enfants. Les femmes régnaient sur l’île en cette période jusqu’à ce qu’elles décident de rompre tous les préjugés, les idées reçues et ces regards de soumission liés à la femme, en partant à la recherche d’un avenir meilleur… en Tunisie.
Le groupe prend le large, guidé par Ilaria, femme sicilienne. Cette dernière se pose beaucoup de questions : elle est instruite, et influencée par les mouvements de gauche de l’époque. Pourquoi immigrer ? Pourquoi devons-nous chercher à survivre ailleurs ? Des interrogations d’ordre culturel, politique, religieux sont étalées et se bousculent. Des sujets qui s’ouvrent sur plusieurs axes avec de nombreuses connotations historiques.
Pourquoi plusieurs «Terres Promises» ?
«Il y en a deux, en effet : l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud», déclare l’auteur. «L’héroïne tombe amoureuse d’un Français d’origine italienne en Tunisie. C’est son chef au sein d’une entreprise dans laquelle elle a travaillé, quand elle est arrivée. Plus tard, il décide de partir en Afrique du Sud, une autre Terre promise, secouée par l’apartheid et Nelson Mandela. Cette image de femme, battante, engagée est très présente dans ce roman. Nos femmes méditerranéennes sont heureusement des femmes fortes, résistantes, qui ont tenu des sociétés foncièrement matriarcales, au final.
En Tunisie ou en Sicile, c’est la femme qui gère l’économie, l’éducation des enfants, son mari… La figure maternelle a été très présente dans notre histoire commune, et c’est ce que j’ai appuyé dans ce roman», conclut, enthousiaste, Alfonso Campisi.
Crédit photos : Belhassen Lassoued