Un doigt accusateur est pointé aujourd’hui vers certaines cliniques privées accusées de profiter de la souffrance des malades touchés par la pandémie de Covid-19 pour gonfler la facture et se sucrer confortablement à leur insu. On parle de sommes astronomiques déboursées par des familles et qui oscillent entre dix mille et cent mille dinars. En voulant hospitaliser leur proche atteint de coronavirus à la clinique plutôt qu’à l’hôpital, des citoyens assistent, en effet, impuissants à la prise en otage des malades par des établissements hospitaliers privés sans scrupules pour qui la pandémie de Covid-19 s’est transformée en un commerce juteux qui rapporte beaucoup d’argent aux cliniciens. Quant aux familles et aux proches des malades hospitalisés dans ces établissements, ils se retrouvent entraînés rapidement dans une spirale infernale de frais exorbitants qui augmentent au fur et à mesure que la période d’hospitalisation se prolonge. Tout est facturé dans les moindres détails : lit de réanimation, bouteille d’oxygène, intubation artificielle…
M.A en a fait les frais. Tout a basculé pour ce jeune restaurateur, âgé d’une trentaine d’années, le jour où sa mère, une septuagénaire souffrant de diabète, a vu son état de santé se détériorer brusquement suite à l’augmentation brutale de son taux de sucre dans le sang. Les conditions catastrophiques de prise en charge des malades dans l’hôpital de la région (Menzel Bourguiba) le poussent à opter pour une clinique privée de la ville de Bizerte où elle est hospitalisée dans un état semi-comateux. Dès son admission dans l’établissement, alors que l’administration exige un chèque de garantie de 28 mille dinars au jeune restaurateur, le personnel médical s’empresse d’effectuer un test à la malade pour voir si elle est contaminée ou non par le coronavirus et qui, rappelons-le, est tombée dans les pommes suite à une perturbation de sa glycémie. Ce personnel décide par la suite de compléter le diagnostic par un scanner et informe le jeune homme que l’examen a montré que sa mère présente des atteintes pulmonaires dues au SARS-COv2, en s’abstenant toutefois de lui montrer les résultats du rapport du scanner et du PCR.
La période d’hospitalisation se prolonge et des jours durant, ce dernier ne verra plus sa mère qui est hospitalisée dans le service de réanimation où elle est plongée dans un coma artificiel et mise sous respirateur. L’administration justifie l’augmentation constante des frais d’hospitalisation par les soins, les ressources et les équipements qui sont mobilisés au quotidien, pour la prise en charge de la malade et dont le coût est élevé. Au bout de vingt-trois jours, la facture Covid a fini par atteindre la somme astronomique de 65 mille dinars. Abattu, le restaurateur s’inquiète aujourd’hui non seulement pour l’état de santé de sa mère dont il ignore si elle est ou non réellement atteinte de coronavirus — il n’a toujours pas reçu les résultats PCR de sa mère — mais également des frais exorbitants générés par son hospitalisation et qui ne semblent pas vouloir prendre fin.