Les événements du Kamour ont montré que le développement régional est plus qu’une priorité, une urgence. Les contestataires, pour faire entendre leur voix, ont passé à l’action en fermant la vanne de pétrole, ce qui a causé un manque à gagner énorme pour l’Etat qui se saigne aux quatre veines à la recherche d’un crédit bonifié sur le marché financier international. Enfin, les protestataires ont eu gain de cause après des réunions avec le gouvernement qui a pris plusieurs décisions — que l’on espère durables — en leur faveur.
Auparavant, les habitants de Gafsa ont agi presque de la même façon empêchant la production du phosphate, ce qui a amené la Tunisie à s’approvisionner de l’Algérie pour pouvoir honorer ses engagements internationaux. D’autres régions veulent imiter ces exemples pour obliger les autorités publiques à se pencher sur leur cas et à concrétiser des mesures pratiques pour faire travailler ces chômeurs, en premier lieu, et assurer le développement de la région.
Récemment, les habitants du Kef sont sortis dans la rue pour réclamer, eux aussi, leur part dans le développement non pas par des promesses mais des projets concrets et réalisables dans des délais précis. Cette façon de procéder ,en l’occurrence arrêter la fonction des vannes ou empêcher la production, est nouvelle. Par le passé, les protestataires se sont contentés de faire des manifestations dans la rue exigeant la rencontre d’un représentant du gouvernement. C’est dire que le développement régional constitue, aujourd’hui, un impératif que le gouvernement doit prendre en compte dans ses programmes à court terme.
Les habitants à l’intérieur du pays ne peuvent et ne veulent plus attendre encore des années pour voir leur région se moderniser et la création de nouveaux projets capables de générer des postes d’emploi décents. De génération en génération, les habitants assistent, impuissants, à la dégradation de leur cadre de vie et leur situation professionnelle. Le temps est venu pour donner à chaque région sa part de développement et de croissance.
Encore faut-il trouver le financement nécessaire (des milliards de dinars) pour atteindre ces objectifs ambitieux. L’Etat a promis en tout cas d’entamer le traitement des dossiers relatifs au développement dans toutes les régions car il n’est pas concevable qu’une région bénéficie de ses avantages sous la pression alors que d’autres en sont privées. Désormais, il faut changer de procédé et de technique pour obtenir des avantages de l’Etat en recourant à l’arrêt des vannes ou de la production car cela coûte beaucoup à la collectivité publique. L’idéal serait d’ouvrir les canaux de négociation entre la région, représentée par la société civile et les autorités publiques, pour définir les projets urgents à réaliser selon un calendrier de priorités. Autrement, la Tunisie entrera dans un gouffre noir qui ne peut aboutir qu’au désastre social et économique.